DIPLOMATIE - Kim Jong Un a été accueilli en grande pompe à Pékin pour sa première visite en Chine. Un rapprochement qui tombe à pic pour les autorités chinoises, mises à l'écart ces dernières semaines sur la scène internationale.
Le retour de la Chine dans le casse-tête nord-coréen. En officialisant ce mercredi la présence de Kim Jong-Un durant trois jours à Pékin, Xi Jinping offre à la diplomatie chinoise un retour au premier plan.
Depuis plusieurs semaines, la Chine a en effet pu paraître marginalisée. Essentiellement suite à l'annonce d'un prochain sommet Kim-Trump, en son absence. Les relations bilatérales s'étaient également tendues ces dernières années en raison du soutien croissant de Pékin aux sanctions économiques de l'ONU - destinées à enrayer les programmes balistique et nucléaire de Pyongyang. Autre argument, symbolique celui-ci : le leader nord-coréen n'avait encore jamais rencontré le président chinois Xi Jinping depuis sa prise de pouvoir, il y a six ans.
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"Un soutien de la Chine pour obtenir des garanties des Etats-Unis"
Pour faire oublier cette période agitée et sceller les retrouvailles, Kim Jong-Un s'est ainsi offert une escapade chinoise durant quatre jours. Tout sauf un hasard : sa rencontre avec Xi Jinping intervient à quelques semaines de deux rendez-vous importants, avec le président sud-coréen Moon Jae-in (fin avril) puis avec le président américain Donald Trump (d'ici fin mai). Des rencontres que le jeune leader anticipe en se rendant en Chine, un allié historique dont il a plus que jamais besoin. "La Corée du Nord a besoin de son grand frère chinois pour le protéger dans ce moment crucial", a assuré à l'AFP Deng Yuwen, expert chinois des relations internationales.
"Kim recherche peut-être un allègement des sanctions et aussi un soutien de la Chine pour obtenir des garanties des Etats-Unis en matière de sécurité", suppose Bonnie Glaser, du Centre pour les études internationales et stratégiques (CSIS) à Washington. "Il pense peut-être que (venir à Pékin) lui donne un atout supplémentaire" avant les sommets avec les présidents sud-coréen et américain.
Si la Chine se réjouit de la baisse des tensions dans la péninsule à la faveur des Jeux olympiques d'hiver le mois dernier en Corée du Sud, elle souhaite par surtout conserver toute son influence sur Pyongyang. Elle ne veut pas d'une péninsule coréenne nucléarisée. Mais elle ne veut pas non plus d'une quelconque avancée vers la réunification" entre les deux Corées, a expliqué dans la lettre d'information Sinocism le sinologue Bill Bishop. En effet, la Chine craint plus que tout un effondrement du régime de Kim Jong Un: celui-ci pourrait provoquer un afflux de réfugiés et permettre à l'armée américaine, déjà basée en Corée du Sud, de stationner à la frontière chinoise dans une Corée potentiellement réunifiée.