Kenya : les violences se poursuivent, sur fond d'élection contestée et de rivalité ethnique

Publié le 13 août 2017 à 19h15, mis à jour le 13 août 2017 à 19h38
Kenya : les violences se poursuivent, sur fond d'élection contestée et de rivalité ethnique

HEURTS - Depuis vendredi soir, le pays est en proie à de nombreuses et très violentes confrontations entre les opposants et et les forces de l'ordre, après l'annonce de la réélection du président Uhuru Kenyatta. Ces violences ont éclaté dans certains quartiers de Nairobi et de Kimusu, à l'ouest du pays : des bastions acquis à Raila Odinga, l'opposant de Kenyatta.

Comme c'est le cas depuis plusisurs jours, de violents affrontements ont opposé dimanche dans le bidonville de Mathare à Nairobi des membres de l'ethnie kikuyu du président Uhuru Kenyatta et des partisans luo de l'opposant Raila Odinga, a constaté un photographe de l'AFP. Les violences ont éclaté quand des Luo ont brûlé des échoppes situées dans le quartier kikuyu du bidonville, entraînant une bataille rangée entre les deux groupes, comprenant plusieurs centaines de personnes, à coups de pierres, de bâtons et de flèches.

Un homme, vraisemblablement kikuyu, a été très sévèrement frappé à coups de bâtons et de pierres, et son corps gisait inerte, le visage ensanglanté, sur la chaussée, selon ce photographe qui a observé la scène. Des personnels de la Croix-Rouge présents à proximité n'ont pas réussi à accéder immédiatement au corps, les deux groupes continuant à se faire face et la situation restant extrêmement tendue.

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Nous n'avons pas encore perdu. Nous n'abandonnerons pas. Attendez que j'annonce la marche à suivre
Raila Odinga à ses supporters

La décision des Luo d'incendier les commerces kikuyu aurait été déclenchée par des rumeurs sur la mort de deux membres de leur communauté. Un autre photographe de l'AFP a vu l'un de ces deux hommes, gisant sur le dos, recouvert de sang mais respirant encore. Il n'a cependant pas pu confirmer la présence d'un autre corps. Cet incident a fait suite à la visite à Mathare de M. Odinga, venu voir la famille d'une fille de neuf ans tuée par balle samedi matin dans le bidonville, alors qu'elle se trouvait sur un balcon au quatrième étage d'un immeuble.

M. Odinga s'était auparavant rendu dans le bidonville de Kibera, où devant des milliers de partisans enthousiastes, il avait affirmé qu'il n'accepterait pas les résultats de l'élection présidentielle, "volée" selon lui par M. Kenyatta, le chef de l’État sortant. "Nous n'avons pas encore perdu. Nous n'abandonnerons pas. Attendez que j'annonce la marche à suivre après-demain (mardi)", avait-il ajouté, demandant à ses supporteurs de ne pas aller travailler lundi en raison de la présence massive des forces sécurité.

Au moins 16 morts depuis vendredi

M. Kenyatta a été réélu vendredi soir pour un second mandat de cinq ans avec 54,27% des voix, contre 44,74% à M. Odinga, selon les résultats officiels. Mais l'opposition conteste ces résultats et dénonce une "mascarade" électorale. Des scènes de violence et de pillage circonscrites à quelques bastions de l'opposition, dans l'ouest du pays et les bidonvilles de Nairobi, ont éclaté dès la proclamation de la victoire de M. Kenyatta.

Ces violences ont fait au moins 16 morts entre vendredi soir et samedi soir - neuf dans les bidonvilles de Nairobi, dont la fillette, et sept dans l'ouest du pays - selon un bilan établi par l'AFP de sources policières et hospitalières.


La rédaction de TF1info

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