VIDÉO - Royaume-Uni : la désillusion des pro-Brexit face aux pénuries

Publié le 18 octobre 2021 à 10h51

Source : JT 20h WE

CONTRE-COUP - Depuis son divorce avec l’Union européenne, le Royaume-Uni est confronté à d'importantes difficultés économiques. Une crise vécue de plein fouet à Stoke-On-Trent, l'une des villes qui a le plus voté en faveur du Brexit.

Fermetures de magasin en cascade, fonds de commerce à vendre et échoppes abandonnées : en entrant à Stoke-On-Trent, au nord de Birmingham, il n'y a pas de doute, le dépérissement de l'activité saute aux yeux. "Il suffit de balader et de regarder", glisse une passante d’un air laconique, dans le reportage du 20H de TF1 en en-tête. 

Pavel Suder, commerçant anglo-polonais, importait des produits de sa terre natale et a dû fermer ses boutiques les unes après les autres. Ne lui reste qu’une épicerie, qu’il n’est pas sûr de pouvoir conserver à cause des barrières douanières, qui font grimper les prix de sa charcuterie. D’après Libération, les exportations vers l’Union européenne ont chuté de 12% et les importations de 13% entre juillet 2018 et juillet 2021. C’est le secteur alimentaire qui est le plus en peine, avec une baisse de 75% des exportations vers l’Europe en janvier dernier. 

Les salariés étrangers désertent

Comme pour de nombreux Européens de l’Est, la question du retour au pays se pose pour ce commerçant. "Une majorité de Polonais sont partis, même chose pour les Bulgares, les Roumains', détaille-t-il. "Ils ne se sentaient plus les bienvenus ici." Cette ville du centre de l’Angleterre a voté à 70% pour le Brexit, largement plus que la moyenne nationale, qui s'élevait à 51,89% de "oui" en juin 2016. "Les gens ont eu tendance à penser que les étrangers qu’ils voyaient dans leurs rues, dans leurs quartiers, allaient leur piquer leur travail", explique un habitant. "Pour moi, c’est absurde."

Les Britanniques n'avaient pas prévu que toute une main-d'œuvre qui faisait tourner des secteurs entiers de l'économie allait disparaître. Le transport routier, essentiel à l'économie de la région fondée sur le stockage et la redistribution, est particulièrement marqué par cette vague de départs. Une entreprise de salle de bain, présentée dans la vidéo en en-tête, a par exemple souffert de la pénurie des chauffeurs routiers, qui a obligé les sociétés partenaires à augmenter le salaire des travailleurs pour réussir à embaucher.

"C'est un immense problème", déplore Phil Peacock, chef d’entrepôt, dans le reportage en tête de cet article. "On est au centre géographique du pays, un carrefour de la logistique où le business des entrepôts a remplacé l’industrie traditionnelle." Selon le syndicat des transporteurs routiers, environ 100.000 postes sont vacants, relate Libération

"Ils nous ont menti sur tout"

A contrario, les entreprises qui s'en sortent sont celles qui ont su garder leur main-d'œuvre internationale, comme une société de distribution de pièces détachées électroniques qui exporte dans 179 pays dans le monde. "Les gens préfèrent entendre quelqu’un qui sache leur parler dans leur langue", explique le manager marketing. Mais l’entreprise n’échappe pas à l’obligation d’augmenter ses salaires, également confrontée à des problèmes de recrutement. 

La région de Stoke-On-Trent est emblématique de la transition industrielle qui a marqué le Royaume-Uni. Autrefois bassin minier, elle fut un bastion de la gauche travailliste avant que les conservateurs ne prennent la main sur le territoire en 2019. Plusieurs années après le vote crucial du Brexit, certains habitants regrettent leur choix. "Ça n’a pas tourné comme on l’aurait souhaité", admet l’une d’entre eux. "Ils nous ont menti sur tout", s’irrite un autre. 

Quelques voix estiment désormais que seule une réouverture des frontières pourrait rendre sa vivacité à l’ancienne capitale de la céramique et des poteries du pays, encore prisonnière de la nostalgie de son passé industriel glorieux qui avait beaucoup favorisé le vote pro-Brexit. 


La rédaction de TF1info

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