Beyrouth, l’impossible reconstruction : les images un an après l’explosion

Léa LUCAS avec TF1
Publié le 4 août 2021 à 14h30, mis à jour le 4 août 2021 à 15h00

Source : TF1 Info

CATASTROPHE - Si la reconstruction du port de Beyrouth et des quartiers environnants a débuté depuis les explosions meurtrières du 4 août 2020, elle est extrêmement lente. L'inertie des autorités a poussé ONG et volontaires à se mobiliser.

Beyrouth a du mal à se relever. Au cœur des explosions le 4 août 2020, le port de la capitale libanaise est toujours défiguré. Seuls de grands silos en béton sont restés debout. Aux alentours, plus de 9000 bâtiments ont été laissés à l'abandon, encore éventrés par la catastrophe due à l'explosion nitrate d'ammonium. Pour éviter de nouveaux écroulements, quelques échafaudages ont été installés. Mais aucun budget n'a été alloué par le gouvernement en crise pour reconstruire la ville. 

 "Après les explosions, personne n'est venu vers nous, personne ne nous a aidés", déplore Gaspard Fadhi, qui regarde, non sans peine, sa maison d'enfance délabrée. "L'État, les ministres, ceux qu'on a élus, personne ne nous a fourni quoi que ce soit. Il y a juste la Croix-Rouge qui nous a un peu aidés financièrement", ajoute-t-il devant les caméras de TF1, dans le reportage en tête d'article.  

Le Libanais a ainsi renoncé à restaurer les lieux. Une décision soutenue par ses parents, blessés lors des explosions, qui refusent d'y remettre les pieds. "On a perdu notre vie d'avant, nos meubles", poursuit l'habitant démuni. "Il ne reste plus rien." 

2 à 3 ans de plus pour tout réparer

Dans les rues de la capitale, les premiers travaux pour remettre sur pied la ville amochée démarrent à peine. Cela est possible grâce à la contribution des ONG et de jeunes volontaires. Mais "il faudra encore deux à trois ans pour tout réparer", note l'ingénieur Hicham Ghotme. "Les coûts sont faramineux", près de 4 milliards d'euros, selon la Banque mondiale. 

En attendant, les commerçants des quartiers environnants doivent s'entraider pour survivre. Seul un magasin sur deux a rouvert ses portes depuis la catastrophe. Parmi ceux qui continuent d'accueillir des clients, les affaires vont mal en raison de l'inflation qui a fait exploser le prix des matières premières. "La viande, mais aussi le fromage, on va sans doute devoir arrêter, car leur prix a été multiplié par dix", regrette le commerçant Elias El Murr, réduit à vendre des pizzas sans garniture. 

Ce mercredi 4 août 2021, alors que des hommages sont rendus aux victimes à Beyrouth, Emmanuel Macron a réuni plusieurs chefs d'État et organisations internationales pour apporter une nouvelle aide d'urgence de 100 millions d'euros. Mais aussi pour faire pression sur les responsables politiques, accusés par le Président français de faire le "pari du pourrissement." 

En effet, un an après, l'enquête judiciaire piétine toujours. Alors que des décideurs politiques libanais sont accusés de négligences ayant rendu possibles les explosions, responsables de la mort de 214 personnes et de 6500 blessés, le Parlement refuse de lever l'immunité de certains de ses membres, entraînant des résultats faussés et fustigés par de nombreuses associations locales. 

Pour rappel, le 10 août 2020, le Premier ministre de l'époque Hassan Diab avait aussitôt démissionné, suivi par une grande partie de son gouvernement, après avoir dit être au courant de la présence de substances chimiques dans le port de la capitale. Depuis, le pays est englué dans une crise politique, accentuée par une crise économique et sanitaire sans précédent. 


Léa LUCAS avec TF1

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