Fukushima : 10 ans après, des stigmates toujours bien visibles

M.D.
Publié le 10 mars 2021 à 13h30, mis à jour le 11 mars 2021 à 7h39

Source : JT 20h Semaine

REPORTAGE - Ce jeudi 11 mars, le Japon fête le triste anniversaire de l'accident de Fukushima. Si la vie a peu à peu repris son cours dans la province, la catastrophe a laissé des traces indélébiles.

À Futaba, dans la province de Fukushima, les stigmates de la plus grave catastrophe nucléaire du XXIe siècle sont encore bien visibles. Le jour du drame, les 7.000 habitants de ce village de pêcheurs, situé à quelques kilomètres de la centrale nucléaire, avaient dû être évacués en urgence. Une décennie plus tard, les horloges de la ville sont restées figées à l’heure du traumatisme : 14h46, le 11 mars 2011. "Toutes les maisons étaient effondrées. J’avais le sentiment que mon village n’était plus mon village", se remémore face aux caméras du 20H de TF1 Nakayan San, sapeur-pompier à Futaba, marchant au milieu des gravats. Un village fantôme.

Malgré les années qui passent, les images terribles de cette catastrophe sont encore dans toutes les mémoires. 22.000 personnes sont mortes ou disparues suite au passage du raz-de-marée et 160.000 autres ont dû être déplacées à cause de la radioactivité. Depuis, le Japon a entrepris le plus grand nettoyage radioactif de l’histoire. La terre toxique a été enfermée dans des milliers de sacs. Mais la radioactivité est encore diffuse, transportée par le vent et les animaux. Un peu partout dans la province, des compteurs mesurent en temps réel le niveau de radioactivité. Mais la population est encore inquiète. 

Grâce à cette machine, nous n’avons plus à nous poser de question sur la nourriture que nous ingérons
Une habitante de la province de Fukushima

Depuis deux ans, les habitants de cette province agricole peuvent se rendre à la mairie pour faire tester les produits qu’ils cultivent sous de grandes serres. Une machine analyse les denrées alimentaires pour s’assurer qu’ils ne contiennent pas résidus radioactifs. Ce jour-là, une femme retraitée est venue pour faire examiner des choux et des épinards. Le résultat tombe au bout de dix minutes, un voyant vert lui indique s’ils sont propres à la consommation ou non. "Grâce à cette machine, nous n’avons plus à nous poser de question sur la nourriture que nous ingérons, explique-t-elle. On peut manger en toute sécurité. Je peux même donner des légumes à mes voisins sans craindre de les donner du poison." 

Avant on pouvait voir l’horizon à perte de vue. Mais aujourd’hui, lorsqu’on s’approche du mur, on a le sentiment d’être oppressé
Yuki Matsumoto, ancien directeur d’un hôtel

Dans les communes proches de la centrale, moins de 10% des anciens habitants sont revenus. Quelques personnes âgées ont fait le choix de se réinstaller. "C’est comme une renaissance, comme si on retrouvait le bonheur d’autrefois", témoigne l’une d’elle. Dans le centre-ville, commerces et restaurants restent pour la plupart fermés. Et même si la vie reprend peu à peu son cours dans certains quartiers du district de Futuba, rien ne sera plus jamais comme avant.

Aux abords de ville, l’imposant mur anti-tsunami de 400 kilomètres qui borde tout le nord de l’archipel est là aussi pour le rappeler. Ce bouclier, baptisé "La grande muraille du Japon", empêche les habitants de voir la mer. "Avant on pouvait voir l’horizon à perte de vue. C’était un plaisir au quotidien. Mais aujourd’hui, lorsqu’on s’approche du mur, on a le sentiment d’être oppressé", regrette Yuki Matsumoto, ancien directeur d’un hôtel. 

Aux abords de ville, l’imposant mur anti-tsunami de 400 kilomètres qui surplombe tout le nord de l’archipel est là aussi pour le rappeler. Ce bouclier, baptisé "La grande muraille du Japon", empêche les habitants de voir la mer. "Avant on pouvait voir l’horizon à perte de vue. C’était un plaisir au quotidien. Mais aujourd’hui, lorsqu’on s’approche du mur, on a le sentiment d’être oppressé", regrette Yuki Matsumoto, ancien directeur d’un hôtel. Un mur pour se protéger et des vestiges pour ne jamais oublier. 

Le long de la cote, les hôtels et immeubles d’habitations éventrés par le tsunami ont été conservés à l’état de ruines. "Il faut que les gens soient conscients de ce qui est arrivé. Quand on dit qu’il va y avoir un tsunami, tout le monde doit s’enfuir. En 2011, cela ne s’est pas passé comme ça. Tout le monde n’a pas eu peur", explique un agent de la municipalité. Ce travail de mémoire est indispensable car selon les sismologues, un nouveau séisme géant pourrait s’abattre sur Tokyo dans les prochaines années. 


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