Pêche et Brexit : pourquoi les eaux britanniques sont-elles si convoitées ?

Publié le 4 novembre 2021 à 12h17

Source : JT 20h Semaine

DES FILETS VIDES - Alors que les négociations entre le Royaume-Uni, la France et l’Union européenne se poursuivent, les pêcheurs, eux, attendent toujours que l’accès aux eaux britanniques leur soit de nouveau permis. Car celles-ci regorgent de poissons nobles, vendus plus cher.

Le bras de fer entre Paris et Londres se poursuit, la pêche étant un enjeu financier des deux côtés de la Manche. Dans les ports français, l’interdiction des eaux britanniques se fait durement ressentir, celles-ci étant très prisées par les pêcheurs français comme britanniques. On vous explique pourquoi.

Des eaux plus poissonneuses et plus riches

Tout d'abord, les eaux britanniques sont plus riches, avec notamment des poissons plus nobles. L’encornet ou le rouget par exemple, qui se vendent autour de 16 euros le kilo, préfèrent en effet les eaux plus profondes des côtes anglaises. Environ un quart des prises françaises en volume (environ 20% en valeur) proviennent d'ailleurs des eaux britanniques. Pour les pêcheurs européens, cela représente 650 millions d'euros de ventes annuelles. 

A contrario, dans les eaux françaises, les espèces de poissons sont plus communes. On y trouve surtout du hareng à 1,90 euro le kilo, ou du merlan à 8,60 euros le kilo. "On doit se rabattre sur des espèces, comme le chien de mer, qui n’ont pas ou presque pas de valeur marchande, c’est quelques centimes. Donc on ne peut pas s’en sortir, on part à perte quasiment tous les jours, depuis dix mois", constate, amer, Gaëtan Delsart, pêcheur dans le Pas-de-Calais

On part à perte quasiment tous les jours, depuis dix mois
Gaëtan Delsart, pêcheur dans le Pas-de-Calais

C’est d'ailleurs pour protéger la richesse de leurs eaux que certains pêcheurs britanniques s’étaient positionnés pour le Brexit. "Quand on est entré dans l’UE, peu à peu, des bateaux sont arrivés de toute l’Europe dans nos eaux. Avec le Brexit, on espérait reprendre le contrôle de nos frontières maritimes", assure ainsi Paul Joy, de la société de protection des pêcheurs de la ville d'Hastings, au Royaume-Uni.

Pour autant, les menaces de sanctions sont en train de rebattre les cartes. "Des tonnes et des tonnes de poissons sont exportés en France", rappelle Steve Hedmunds, pêcheur britannique. Si la France bloque son marché, les pêcheurs devront vendre leurs prises sur le marché britannique, ce qui fera baisser les prix, selon ce pêcheur.

Un espace maritime plus grand

Si les pêcheurs français souhaitent également accéder à nouveau aux eaux britanniques, c’est aussi parce qu’ils sont trop nombreux pour la surface des eaux territoriales françaises. En effet, les eaux anglaises s’étendent sur 756.000 mètres carrés et sont donc trois fois plus étendues que l’espace maritime français.

"Les bateaux français qui n'ont pas les licences pour aller pêcher sur les côtes anglaises viennent pêcher chez nous. Ce sont des bateaux qu’on a jamais vus", décrit ainsi Nolan Bureaux, pêcheur au Havre. Les pêches rapportent donc moins et doivent être partagées entre plus de monde, une double peine pour les pêcheurs français. 

Le secrétaire d'État britannique chargé du Brexit David Frost doit rencontrer le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune jeudi à Paris. Une réunion suivra vendredi à Bruxelles à la Commission européenne, afin de tenter de régler ce litige.


La rédaction de TF1info

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