Tunisie : 11 nouveaux-nés sont morts en deux jours à la maternité publique de Tunis

par Mathilde ROCHE
Publié le 10 mars 2019 à 15h15

Source : Sujet TF1 Info

SCANDALE - 11 nouveaux-nés sont décédés dans la même maternité entre jeudi 7 et vendredi 8 mars, en Tunisie. Le ministre tunisien de la Santé, Abderraouf Chérif, a démissionné ce week-end après le tollé provoqué par cette tragédie.

C'est sur Facebook que l'annonce a été faite : la présidence du gouvernement tunisien a écrit sur sa page, samedi soir, que le Premier ministre Youssef Chahed acceptait la démission d'Abderraouf Chérif, le ministre tunisien de la Santé. Peu avant dans la soirée, le chef du gouvernement s'était rendu dans la maternité publique de la Rabta, à Tunis, où 11 nouveaux-nés sont morts entre jeudi 7 et vendredi 8 mars. "Les responsables de tout manquement seront poursuivis", a-t-il déclaré sur place, après l'indignation déclenchée par ces décès considérés comme révélateurs d'un délabrement du système de santé publique.

"Il y aura des réunions la semaine prochaine avec toutes les structures du secteur de la santé pour évaluer tous les problèmes", a ajouté le Premier ministre dans une vidéo diffusée par ses services. Il faut dire que les images de parents quittant l'hôpital avec le minuscule corps de leur enfant dans des cartons usagés ont choqué l'opinion tunisienne. Les onze nouveaux-nés étaient internés à la maternité de la Rabta, qui fait partie d'un important complexe hospitalier de la capitale.

Enquêtes ouvertes

Depuis l'annonce des décès, une organisation de médecins suspecte une infection déclenchée par un produit d'alimentation. Elle appelle "les autorités à faire toute la lumière" sur les faits et rappelé "l'urgence de prendre des décisions pour sauver l'hôpital public". Une enquête sanitaire et une autre enquête judiciaire ont été ouvertes. 

Samedi soir, le ministère de la Santé a indiqué à son tour dans un communiqué que les décès ont "probablement" été causés par un "choc septique" dû à une infection du sang. "Les éléments de l'enquête en cours s'orientent vers une infection nosocomiale (contractée au cours de l'hospitalisation, ndlr) sévère, dont le point de départ est un produit d'alimentation parentérale", c'est à dire administré par sonde gastrique, a précisé la société tunisienne de pédiatrie dans un communiqué publié sur Facebook. 

"Des mesures de prévention et de traitement ont été prises afin d'éviter d'autres victimes" et de "s'assurer de l'état de santé des autres bébés de la maternité", a indiqué samedi le ministère de la Santé, sans préciser le nombre de nouveaux-nés infectés.

Un service de santé publique en perdition

Le président de la Société tunisienne de pédiatrie, Mohamed Douagi, avait alerté sur sa page Facebook il y a quelques mois de la situation dans cette maternité, qui gère 15.000 naissances par an. Un service de réanimation néonatale s'est retrouvé avec "la seule chef de service et ses deux assistantes", après un départ de médecins, avait-il souligné, accusant le gouvernement de chercher à faire des économies dans un secteur "mourant". De nombreux praticiens tunisiens quittent le pays pour trouver de meilleures conditions de travail à l'étranger. Le pays, qui a promis au Fonds monétaire international, de diminuer son déficit budgétaire, peine à réorganiser des services publics qui périclitent.


Mathilde ROCHE

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