TÉMOIGNAGES - Au pouvoir depuis le 15 août dernier en Afghanistan, les talibans interdisent aux femmes de travailler, de faire du sport ou d'aller à l'école secondaire. Malgré les menaces, certaines résistent. L'envoyée spéciale de TF1 dans le pays est allée à leur rencontre.
Depuis trois mois, les talibans ont pris le contrôle de la quasi-totalité de l'Afghanistan. Alors que de nombreuses personnes ont fui le pays et la menace de ce groupe fondamentaliste, d'autres tentent de survivre. Sous le précédent régime des talibans, il y a une vingtaine d'années, les femmes avaient été exclues de la sphère publique et la plupart ne pouvaient pas travailler.
Sous le régime actuel, qui affirme s'être "modernisé", les femmes continuent à voir leurs droits bafoués. Elles ne peuvent pas travailler, aller à l'école secondaire, ou même faire du sport, car elles risqueraient d'exposer leur corps, un crime pour les talibans. L'envoyée spéciale de TF1, Liseron Boudoul, raconte ce quotidien chaotique dans la vidéo du 20H en tête de cet article.
Lors du premier règne des talibans, les femmes étaient interdites de sport, ou de venir assister à des matchs. Comme un morbide symbole de cette interdiction, les stades servaient régulièrement pour des exécutions publiques. Actuellement, les femmes ne peuvent à nouveau plus faire du sport en Afghanistan. Officiellement. Car certaines résistent et choisissent de continuer leur pratique.
"C’est risqué parce qu’un homme n'a plus le droit d'enseigner un sport à des filles. Si les talibans font irruption ici, j'aurais de gros problèmes", confie Barez, entraîneur de Taekwondo, qui enseigne aux femmes.
Faire du sport, au péril de sa vie
Si le cours est fréquenté, toutes gardent en tête les menaces des talibans. Avant l'arrivée au pouvoir des talibans, le 15 août dernier, Hadia était championne de Taekwondo. "Je me sens comme un oiseau en cage. Je voudrais que les talibans comprennent les femmes, et nous donnent les mêmes droits que les hommes", regrette-t-elle. "Je veux partir d'ici si c’est possible", ajoute-t-elle.
Dos au mur, de nombreuses sportives ont décidé de fuir leur pays, pour rester libres et sauver leur vie. C'est notamment le cas de Semma, championne de boxe, réfugiée au Qatar depuis deux mois. "Les talibans m'ont envoyé une lettre pour me dire d’arrêter la boxe. J'ai eu très peur, je suis partie. Mon but est maintenant les Jeux olympiques, pour devenir la première championne Afghane médaillée", sourit-elle.
Rien n'a changé, ce sont les mêmes talibans qu'il y a vingt ans, avec le même régime.
Rocha, responsable d'agence bancaire
Pour rassurer la communauté internationale, les talibans assurent être attachés aux droits des femmes. En réalité, le quotidien des Afghanes est rythmé par les interdits. Pour les femmes qui ont le droit d'aller à l'université, chose très rare, elles doivent être séparées des hommes par une cloison. "On ne comprend pas, ce n’est pas moderne. On vit au XXIè siècle", dénonce Sarra, étudiante en économie.
Marque de résistance, le peu d'étudiantes dans cette université privée refusent d'être voilées intégralement pendant les cours. "On a le droit à notre liberté, on va continuer à résister", assure l'une d'entre elles.
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La plupart des femmes afghanes, privées d'éducation, de travail ou même de loisirs, ne sort plus de chez elles. Elles tentent de se réunir, en intérieur, pour se souvenir de leurs libertés qui étaient réalité il y a encore quelques mois. "Être une femme, c'est devenu un crime en Afghanistan", soupire Choukria, qui était responsable d'agence bancaire.
Son amie, Rocha, opine. "Rien n'a changé, ce sont les mêmes talibans qu'il y a vingt ans, avec le même régime. Ils ne redonneront pas leurs droits aux femmes. J'ai perdu mon espoir, j'ai perdu mes rêves et je ne sais vraiment pas ce qu'il nous arrivera dans le futur".