IMPRÉVISIBLE - Une enquête portant sur les messages de Donald Trump sur Twitter a été publiée par le New York Times. Elle montre comment l'utilisation du réseau par le président américain a modifié la façon d’appréhender l'exercice du pouvoir.
Avec sa manière d'utiliser le réseau social, Donald Trump a "transformé la présidence des Etats-Unis". Dans une longue enquête analysant les 11.000 tweets du Président américain depuis 2016, le grand quotidien américain le New York Times démontre comment la stratégie politique de Donald Trump a évoluée en utilisant le réseau social.
Lire aussi
"Les Etats-Unis ont abattu le plus grand terroriste" : Donald Trump annonce la mort d'Al-Baghdadi, chef du groupe Etat islamique
Lire aussi
Trump et l'affaire ukrainienne : l'article à lire si vous avez raté les derniers épisodes
Lire aussi
Trump : ses tweets font trembler les Bourses
Avec plus de 66 millions d'abonnés, Donald Trump a fait de son compte Twitter une arme pour s'attaquer directement à ses opposants politiques, mais aussi un outil en vue de sa réélection. Avec plus de dix tweets postés sur Twitter par jour en moyenne, Donald Trump a ses créneaux horaires de prédilections pour ces saillies numériques. Entre 6 heures et 10 heures du matin, note le New York Times, c'est-à-dire quand il est seul avant d'arriver dans le bureau ovale, alors que ses conseillers ne sont pas encore à ses côtés pour tenter de réguler ses publications. Autre raison de cette baisse d’activité après 10 heures, le président américain, qui a besoin de ses lunettes pour écrire ses messages, n'aime pas les porter en public, et dicte alors ses messages à son conseiller réseaux sociaux, Dan Scavino. Ce dernier lui propose alors trois nuances d'intensité pour son tweet, "chaud", "moyen", ou "doux".
Les attaques avant tout
Le quotidien américain a également noté que la majorité des publications du président américain sont des attaques. Et avant tout des attaques contre ses adversaires démocrates, signe que si la campagne pour l'élection présidentielle n'a pas encore commencé, Donald Trump prépare le terrain avec force de communication. Les enquêtes qui le visent dans le cadre de l'affaire russe, ou des soupçons de collusions dans l'affaire ukrainienne sont également la cible de messages récurrents. Ainsi plus de 2000 tweets sur les 11.000 recensés étaient des attaques contre les enquêtes le concernant.
Outre les plus de 1700 messages faisant la promotion de théories du complots, Donald Trump s'est également attaqués à différentes minorités dans plus de 850 tweets, note encore le New York Times. Donald Trump a également construit sa diplomatie et son exercice du pouvoir autour de Twitter. Désormais, ses plus importantes décisions sont annoncées sur ce fil, ainsi il y a quelques semaines, c'est sur le réseau social qu'il avait annoncé le retrait des troupes américaines de Syrie. Quitte parfois à se contredire quelques minutes plus tard, notamment sur les sanctions économiques qu'il souhaitait prendre à l'égard de la Turquie, avant de se raviser.
"Cette personne prospère dans le chaos"
Cette imprévisibilité rend les conseillers du président fébriles, et ils ont bien souvent tenté de restreindre ses publications sur Twitter. En 2017, ils avaient tenté d'obtenir auprès de Twitter un délai de 15 minutes avant que les messages du président soient publiés, mais sans succès. Alors que sous la présidence Obama, un tweet présidentiel pouvait marquer la conclusion d'un long processus de délibération, l'ère Trump a instauré un basculement. Désormais pour Donald Trump, Twitter est bien souvent le début d'une décision politique souligne le New York Times.
"Soudainement, il y a un tweet et tout est bouleversé, alors que vous avez passé toute la semaine à défendre quelque chose d'autre", évoque au quotidien new-yorkais Peter King, un élu Républicain. "Cette personne prospère dans le chaos. Tout ce que nous pouvons trouver déconcertant ou bouleversant, c’est en fait ce qui le fait avancer", juge-t-il.