VIDÉO - Harvey Weinstein jugé à New York : le producteur peut-il s'en sortir ?

Jérôme Vermelin, Léa Bons & Flore Galaud
Publié le 6 janvier 2020 à 6h38, mis à jour le 6 janvier 2020 à 6h43

Source : Sujet TF1 Info

JUSTICE – Accusé de viol et d’agression sexuelle, Harvey Weinstein, 67 ans, comparaît à partir du lundi 6 janvier devant un tribunal de Manhattan. Le producteur américain, qui nie les faits qui lui sont reprochés, fera tout pour sortir vainqueur du bras de fer judiciaire dans lequel il est engagé. Explications.

C’est un procès que l’Amérique attend avec une impatience mêlée d’inquiétude. Le producteur Harvey Weinstein, 67 ans, comparaît lundi 6 janvier devant un tribunal de New York, de longs mois après les révélations qui ont bouleversé le monde du cinéma, et au delà. Si plus de 80 femmes l’ont accusé de harcèlement et d’agression sexuelle, parmi lesquelles plusieurs actrices de premier plan comme Angelina Jolie, Rose McGowan, Ashley Judd ou encore les Françaises Léa Seydoux et Emma de Caunes,  ce sont deux femmes plus discrètes qui ont permis de monter un dossier judiciaire contre lui.

La première, Mimi Haleyi, affirme avoir été agressée à New York en 2006. La seconde, restée jusque-là anonyme, rapporte avoir été violée dans une chambre d’hôtel, toujours dans la Grosse Pomme, en 2013. Au cours du procès, quatre autres femmes devraient témoigner. Une d’entre elles seulement a révélé son identité. Il s’agit de la comédienne Anabella Sciorra, vue dans la série "Les Sopranos", qui dit avoir été agressée sexuellement en 1993. Si les faits sont prescrits, son intervention pourrait permettre d’étayer le chef d’accusation de "comportement sexuel prédateur" qui fait risquer la perpétuité au producteur.

Une nouvelle avocate très critique envers #MeToo

Rien ne dit, cependant, qu’il effectuera le moindre jour de prison dans les années à venir. Après s’être séparé de l'avocat Benjamin Brafman, célèbre en France pour avoir défendu Dominique Strauss-Kahn dans le scandale du Sofitel, il a engagé sa consœur Donna Rotunno, une spécialiste de ce type d’affaires. Très critique envers le mouvement #MeToo, elle fera tout pour décrédibiliser les accusatrices de son client devant les 20 jurés qui décideront de son sort. Elle pourrait notamment arguer qu’elles sont restées en contact avec lui, e-mails à l’appui, plusieurs années après les faits.

"Mon plus gros problème, c’est l’idée que parce que les femmes profèrent une accusation, c’est forcément vrai", explique-t-elle, très cash, au magazine professionnel américain "Variety". "L’idée aussi que vouloir questionner leurs propos serait une forme d’humiliation… je trouve ça obscène. Dans notre système judiciaire, n’importe quelle accusation doit pouvoir être questionnée et réexaminée. Ça ne veut pas dire que nous (les avocats, ndlr) sommes des gens horribles. Mais je dois avoir le droit de faire mon métier", insiste-elle.

Un accord à 25 millions de dollars pour l'abandon des poursuites

Depuis le début de l’affaire, Harvey Weinstein nie les faits qui lui sont reprochés. Il affirme même que toutes les rapports sexuels qu'on lui prête étaient consentis. Si l’opinion publique l’a déjà condamné, il entend sortir vainqueur du bras de fer judiciaire dans lequel il est engagé. En marge du procès qui débutera lundi, il a conclu un accord estimé à hauteur de 25 millions de dollars afin d’obtenir l’abandon des poursuites de la part d’une dizaine d’autres victimes présumées. Si cet accord est validé par la justice, la somme sera entièrement prise en charge par les assureurs de son ancienne société, la Weinstein Company.

Reste à savoir quelle attitude le producteur adoptera en présence des quelques 150 journalistes accrédités. Tentera-t-il d’amadouer les jurés ? En décembre dernier, il s’était rendu à une convocation de la justice en se déplaçant péniblement à l’aide d’un déambulateur, suite à une opération du dos consécutive à un accident de la route. Se risquera-t-il à jouer la carte de la provocation ? Dans une interview accordée avant les fêtes au "New York Post", il criait à l’injustice, affirmant avoir "fait plus de films réalisés par des femmes sur des femmes que n’importe quel producteur". 


Jérôme Vermelin, Léa Bons & Flore Galaud

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