RÉACTIONS - En reprochant à Christine Blasey Ford d'avoir attendu tant d'années avant de dénoncer Brett Kavanaugh, candidat à la Cour Suprême adoubé par Trump, le président des Etats-Unis a déclenché un raz-de-marée d'explications de victimes de viol et d'agressions sexuelles.
C'est l'affaire qui agite les Etats-Unis et qui pourrait faire basculer la Cour Suprême. Brett Kavanaugh, candidat de Donald Trump, est accusé d'agressions sexuelles par une universitaire, Christine Blasey Ford. Pour tenter de discréditer son témoignage, Donald Trump a reproché à Christine Blasey Ford de ne pas avoir porté plainte suite à l'agression sexuelle dont elle dit avoir été victime. En réaction, des milliers de personnes ont expliqué sur Twitter les raisons pour lesquelles elles n'avaient pas alerté les autorités pour les cas de viols et d'agressions sexuelles, qu'elles ont subies.
Avec le hashtag, #WhyIDidntReport" ("Pourquoi je n'ai pas porté plainte") des dizaines de milliers de victimes ont déclenché une mini-tornade sur le réseau social. Un mot-clé qui fait écho à celui lancé l'année dernière, le devenu célèbre, #Metoo ("moi aussi").
C'est Alyssa Milano qui a lancé le mot-clé, en milieu de journée, ce vendredi, aux Etats-Unis. "J'ai été agressée sexuellement deux fois, une fois adolescente. Je n'ai jamais porté plainte à la police et il m'a fallu 30 ans pour en parler à mes parents. Si d'autres victimes d'agressions sexuelles veulent ajouter à ce témoignage, faites-le en répondant", a tweeté Alyssa Milano, avant de proposer le nouveau hashtag, #whyididntreport.
Hey, @realDonaldTrump , Listen the fuck up. I was sexually assaulted twice. Once when I was a teenager. I never filed a police report and it took me 30 years to tell me parents. If any survivor of sexual assault would like to add to this please do so in the replies. #MeToo https://t.co/n0Aymv3vCi — Alyssa Milano (@Alyssa_Milano) 21 septembre 2018
Ashley Judd a embrayé peu après, pour raconter comment ses récits d'abus puis de viol subi à l'adolescence avaient été fustigés par ses proches. "La première fois, j'avais 7 ans. Je l'ai dit aux premiers adultes que j'ai vus. Ils m'ont répondu que c'était un vieil homme gentil et que ce n'était pas ce que cela semblait être. Alors quand j'ai été violée une seconde fois, à 15 ans, la seule personne à qui le j'ai dit, c'est mon journal intime. Quand un adulte l'a lu, elle m'a accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec un adulte", a écrit l'actrice.
#WhyIDidntReport . The first time it happened, I was 7. I told the first adults I came upon. They said “Oh, he’s a nice old man, that’s not what he meant.” So when I was raped at 15, I only told my diary. When an adult read it, she accused me of having sex with an adult man. — ashley judd (@AshleyJudd) 21 septembre 2018
Gretchen Whitmer, candidate démocrate au poste de gouverneur du Michigan, a, elle aussi , expliqué pourquoi elle n'avait pas porté plainte. "Parce que j'avais 18 ans, j'étais effrayée, je pensais que personne n'allait me croire, parce que je ne savais pas où aller, je connaissais mon agresseur, cela aurait brisé le coeur de mes parents, je ne voulais pas être définie comme étant la victime d'un acte criminel", a écrit la politicienne.
Because I was 18 I was scared I didn’t think I’d be believed I didn’t know where to go I knew my assailant I couldn’t break my parents’ hearts I didn’t want to be defined by someone else’s violent criminal act #WhyIDidntReport — Gretchen Whitmer (@gretchenwhitmer) 22 septembre 2018
L'actrice Mira Sorvino, elle aussi, a expliqué la raison pour laquelle, elle avait gardé le silence. "Parce que la première fois, rien n'a été fait et plus tard, j'ai pensé que je n'étais pas assez importante pour le faire. J'avais tort".
#WhyIDidntReport because the first time I did for a serious sexual assault as a teenager nothing came of it, and later I felt that I wasn’t important enough to make a big deal over. I was wrong. — Mira Sorvino (@MiraSorvino) 22 septembre 2018
Des milliers de témoignages d'internautes ont afflué dans la lignée des témoignages de ces personnalités publiques.
#WhyIDidntReport parce qu'on ne m'aurait jamais écoutée, parce qu'au début j'étais consentante, parce qu'il n'y a pas de preuves, il ne devrait même pas y avoir à se justifier. Juste, parce que. — Annabelle Ducret (@AnnabelleDucret) 22 septembre 2018
#WhyIDidntReport parce que j'avais 5 ans, lui 10 de plus, que c'était mon cousin et que ça ne m'est revenu entièrement que l'année dernière. 28 ans de bribes et de flashes qui m'ont enfin explosés à la gueule. — Helpi·e (@Helpy_) 22 septembre 2018
J'avais 10 ans J'étais en vacances en Algérie chez ma grand mère maternelle. Mon père s'est disputé avec elle. On a passé le reste des vacances chez des cousins à lui. L'un d'eux m'a violé. Je ne voulais pas qu'il y ait plus de problème. Je n'ai rien dit. #WhyIDidntReport — PaulineValance (@FandeEmrys) 22 septembre 2018
#WhyIDidntReport parce que j'avais 5 ans, lui 10 de plus, que c'était mon cousin et que ça ne m'est revenu entièrement que l'année dernière. 28 ans de bribes et de flashes qui m'ont enfin explosés à la gueule. — Helpi·e (@Helpy_) 22 septembre 2018
1m90 venu me voir avec sa femme, soudain il éclata en sanglots comme quand il était gamin et qu’il se faisait violer par X dans son village. Plus de 40 ans pour en parler. Tout était à l’époque prescrit. Il est reparti avec des cicatrices rouvertes #WhyIDidntReport — Avokayon alias Père Castor (@Avokayon) 22 septembre 2018
La journaliste du Washington Post, Abigail Haulnohner écrit pour sa part : "J'avais 17 ans, violée par un ami. J'étais confuse. Dans le déni. Effrayée. Ses parents étaient plus riches et avec plus de réseaux que les miens. C'était un bon élève, tout le monde l'appréciait. La seule personne à qui j'en ai parlé m'a dit qu'"il n'avait pas voulu faire cela". Je pensais que personne ne pourrait m'aider".
I was 17. Raped by a friend. I was confused. In denial. Afraid. His parents were richer & better connected than my parents. He was a "good" student. Ppl liked him. The only friend I told--responded w: "He wld never do that." I didn't think anyone would help me. #WhyIDidntReport https://t.co/YbCuIMg07M — Abigail Hauslohner (@ahauslohner) 21 septembre 2018
L'association Rainn, qui vient en aide aux victimes a d'ailleurs expliqué dans des tweets, quelques-unes de ces très nombreuses raisons.
Thread—According to DOJ statistics, victims of sexual violence gave the following reasons for not reporting to police: — RAINN (@RAINN) 21 septembre 2018
"La peur des représailles", "l'idée que la police ne peut rien faire", "celle qui fait que ce n'est pas très important", "ne pas vouloir que l'agresseur soit mis en difficulté"... Autant de raisons qui reviennent régulièrement, dans les justifications des victimes.