Qui sont les acteurs de la crise sans précédent qui secoue Hong Kong ?

Publié le 17 juin 2019 à 14h41, mis à jour le 12 août 2019 à 0h05

Source : JT 20h WE

ASIE - Près de deux millions de manifestants ont défilé dimanche à Hong Kong, selon les organisateurs. Objectif : réclamer le retrait du projet de loi sur les extraditions vers la Chine et la démission de la cheffe du gouvernement. LCI vous présente les principaux acteurs de ce bras-de-fer.

C'est une nouvelle marée humaine qui, dimanche, a déferlé dans les rues de Hong Kong. Une foule immense a en effet protesté contre un projet de loi controversé autorisant l'extradition vers la Chine. Si le texte a été suspendu, les manifestants semblent déterminés à défendre leurs libertés dans cette crise sans précédent où plusieurs protagonistes jouent leur partition. 

Carrie Lam, la cheffe du gouvernement pro-Pékin

C'est elle qui, depuis plusieurs semaines, est dans le viseur des manifestants. Depuis 2017, Carrie Lam dirige l'exécutif de Hong Kong. Déjà, à l'époque, celle qui est la première femme à accéder au poste le plus élevé de la place financière asiatique est déjà détestée par le camp démocrate. Pour une raison simple : elle avait été jusque-là adjointe du chef du gouvernement sortant Leung Chun-ying, impopulaire et accusé d'être la marionnette de Pékin.

Née dans une famille humble de cinq enfants du quartier de Wanchai (centre), elle a été élève d'une école catholique avant d'étudier à l'université de Cambridge grâce à des aides publiques. Cette mère de deux enfants, catholique de 62 ans, a fait carrière dans la fonction publique, déjà dans la colonie britannique, avant d'entrer en politique, se révélant très loyale à Pékin. Lors de sa désignation, en mars 2017, elle fait référence aux "dissensions graves" et aux "nombreuses frustrations" divisant le territoire, assurant : "Ma priorité, c'est de guérir ces fractures". Deux ans plus tard, la crise que traverse le territoire sonne comme un camouflet. Si la dirigeante a suspendu le projet contesté, les contestataires réclament le retrait définitif du texte et sa démission. Pour l'instant, Pékin réaffirme son soutien à Carrie Lam. Mais pour combien de temps ?

Joshua Wong, le leader étudiant

"Carrie Lam n'est plus qualifiée pour être la dirigeante de Hong Kong. Elle doit assumer ses responsabilités et démissionner." Joshua Wong a pris la parole ce dimanche pour la première fois depuis le début des manifestations, en avril. Une entrée tardive dans la crise pour une raison simple : le jeune homme était derrière les barreaux pour son implication dans le "Mouvement des Parapluies". Ce dernier avait bloqué le coeur financier de la ville en 2014 pendant des semaines pour demander le suffrage universel. Incarcéré en mai pour des faits en lien avec ce mouvement, Joshua Wong a pu obtenir une libération anticipée pour bonne conduite. Tous les regards se tournent désormais vers lui, tant il semble capable de fédérer les manifestants grâce à son expérience.

Le mouvement de 2014 avait en effet représenté un défi majeur pour Pékin, des dizaines de milliers de manifestants réclamant un véritable suffrage universel pour l'élection du chef de l'exécutif local en lieu et place d'un système qui le voit désigné par un comité acquis à la Chine. Pékin n'avait rien cédé.

Xi Jinping, président chinois affaibli

Et si c'était lui, le grand perdant de la crise ? Les manifestations de Hong Kong et la reculade des autorités locales constituent une rare défaite pour le président chinois Xi Jinping. Il faut dire que, depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, le dirigeant joue la carte de la fermeté. En effet, il a considérablement renforcé l'emprise du Parti communiste chinois (PCC) sur la société et engagé une campagne anti-corruption qui viserait aussi ses adversaires politiques internes.  Il a obtenu en 2017 de pouvoir se maintenir à la tête du pays aussi longtemps qu'il le souhaite, tandis que sa "pensée" est entrée très officiellement dans la Constitution l'an dernier, à l'égale de celle du fondateur de la dynastie communiste, Mao Tsé-toung.  

Seulement voilà : en osant descendre par centaines de milliers dans les rues, les Hongkongais lui ont infligé un camouflet. Cela tombe d'ailleurs au plus mal, puisque Xi Jinping est confronté en parallèle à une guerre commerciale avec les Etats-Unis. Or Washington a commencé à utiliser la carte hongkongaise en menaçant de supprimer les avantages commerciaux de l'ancienne colonie britannique si le projet de loi d'extradition devait être adopté…

La jeunesse hongkongaise, en première ligne

Ce sont des jeunes hongkongais qui, après des années de manifestations aussi vaines que pacifiques contre l'érosion des libertés, ont décidé ces jours-ci d'aller à la confrontation avec la police, lassés des campagnes de désobéissance civile qui ont fleuri dans le pays en 2014. Résultat, beaucoup d'entre eux portaient ces derniers jours masques, lunettes, casques ou casquettes pour se protéger du gaz et des balles, mais aussi pour être plus difficiles à identifier. 

Cette génération joue à fond la carte des nouvelles technologies pour s'opposer au pouvoir : nombreux sont ceux qui coupent la géolocalisation de leurs téléphones portables, renforcent la protection de leurs données personnelles sur leurs appareils et effacent des conversations et photos potentiellement compromettantes des réseaux sociaux. Dans la ville où l'application WhatsApp est largement utilisée, les contestataires se sont tournés vers la messagerie cryptée Telegram, qui offre une meilleure cyberprotection et permet à de plus grands groupes de se coordonner.


La rédaction de TF1info

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