AFFRONTEMENTS - Dix-sept personnes sont mortes lundi en République démocratique du Congo dans des violences ayant éclaté à Kinshasa avant une manifestation d'opposition, selon un bilan provisoire. Les opposants réclament le départ du président Kabila et l'organisation au plus vite de l'élection présidentielle. Jointe par LCI, la proviseure du lycée français explique que l'établissement a été fermé par mesure de sécurité.
La situation dégénère en République démocratique du Congo (RDC). Au moins 17 personnes ont été tuées lundi selon les autorités – 50 selon l'opposition – dans des violences et pillages survenues à Kinshasa, où devait défiler un cortège hostile au président Joseph Kabila. Le but des opposants ? Signifier au chef de l’Etat son "préavis", trois mois jour pour jour avant l’expiration de son mandat. Et obtenir au plus vite l’organisation de la présidentielle.
"A la mi-journée, le triste et douloureux bilan provisoire de ces actes de barbarie et d'extrême sauvagerie" est de "17 morts, dont trois policiers et quatorze civils parmi les pillards", a déclaré le ministre de l’Intérieur congolais, Évariste Boshab. L'un des policiers a été brûlé vif, selon le ministre. Il s'agit des pires violences enregistrées à Kinshasa depuis les émeutes de janvier 2015, au cours desquelles plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées. Des journalistes de l'AFP ont également constatés que deux sièges de partis d'opposition ont été incendiés à Kinshasa pendant la nuit.
"Il faut respecter l'ordre constitutionnel"
Selon plusieurs témoins, Kinshasa, mégalopole aux 10 millions d’habitants, a des airs de ville morte ce lundi. Une situation tendue qu’Emmanuelle Marqui confirme à LCI. Jointe par téléphone, la proviseure du lycée français de la capitale congolaise – il accueille plus de 700 élèves – confirme que l’établissement a été fermé à la mi-journée "sur consigne de l’ambassade". "Nous avons ouvert ce matin, et il y avait très peu d’élèves présents. Les parents sont venus les récupérer à midi." Le personnel reste néanmoins sur place, le complexe incluant un immeuble résidentiel où sont logées plusieurs personnes. "La situation est stable pour le moment, nous attendons des consignes pour savoir si nous ouvrirons demain", précise Emmanuelle Marqui.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a jugé la situation en République démocratique du Congo "très dangereuse et extrêmement préoccupante". "Il faut respecter l'ordre constitutionnel", a-t-il affirmé à la presse à propos de la possibilité d'un maintien au pouvoir du président Joseph Kabila, âgé de 45 ans. Un possible maintien qui a mis le feu aux poudres : la Constitution congolaise interdit à celui qui est arrivé au pouvoir en 2001, après l'assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila, de se représenter. Mais il ne donne aucun signe de vouloir partir.
Réuni autour de l'opposant Étienne Tshisekedi et de son parti l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), un "Rassemblement" des principaux partis d'opposition avait ainsi appelé à manifester lundi dans tout le Congo pour signifier à Joseph Kabila son "préavis", trois mois avant l'expiration de son mandat, le 20 décembre, et exiger la convocation de la présidentielle avant cette date.
Vidéo- De violents heurts ont éclaté ce lundi à Kinshasa :