Covid-19 : l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui"

MM (avec AFP) et LL
Publié le 10 septembre 2021 à 19h59, mis à jour le 10 septembre 2021 à 21h57

Source : TF1 Info

JUSTICE - L'ancienne ministre de la Santé a été auditionnée pendant neuf heures par des magistrats de la Cour de justice de la République (CRJ), ce vendredi. En plus de sa mise en examen, elle a été placée sous le statut de témoin assisté pour "abstention volontaire de combattre un sinistre".

Elle était convoquée ce vendredi 10 septembre au matin, dans le cadre d'une enquête sur la gestion de l'épidémie de Covid-19. Auditionnée par des magistrats de la Cour de justice de la République (CJR), Agnès Buzyn en est ressortie mise en examen pour "mise en danger de la vie d'autrui", selon le parquet général de la CJR.

Au ministère de la Santé au début de la crise sanitaire, l'ex-membre du gouvernement nommée en 2017 a également été placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour "abstention volontaire de combattre un sinistre", a précisé la même source.

Agnès Buzyn, première personnalité mise en cause dans le vaste dossier de la gestion de la crise sanitaire en France, avait démissionné en 2020 au début de l'épidémie de Covid-19 pour briguer la mairie de Paris sous les couleurs de La République en Marche. Elle avait aussitôt été remplacée par Olivier Véran, toujours en poste, tandis qu'elle rejoignait en janvier dernier l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), à Genève, où elle est désormais en charge des questions multilatérales.

La convocation de la médecin a lieu dans le cadre de l'enquête menée depuis juillet 2020 par la CJR - la seule juridiction habilitée à juger des ministres dans l'exercice de leur fonction - sur la manière dont le gouvernement a géré la pandémie.

"Un précédent dangereux"

Cette décision n'a pas manqué de faire réagir des membres de la classe politique, dont certains redoutent "un précédent dangereux". "Un ministre de l'Intérieur peut-il demain être tenu pour responsable pénalement d'un attentat qui serait commis puisqu'une ministre de la Santé semble pouvoir l'être pour la gestion d'une pandémie mondiale ?", détaille Aurore Bergé, députée des Yvelines et président déléguée de La République en Marche (LREM). "Si les Français considèrent qu'un gouvernement a insuffisamment agi, n'a pas obtenu les résultats escomptés, n'a pas pris les orientations souhaitées : cela se sanctionne dans le cadre des élections. Ça ne se règle pas au tribunal." 

À l'inverse, Bastien Parisot, militant de la France Insoumise, se réjouit de cette décision. "Evidemment, la mise en examen d'Agnès Buzyn est une bonne nouvelle, tant ses déclarations au début de la crise Covid-19 se sont révélées mensongères." Toutefois, il conteste le fait qu'elle endosse les responsabilités pour l'ensemble des membres du gouvernement. "Mais, il serait inacceptable de la voir service de fusible pour tous. Est-elle la seule responsable ?", questionne-t-il. "Evidemment pas." 

Nicolas Dupont-Aignan, Président de Debout la France, dénonce, lui, directement le chef de l'Etat. "Attention, le vrai responsable, c'est Emmanuel Macron ; et si la justice intervient, c'est parce que le politique n'a pas joué son rôle ! Les oppositions se sont aplaties devant la négligence et la médiocrité, qui se poursuivent : soins, lits, purificateurs..." , affirme-t-il. 

"ça l'a fout mal", a enfin réagi Gilbert Collard, député français du groupe Identité et Démocratie (ID). "Même si cela est loin de valoir une condamnation, tout de même, dans ce contexte de contestation sanitaire, ça la fout mal". 

"On aurait dû tout arrêter"

Alors que le monde commençait à prendre peur après les informations alarmantes venant de Wuhan, en Chine, celle qui est hématologue de formation avait pris la parole à l'Élysée le 24 janvier 2020 pour dire : "Les risques de propagation du coronavirus dans la population sont très faibles". Avant de préciser que cette analyse pouvait "évoluer".

Mais quelques jours après sa défaite électorale aux municipales, alors que la France se confinait, elle créait un tollé en disant dans Le Monde du 17 mars 2020 : "Quand j’ai quitté le ministère, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous". "Depuis le début, je ne pensais qu'à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c'était une mascarade", avait-elle encore dit au quotidien, au sujet du processus électoral.

Des propos confirmés en juin 2020 devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise sanitaire : elle avait indiqué avoir alerté l'Élysée et Matignon en janvier sur le "danger" potentiel du coronavirus.

Depuis, la CJR, a reçu de nombreuses plaintes liées au Covid-19, "14.500" selon le procureur général près la Cour de cassation François Molins, mercredi.


MM (avec AFP) et LL

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