"Marche du retour" meurtrière : que se passe-t-il à la frontière entre Israël et Gaza ?

Publié le 28 avril 2018 à 22h25
"Marche du retour" meurtrière : que se passe-t-il à la frontière entre Israël et Gaza ?

CONFLIT - Des milliers de Palestiniens se sont à nouveau massés ce vendredi dans la zone qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien. Quatre nouveaux morts sont à déplorer après des heurts avec des soldats israéliens, portant le total des victimes à 45 personnes. LCI vous explique cette protestation inédite et sous très haute tension.

Quatre morts et des dizaines de blessés ce vendredi, et des hôpitaux saturés : la frontière entre Gaza et Israël est en ébullition depuis le 30 mars. Au total, 45 Palestiniens ont été tués en marge de ce mouvement de contestation. Un mouvement qui, s'il n'est pas nouveau sur le fond (la réclamation d'un "droit au retour"), l'est en revanche par sa forme. Explications.

Que réclament les Palestiniens ?

Un "droit au retour", lequel concerne environ 700.000 Palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création d'Israël en 1948. Ce droit est soutenu par une résolution des Nations unies, sauf que celle-ci n'a jamais été mise en œuvre. Près de cinq millions de réfugiés palestiniens et leurs descendants vivent en Cisjordanie occupée, à Gaza ou dans d'autres pays de la région. Le mouvement prévoit des rassemblements le long de la barrière de sécurité, où des centaines de Gazaouis ont dressé des tentes pour camper. La majorité d'entre eux participent à des événements festifs tels que des mariages, des danses, des jeux et des pique-niques géants.

Le calendrier de cette protestation appelée à durer six semaines au total est lui tout sauf un hasard : le 30 mars, jour où elle a débuté, marque la "Journée de la terre", qui commémore tous les ans la mort de six Arabes sans armes, tués lors de heurts avec les forces israéliennes en 1976. Le 15 mai, date à laquelle est prévue la fin du mouvement, correspond aux commémorations annuelles de la "Nakba" (la "catastrophe en arabe), quand des centaines de milliers de Palestiniens ont été jetés sur les routes lors de la guerre de 1948 qui a suivi la création d'Israël.

Qui est à l'origine de cet événement ?

Officiellement, la protestation est organisée par la société civile. Mais elle est soutenue par le mouvement palestinien Hamas, l'un des grands ennemis d'Israël, qui dirige sans partage le territoire reclus où vivent deux millions de personnes. Le Hamas a assuré que ses services veilleraient à ce que personne n'approche dangereusement de la frontière. Mais une autre inquiétude israélienne est que des éléments incontrôlés ne mettent la situation à profit et ne provoquent une large confrontation.

Quelle est l'attitude des autorités israéliennes ?

La fermeté. L'armée a en effet affirmé que ses forces ripostaient "avec les moyens anti-émeutes et par balles, conformément aux règles d'engagement". "S'il y a des provocations, il y aura une réaction des plus dures comme la semaine dernière. Nous n'avons pas l'intention de changer les consignes de tir", a prévenu le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman. L'événement étant une première, les forces israéliennes ont attentivement suivi les préparatifs et se disent prêtes à tous les scénarii. L'armée a déployé des renforts à la frontière. L'une des préoccupations israéliennes est une tentative, spontanée ou non, de forcer la barrière, peut-être à l'occasion d'une marche massive avec des femmes et des enfants, et de s'infiltrer en territoire israélien, y compris dans les communautés riveraines de l'enclave.

Après un mois de manifestations, cette attitude suscite cependant des critiques. L'armée israélienne est confrontée non seulement aux mises en cause pour usage disproportionné de la force, mais aux interrogations sur les munitions employées et sur une tactique qui pourrait laisser des centaines de Palestiniens handicapés à vie. Sur le terrain, les médecins font en effet le constat répété de blessures sévères évoquant des situations de guerre. Abdel Latif el-Hajj, directeur général des hôpitaux à Gaza, accuse Israël d'utiliser à dessein un type particulier de munitions causant une infirmité irréversible. Selon Amnesty International citant les autorités gazaouies, plus de 5.500 Palestiniens ont été blessés depuis le 30 mars, parmi lesquels plus de 1.700 à balles réelles, dont la moitié atteints aux jambes, notamment aux genoux.


La rédaction de TF1info

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