"On ne peut pas les abandonner" : la fondatrice française d’une école à Kaboul témoigne

Publié le 20 août 2021 à 16h41

Source : JT 13h Semaine

AFGHANISTAN - Rentrée en France cet été pour la publication d'un livre, Ariane Hiriart suit avec effroi la prise de pouvoir des talibans à Kaboul. Fondatrice de l'ONG "Pélican" qui scolarise 400 élèves dans la capitale afghane, elle se démène pour rapatrier les institutrices avec qui elle travaille. Très touchée, elle s'est confiée à TF1.

Une période douloureuse. Revenue dans l'Hexagone le temps d'organiser la publication de son livre, Ariane Hiriart a assisté avec horreur et stupéfaction au retour au pouvoir des talibans à Kaboul. Il y a 20 ans, cette Française était partie en Afghanistan pour fonder une école pour les femmes et les enfants. Aujourd'hui, elle craint pour la vie des 400 élèves scolarisés dans sa structure et celle du personnel enseignant avec qui elle travaille. 

Des hommes, des femmes et des enfants qu’elle a l’impression d’avoir abandonnés. "Tous les jours, je reçois des mails ou des WhatsApp affolés. Quand on aime les gens, on ne peut pas les abandonner comme ça", lâche-t-elle d'une voix brisée par la tristesse. 

"Elles veulent absolument sortir de cet enfer"

En contact avec la cellule de crise du Quai d'Orsay, elle fait tout pour évacuer les institutrices et les membres de son équipe, en grave danger de mort. "Elles m’ont envoyé ça hier. C’est une partie des institutrices", raconte-t-elle en montrant que le tchador s'impose désormais à toutes. "Elles veulent absolument sortir de cet enfer. J’ai beaucoup de mal à les reconnaître", ajoute-t-elle.

Se sentant impuissante, elle ne croit absolument pas que les talibans aient changé. "Les talibans disent qu’ils vont chercher les filles pour les transformer en esclaves sexuels. Je n’arrive pas à accepter cela", tonne-t-elle. "Dans tous les villages et petites villes qui ont été conquis, ils appliquaient la charia. Ils ont tué des jeunes filles, simplement parce qu’elles téléphonaient

en à un copain. Ce sont des barbares", fustige l'humanitaire, submergée par l'émotion. 

Malgré le choc, Ariane Hiriart n'a pas abandonné l'espoir d'un retour à Kaboul, loin s'en faut.  Son vol prévu la semaine prochaine a été annulé. Ce n'est que partie remise. "Je changerai la date de mon billet et j’irais. Bien sûr que j’irai", s'exclame-t-elle. 


Maxence GEVIN

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