VIDEO - Prague : une imposante manifestation contre le Premier ministre, sans précédent depuis 1989

Publié le 23 juin 2019 à 19h37
VIDEO - Prague : une imposante manifestation contre le Premier ministre, sans précédent depuis 1989
Source : Michal Cizek / AFP

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE - Une manifestation a réuni dimanche 23 juin à Prague quelque 250.000 personnes, selon les organisateurs et les médias, appelant à la démission du Premier ministre Andrej Babis. Ce dernier est soupçonné de fraude aux subventions européennes.

Probablement du jamais vu depuis la chute du communisme en 1989. Une marée humaine a déferlé, dimanche 23 juin à Prague, selon les organisateurs et les médias. Pas moins de 250.000 personnes ont réclamé le départ du Premier ministre Andrej Babis, soupçonné de fraude aux subventions européennes.

"Babis, démission!" ; "J'ai honte de mon Premier ministre!", "Nous en avons assez!", pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants. Les protestataires ont symboliquement envahi l'esplanade de Letna, lieu mémorable des manifestations géantes contre l'ex-régime totalitaire en 1989 lors desquelles le dramaturge-dissident Vaclav Havel, futur président, s'adressait à la foule enthousiaste. Ce rassemblement, sous les drapeaux tchèques et européens, a marqué le point culminant d'une série de mobilisation contre Andrej Babis, deuxième fortune du pays. Elles se déroulaient à Prague et dans d'autres villes du pays, depuis la fin avril.

Conflit d'intérêts

Andrej Babis, 64 ans, fondateur du géant de l'agro-alimentaire Agrofert, a été mis l'an dernier en examen dans une affaire de détournement présumé de deux millions d'euros de fonds européens. Il se trouverait également en situation de conflit d'intérêts entre ses activités politiques et ses affaires, selon des projets de rapports d'audit de la Commission européenne dont des extraits ont été publiés par la presse de Prague. Selon ces projets de rapports, l'homme fort du pays continue à tirer des bénéfices d'Agrofert dont il s'était formellement séparé en 2017 par le biais de fonds fiduciaires contrôlés entre autres par son épouse. Le Premier ministre nie avec véhémence se trouver dans une situation de conflit d'intérêts, qualifiant ces audits d'"attaque" contre son pays et épinglant des "erreurs" se trouvant selon lui dans ces textes.

Les adversaires de Babis lui reprochent aussi le fait d'avoir appartenu au Parti communiste avant 1989 et sa collaboration présumée avec la police secrète de l'ex-régime totalitaire. En même temps, ils réclament la démission de sa ministre de la Justice, Marie Benesova, qu'ils soupçonnent de vouloir freiner, voire stopper, les poursuites judiciaires à l'encontre du Premier ministre.

En dépit de la contestation, le mouvement de droite populiste et libéral ANO dirigé par le Premier ministre avait remporté les élections européennes de la fin mai. Ses représentants ont par ailleurs fait échec à la tentative de mise en place d'un objectif de neutralité carbone au niveau de l'UE en 2050. Par ailleurs vainqueur des législatives de 2017, le mouvement populiste ANO, soutenu par environ 30% des électeurs, détient 78 des 200 sièges à la chambre basse du Parlement. Composé d'ANO et du parti social-démocrate CSSD, le gouvernement, minoritaire, est soutenu par les communistes.


La rédaction de TF1info

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