Disparition de Delphine Jubillar : "À Cagnac, bien sûr que les gens ont peur"

Publié le 29 décembre 2020 à 17h50, mis à jour le 29 décembre 2020 à 18h06

Source : JT 20h Semaine

FAIT DIVERS – Infirmière et mère de famille, Delphine Aussaguel, épouse Jubillar, 33 ans, a disparu depuis deux semaines. La piste criminelle est privilégiée et la jeune femme est introuvable.

"On aimerait bien vous dire que non, mais on ne va pas raconter de salades. Oui, bien sûr, aujourd'hui à Cagnac, les gens ont peur", confie ce mardi à LCI un des 2500 habitants de la commune de 24,7 km² du Tarn. Ce 29 décembre est en effet une date pas comme les autres pour ceux qui vivent ici. Il y a deux semaines, dans la nuit du 15 au 16 décembre, disparaissait Delphine Aussaguel, épouse Jubillar. 

L'infirmière âgée de 33 ans, mère de deux enfants âgés de 18 mois et 6 ans aurait quitté le domicile entre 23h et 4h du matin avec les deux chiens de la famille selon un témoin. Selon Cédric Jubillar, époux de la trentenaire, les canidés sont rentrés dans la matinée. La jeune femme elle n'a jamais été revue.

"On a cru à tout. Une crise de couple, une dispute, quelques jours pour prendre l'air le temps que ça passe. En fait, ça fait deux semaines qu'elle reste introuvable. Pourtant, d'importants moyens ont été mis en place : des gendarmes et des chiens mobilisés, des hélicoptères, un appel à témoin, une battue citoyenne avec 1800 personnes, deux perquisitions, une maison passée au Bluestar, des auditions... Et tout ceci n'a rien donné. On ne comprend pas. Alors oui, la psychose qui s'est progressivement installée et je peux vous dire qu'elle ne disparaitra pas tant que Mme Jubillar ne sera pas retrouvée", reconnait une commerçante. 

"Sous couvert d'anonymat"

Le 23 décembre, un peu plus d'une semaine après la disparition de la jeune femme, le parquet de Toulouse a ouvert une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration" et se refuse désormais, comme le veut le cadre procédural, à tout commentaire. 

 

"Le domicile du couple a été placé sous scellé. Les gendarmes continuent leurs investigations et explorent tous les sites possibles. Les puits notamment de la commune et des alentours sont regardés de près. Tout le monde veut garder espoir, mais à mesure que les jours passent cela devient de plus en plus compliqué", admet à regrets Patrice Norkowski, maire de Cagnac-les-Mines. 

D'ailleurs, la plupart des personnes à Cagnac-les-Mines préfèrent ne plus évoquer  ce triste événement et quand elles acceptent de répondre à quelques questions, elles se  refusent pour beaucoup  à donner leur prénom. "On sait que la piste criminelle est désormais privilégiée. Si tout ça est confirmé, cela veut dire qu'il y a un quelqu'un de dangereux dans la nature. Passer les fêtes de fin d'année dans cette ambiance, ça n'est pas très rassurant", ajoute une habitante de la commune. 

De surcroit, la disparition de Delphine Jubillar n'a pas manqué d'engendrer les plus sordides rumeurs. "Le procès de Jonathann Daval a été surmédiatisé, alors oui, il y a eu bon nombre de comparaisons dans la ville et ailleurs. Sur les réseaux, sur le net, des gens désignent Cédric Jubillar comme le coupable, qui le traitent de 'menteur' dans des vidéos, qui disent qu'il avait une attitude étrange lors de la battue et que son silence face au journaliste est suspect. La jeune femme voulait se séparer de son mari, ils faisaient chambre à part, disent certains.  Mais cela ne fait pas de cet homme, présumé innocent, un coupable et encore moins un meurtrier", s'indigne une source proche du dossier. "À chaque fois, dans ces affaires, des anonymes s'improvisent enquêteurs et nourrissent les pires thèses. Il faut laisser les forces de l'ordre et la justice travailler, c'est tout."

Cellule psychologique

En attendant d'éventuelles avancées dans l'enquête, la Ville souhaite mettre en place une cellule psychologique pour les habitants, mais aussi pour les enfants dont 250 reprendront le chemin de notre école lundi prochain. "Cédric Jubillar et ses enfants ne sont plus dans la maison familiale. Nous ne savons pas si le plus grand qui a six ans retournera lundi prochain en classe. Mais il y aura probablement des interrogations de la part des parents d'élèves et des enfants", commente Patrice Norkowski, maire de Cagnac-les-Mines. 

L'édile se démène depuis plusieurs jours pour mettre en place cette cellule et espère y parvenir à temps. D'ici là, il espère, comme beaucoup, qu'il y aura du nouveau dans cette affaire même s'il a dû mal à croire encore aujourd'hui à un dénouement heureux. 

Toutes les personnes disposant d'éventuelles informations pouvant aider les enquêteurs peuvent contacter la gendarmerie d'Albi 7  jours sur 7, 24h sur 24 au 0 800 87 89 32.


Aurélie SARROT

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