"Elles peuvent partir si elles veulent" : les propos racistes de Trump sur quatre élues démocrates dérangent jusque dans son camp

par Jean-Moïse DUBOURG
Publié le 16 juillet 2019 à 3h20, mis à jour le 16 juillet 2019 à 8h52

Source : Sujet JT LCI

TOLLÉ - Ne s’imposant aucune limite, Donald Trump a (encore) totalement perdu le contrôle dimanche et lundi dans une série de tweets racistes et xénophobes adressés à quatre élues démocrates issues des minorités. Des élues qui ont évidemment condamné les propos du président des Etats-Unis. Un président qui suscite également moult réactions négatives jusque dans le camp républicain.

Dans le calendrier des saints, Donald est célébré le 15 juillet. Mais en ce lundi, plutôt que d’avoir une pensée ou d’évoquer l’histoire de Donald d’Ogilvy, un abbé écossais du VIIIe siècle, Donald Trump a opté pour une fête tout spécialement réservée à quatre élues démocrates. Celle-ci a pris la forme d’une série de tweets dévastateurs sur le thème de l’immigration. Entamée dimanche, elle s’est poursuivie avec fracas lundi pour aller jusqu’à importuner son propre parti pourtant extrêmement loyal au président américain.

Sans forcément s’étendre sur la teneur des tweets du président américain - des insultes racistes et xénophobes - Trump a, pour résumer, invité lesdites quatre élues issues des minorités à retourner dans les pays dont elles sont "originaires", et dans lesquels la situation est "catastrophique", pour "aider à les remettre en état". Alors qu’Alexandria Ocasio-Cortez (New York), Ilhan Omar (Minnesota), Ayanna Pressley (Massachusetts) et Rashida Tlaib (Michigan) critiquent régulièrement la politique du 45e président des Etats-Unis, ce dernier, toujours provocateur, leur suggère ensuite de revenir aux USA pour montrer "comment il faut faire" pour améliorer la situation.

Problème de cette provocation raciste, Ocasio-Cortez, Pressley et Tlaib sont toutes les trois nées aux États-Unis. De son côté, Ilhan Omar est née en Somalie mais a été naturalisée à l'âge de 17 ans en 2000.

On ne nous fera pas taire
Ayanna Pressley, l'une des élues démocrates visées par les propos de Trump

Sortant la tête des réseaux sociaux, Donald Trump a poursuivi logorrhée venimeuse dans les jardins de la Maison Blanche lundi en affirmant que ces élues "vouent une haine viscérale" aux Etats-Unis. "Elles peuvent partir si elles veulent !", a-t-il insisté. Fort logiquement, les réactions indignées n’ont pas tardé à se multiplier dans le camp démocrate. Les quatre femmes visées ont notamment tenu une conférence de presse lundi pour répliquer. "On ne nous fera pas taire", a promis Ayanna Pressley tout en mettant en garde le peuple américain en l’invitant à "ne pas mordre à l’hameçon" lancé par Trump.

"Tweet déplacé", demande d'excuse, paroles "inacceptables"... Trump met les Républicains dans l'embarras

Devant l’outrance des propos présidentiels, même le camp républicain a réagi après avoir cependant tenu le silence pendant quelques heures. "Le tweet du président dans lequel il disait que des élues du Congrès devraient retourner 'd'où elles viennent' était totalement déplacé et devrait être retiré", a notamment indiqué la sénatrice du Maine, Susan Collins. Le sénateur noir républicain de Caroline du Sud Tim Scott a pour sa part dénoncé des paroles à "connotation raciste inacceptables" pendant que Mike Turner, élu de l’Ohio, demandait au président de "s’excuser" pour ces messages "racistes". Même Mitt Romney, ancien candidat républicain à la présidence, a qualifié les propos de Trump de "destructeurs et dégradants". 

Ce tollé général et cette quasi unanimité contre lui, Donald Trump ne s’en soucie guère. A un an et demi du scrutin pouvant conduire à sa réélection, le président vise par ceux-ci à renforcer la base de son électorat en ressortant un thème, l’immigration, qui fait très souvent recette, notamment chez les "suprémacistes blancs". Et puis, fin tacticien, Trump attaque aussi frontalement le parti démocrate en s’en prenant à ces quatre élues. Situées plutôt sur l’aile gauche, elles ne sont pas forcément sur la même ligne que les dirigeants démocrates, notamment la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi. Des dirigeants qui, à cause des paroles racistes du président, se trouvent dans l’obligation de les soutenir, ajoutant de la confusion dans le camp démocrate.

Beaucoup de gens sont d’accord avec moi
Donald Trump

Devant l’impressionnante vague de protestations et d’indignations provoquée par ses propos, Donald Trump n’a pas bougé d’un iota. Lundi, à un journaliste qui lui demandait "est-ce que cela vous dérange que nombre de gens trouvent vos tweets racistes ?", il a répondu, stoïque : "Cela ne me dérange pas car beaucoup de gens sont d’accord avec moi". Du classique chez Trump.


Jean-Moïse DUBOURG

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