Afghanistan : ce que l'on sait de l'attentat revendiqué par Daech à l'aéroport de Kaboul

F.S. avec AFP
Publié le 27 août 2021 à 10h34, mis à jour le 28 août 2021 à 11h52

Source : TF1 Info

ATTENTAT - Deux explosions ont eu lieu ce jeudi à l'aéroport de Kaboul, près d'une entrée, puis au niveau d'un hôtel. L'attaque a été revendiquée par l'État islamique, que les autorités américaines menacent de représailles.

Un attentat décrit comme "complexe" a frappé Kaboul jeudi en fin de journée, quelques heures après des messages d'alerte des autorités américaines qui redoutaient une attaque. Deux responsables sanitaires de l'ancienne administration afghane ont indiqué à l'AFP, samedi 29 août, qu'environ 90 personnes amenées dans des hôpitaux de Kaboul étaient décédées, et 150 blessées. Certains médias locaux ont fait état d'un bilan de 170 morts.

Une première explosion s'est produite près de la porte d'Abbey - l'un des accès principaux à l'aéroport, selon une source militaire américaine. L'information a été confirmée par plusieurs sources sur le terrain, dont l'ambassadeur français en Afghanistan. Une deuxième explosion est ensuite advenue, vraisemblablement au niveau de l'hôtel Baron, où siège la délégation britannique en Afghanistan, non loin de la même porte d'accès à l'enceinte de l'aéroport. 

Cet attentat-suicide a été perpétré par un seul auteur, a précisé ce vendredi le général américain Hank Taylor, alors que le Pentagone avait dans un premier temps fait état de deux explosions.

"À nos proches : aucun soldat, policier ou diplomate français n’avait été engagé aujourd’hui à Abbey Gate", a précisé sur Twitter David Martinon. Dans la foulée, le président français Emmanuel Macron a annoncé que l'ambassadeur sera prochainement rapatrié, "compte tenu des questions de sécurité", pour opérer depuis Paris d’ici à quelques jours.

Cet attentat a été revendiqué par la branche afghane du groupe État islamique. Un peu plus tard dans la soirée, vers minuit, une troisième explosion s'est fait entendre dans la ville. Les causes de cette dernière restaient encore inconnues.

Plusieurs militaires américains tués ou blessés

Lors d'une conférence de presse, le général américain Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain en charge de l'Afghanistan, a donné de premiers éléments d'explication concernant cette double explosion. "Deux jihadistes considérés comme appartenant à l'EI se sont fait sauter à Abbey Gate, suivis par des jihadistes de l'EI armés qui ont fait feu sur les civils et les militaires", a-t-il précisé. 

Le général Kenneth McKenzie a parlé d'"une journée sombre", avec 13 soldats américains tués dans cette attaque et 18 blessés.

Les talibans condamnent l'attentat dans une zone "sous surveillance américaine"

Les talibans ont condamné l'attentat survenu tout en renvoyant la responsabilité de la surveillance de l'aéroport aux Américains. "L'Émirat islamique condamne fermement les attentats à la bombe ayant visé  des civils à l'aéroport", a indiqué sur Twitter Zabihullah Mujahid. "L'explosion a eu lieu dans une zone où les forces américaines sont  responsables de la sécurité."

Un secteur en alerte

Dans la nuit, les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni avaient émis simultanément des mises en garde très précises et presque identiques sur des menaces d'"attentat terroriste" dans la zone de l'aéroport, à l'approche de la date butoir prévue pour le retrait des forces américaines d'Afghanistan, le 31 août.

Les personnes "se trouvant actuellement aux entrées Abbey, Est et Nord devraient partir immédiatement", avait indiqué Washington en invoquant des "menaces sécuritaires", après que le président Joe Biden eut déjà évoqué mardi la possibilité d'un attentat du groupe djihadiste État Islamique (EI), rival des talibans en Afghanistan ces dernières années.

En dépit de la situation très volatile, la France espère encore évacuer "plusieurs centaines" de personnes d'Afghanistan, a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant que Paris faisait tout pour y arriver, mais sans garantie en raison de la situation sécuritaire "extrêmement tendue" à l'aéroport de Kaboul. 

Depuis douze jours, et la prise de Kaboul par les talibans, des milliers d'Afghans se sont rendus à l'aéroport dans l'espoir d'échapper aux nouveaux maîtres du pays. Un gigantesque pont aérien a été mis en place depuis le 14 août, pour évacuer les ressortissants occidentaux ainsi que leurs alliés afghans que l'arrivée des talibans met le plus en danger.

Une frappe américaine en riposte

Les États-Unis ont mené samedi une frappe de drone contre une cible du groupe État islamique en Afghanistan, au moment où le pont aérien à l'aéroport de Kaboul entre dans sa phase finale sous une tension extrême, avec le risque persistant de nouveaux attentats.

"La frappe aérienne sans pilote s'est produite dans la province de Nangarhar en Afghanistan. Selon les premières indications, nous avons tué la cible", a précisé dans un communiqué Bill Urban, du commandement central, disant n'avoir connaissance "d'aucune victime civile". Cette frappe, lancée depuis l'extérieur de l'Afghanistan, est la première de l'armée américaine depuis l'attentat survenu jeudi à l'aéroport de Kaboul.


F.S. avec AFP

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