Las Galeras, ce village en République dominicaine qui séduit de plus en plus les Français

par Léa TINTILLIER
Publié le 8 février 2021 à 16h20
Las Galeras, ce village en République dominicaine qui séduit de plus en plus les Français

REPORTAGE – En République dominicaine, un petit village du nom de Las Galeras fait le plein de Français. L’émission de TF1 "Sept à Huit" est allée à la rencontre de ses habitants.

Avec ses quinze kilomètres de plages quasi désertes, ses cocotiers à perte de vue et sa faune marine exceptionnelle, les Français ont élu domicile à Las Galeras, petit village de République dominicaine. Là-bas, de nombreux entrepreneurs prospèrent, dans ce pays où les charges s'avèrent faibles en comparaison avec la France. 

C'est le cas d'Aurore qui, le dimanche, assiste à un cours de danse locale dans une eau à 30 degrés. Âgée de 17 ans, elle a quitté sa Provence natale il y a six mois pour rejoindre ses grands-parents, Robert et Michèle, tous deux boulangers dans le village de Las Galeras. 

Robert et Michèle ont découvert le village pendant des vacances et décidé de venir s’y installer. D’autres français leur avaient demandé d’ouvrir une boulangerie mais aujourd’hui la clientèle est aux trois quarts dominicaine. Comme les affaires marchent, Michèle peut fermer boutique dès 14h. Avec son mari, ils gagnent 2000 euros par mois et ont ainsi pu se payer une grande villa avec piscine ainsi qu’un jardinier et une femme de ménage payés au salaire minimum. "En France c’est 100 euros si tu gardes la femme de ménage dix heures, là je la paye 100 euros par mois", affirme Michèle. 

Comme eux, des Français ont ouvert des restaurants, des crêperies mais aussi des boutiques de souvenirs et même un terrain de pétanque où ils jouent avec la police locale. En tout, 220 français vivent ici ; ce qui représente plus de 10% de la population. 

Des prix pour l’alimentation jusqu’à 40% plus élevés qu’en France

Le bar restaurant de Francis est devenu celui de prédilection pour les Français. Ses clients sont des expatriés français ou des touristes européens. Ici, seuls ses employés sont dominicains, les prix étant trop chers pour ces derniers, environ 20 euros pour une assiette. Il vit avec sa femme et ses deux enfants, Ramsès et Mario. 

Contrairement à son frère Ramsès, Mario a la possibilité d’aller dans une école privée au village où il suit les cours de Laurence, française expatriée elle aussi. Ramsès, lui, devrait être au lycée. Seulement, celui-ci se trouve à 3 heures de route et cela coûterait 1200 euros par mois. Francis n’a pas les moyens de payer même si son restaurant affiche complet en haute saison pendant quatre mois. De plus, le ravitaillement pour le restaurant, à 3 h de route aller-retour, qui propose des produits français est cher. Francis dépense environ 800 euros par semaine pour faire ses courses pour le restaurant - les prix étant 30 à 40% plus élevés qu’en France.

Ludivine, elle, a créé une entreprise dédiée au tourisme. Elle propose des excursions en bateau afin d’aller admirer les baleines au large des côtes. Avec son mari Joël, qu’elle a rencontré ici, ils possèdent quatre bateaux. Elle emmène les touristes se baigner pendant que Joël cuisine des spécialités locales. Ludivine est très satisfaite de son mode de vie mais surtout de l’absence de charges et d’impôts, moins importants qu’en France. 

"J’en avais marre parce que je travaillais beaucoup et je me suis dit que ça n’était pas possible, je trouvais ça injuste de travailler autant et de payer autant d’impôts, comment peuvent faire les gens pour s’en sortir ?" dit celle qui emploie quatorze habitants de l’île payés quinze euros par jour, soit cinq fois plus que le salaire dominicain. Là-bas, les cotisations retraites et la sécurité sociale n’existent pas. En plus des excursions, Ludivine s'est lancée dans l’immobilier. Elle a acheté un appartement de deux chambres. Les travaux sont en cours mais ne se passent pas comme prévu. Ludivine regrette les prestations françaises, qui selon elle, sont bien meilleures. 

Le revers de la médaille

Autres Français interrogés dans ce reportage que vous pouvez découvrir en tête de cet article, Isabelle et Thierry qui se demandent s’ils ont bien fait de lâcher leur vie lilloise. Ils ont décidé de venir vivre au soleil mais leur vie n’a rien d’un paradis. Ils ont acheté des maisons afin d’en faire des gîtes. Seulement, ils ne sont loués qu’une petite partie de l’année et les jeunes lillois ont du mal à boucler leur fin de mois. Thierry a même dû reprendre son travail d’électricien. "Il faut avoir du courage parce que c’est pas facile. Parfois je regrette, je me demande si on a bien fait de tout quitter avec tout ce que ça comporte pour vivre une vie au soleil", témoigne Isabelle.

 

Armelle, elle, a pour mission de recenser les Français qui vivent à Las Galeras. Elle veille au confort et à la sécurité de ses compatriotes. Selon elle, 76 français sont inscrits et plus de 150 n’ont pas déclaré vivre en République dominicaine. Un Français n’aurait même pas déclaré le décès de sa mère afin de continuer à toucher la pension. Armelle dénonce ainsi ces Français qui profitent des aides de l’État. 

Christian, lui, pense qu’il y a trop de Français à Las Galeras et que le village perd son âme dominicaine. Il enseigne le français aux habitants dominicains afin qu’ils récupèrent le marché du tourisme. Grâce à lui, 20 jeunes ont trouvé du travail. "S’il y a trop de Français, trop d’étrangers, l’âme du village est étouffée. Ce qu’il faut, c’est garder l’authenticité du village", soutient-il. 

Certains Français ont trouvé leur paradis à Las Galeras, même si tous n’ont pas encore réussi leur pari d’y mener une vie de rêve. 

Chaque année, ce sont en moyenne cinq nouvelles familles françaises qui viennent s’installer à Las Galeras. 


Léa TINTILLIER

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