Qui sont les Afghans accueillis en France ?

Publié le 31 août 2021 à 17h06

Source : TF1 Info

PROFIL - En quinze jours, la France a évacué plus de 2600 ressortissants afghans grâce à un pont aérien à l’aéroport de Kaboul. Seuls 21 anciens auxiliaires et leur famille ont fait partie des passagers, selon le collectif d’avocats venant en aide aux interprètes afghans.

Samedi 28 août, le dernier avion militaire français a décollé de l’aéroport de Kaboul. En l’espace de deux semaines, l’armée est parvenue à évacuer 2834 personnes d’Afghanistan dans le cadre de l’opération spéciale Apagan et ça malgré le désordre suscité par la prise de pouvoir des talibans, le 15 août dernier. Parmi ces 2834 personnes, des diplomates et des expatriés français mais aussi plus de 2600 ressortissants afghans, qui ont été accueillis en France. 

"Une classe moyenne" visée par les talibans

Seuls 21 personnels civils de recrutement local (PCRL) - ces Afghans ayant travaillé avec l’armée française pendant son intervention dans le pays - ont figuré avec leur famille parmi les passagers évacués, selon le décompte du collectif d’avocats leur venant en aide. Cela parait peu au regard des 170 PCRL ayant demandé à être évacués après le retour au pouvoir des insurgés islamistes. "Il reste plus de 150 demandes en cours d’anciens auxiliaires de l’armée française, dont 33 qui ont obtenu une réponse positive de protection fonctionnelle devant les tribunaux mais n’ont pas pu être exfiltrés", précise à son tour Brice Andlauer, journaliste et co-auteur de "Tarjuman. Enquête sur une trahison française".

En effet, la plupart des Afghans exfiltrés par la France l’ont été grâce à leur statut et leur contact privilégié avec des institutions étrangères. Si l’enregistrement de ces futurs demandeurs d’asile est en cours, leur profil se dessine peu à peu. "Ce sont des personnes qui viennent de zones urbaines d’Afghanistan, essentiellement de Kaboul, et qui avaient une position sociale dans ces villes", souligne Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). 

La plupart des Afghans ayant bénéficié d’un visa pour la France sont des médecins, des procureurs, des personnes en lien avec des ONG ou des institutions internationales, comme des traducteurs ou des diplomates, mais aussi des artistes et des journalistes, selon Didier Leschi. Entre le 15 et le 27 août, la France a procédé largement à l’évacuation de membres de cette "société urbaine, en contact avec des occidentaux", et notamment dans la capitale afghane "où se trouve une classe moyenne dans le collimateur des talibans". 

Les enfants, un tiers des Afghans évacués

D’autres personnes ont fait l’objet de rapatriements dans le cadre de la réunification familiale, leur permettant ainsi de rejoindre leur conjoint ou conjointe ayant obtenu le droit d’asile en France, sans que l’on puisse encore estimer combien ils sont parmi les 2600 évacués. Mais les familles sont nombreuses à avoir été accueillies. Mardi 24 août, trois jours avant la fin des opérations françaises, les enfants représentaient un tiers des Afghans exfiltrés par l’armée française, expliquait Didier Leschi à nos confrères de France Inter

Depuis lundi 30 août, un guichet spécialement dédié aux demandes d’asile des Afghans évacués s’est ouvert à la préfecture de police de Paris. Ce dispositif doit servir à simplifier les procédures et ne pas obstruer les autres demandes en cours, alors que les premiers évacués ont terminé leur période de quarantaine et peuvent commencer leurs démarches administratives. 

Mais alors que l’ensemble des forces étrangères ont définitivement quitté l’Afghanistan, plusieurs milliers de personnes se trouvent livrées à leur propre sort. "Nous avons énormément de signalement pour quitter le pays", a confirmé Jean-Yves Le Drian ce mardi 31 août sur France 2. "Tous ces signalements sont aujourd’hui instruits par le quai d’Orsay", a poursuivi le ministre des Affaires étrangères, désignant par là ces ressortissants afghans "qui sont en danger par leur profession, que ce soit des journalistes, des avocats, des juges ou des militants". 


Caroline QUEVRAIN

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