Procès du meurtre d'Arthur Noyer : Nordahl Lelandais ne fera pas appel

Tiphaine Pioger et Thibault Malandrin
Publié le 11 mai 2021 à 8h50, mis à jour le 12 mai 2021 à 0h53

Source : JT 20h Semaine

JUSTICE - Nordahl Lelandais a été reconnu coupable, mardi 11 mai, du meurtre d'Arthur Noyer, en avril 2017, près de Chambéry. La cour l'a condamné à une peine de 20 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux tiers. Suivez le procès en direct.

Ce live est à présent terminé. 

Sans l'affaire Maëlys, l'affaire Noyer aurait-elle été résolue un jour ? Un peu plus de quatre ans après la disparition du caporal de 23 ans dans la nuit du 11 au 12 avril 2017 en Savoie, son meurtrier présumé va être jugé à partir de ce lundi 3 mai et jusqu'au 12 mai par la cour d'assises de Savoie sise à Chambéry. 

L'ancien militaire et maître-chien, âgé de 38 ans aujourd'hui, avait en effet été mis en examen le 3 septembre 2017 pour l'enlèvement de Maëlys de Araujo le 26 août à Pont-de-Beauvoisin (Isère). Ce même mois de septembre 2017, l'enquête sur la mort d'Arthur Noyer, jeune chasseur alpin disparu près de Chambéry au printemps, identifie une voiture similaire à celle conduite par Nordahl Lelandais. Dans le même temps, le crâne du jeune homme est retrouvé par des promeneurs. 

Le 30 novembre, Nordahl Lelandais est mis en examen pour le meurtre de Maëlys. Deux semaines plus tard, le 18 décembre, il est extrait de sa cellule et placé en garde à vue dans le cadre de l'affaire Noyer. Quand les enquêteurs lui demandent s'il connaît le caporal, Nordahl Lelandais répond : "Heu… ça me dit quelque chose oui, c'est un militaire qui a disparu en Savoie", puis ajoute voir vu sa photo dans les médias. Le suspect ignore alors que les gendarmes ont entre les mains de sérieux éléments le mettant en cause. 

Des images de vidéosurveillance montrent son Audi sur les lieux de la disparition dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, elles montrent aussi un homme vêtu d'un bas de jogging siglé "Marshall" - survêtement saisi dans la cellule du suspect. La téléphonie géolocalise le maître-chien sur les même lieu que le suspect. Enfin, l'exploitation de son ordinateur a montré des recherches le 25 avril 2017 relative à la "décomposition du corps humain". 

Il finit par avouer son implication

Mis en examen le 20 décembre 2017 pour l'assassinat du caporal Noyer, Nordahl Lelandais a dans un premier temps nié toute participation à cette mort.  "Je n'ai rien à voir avec la disparition d'Arthur Noyer", indiquait dans un premier temps le détenu aux enquêteurs qui ont relevé au cours de la garde à vue sa "froideur émotionnelle" et son "détachement" sur cette affaire. 

Après avoir indiqué ne pas pouvoir répondre à la question de savoir s'il avait fait monter ou non dans sa voiture, le 12 avril 2017, le suspect finit par admettre, en février 2018, avoir pris le caporal "en stop" mais nie toute implication dans sa mort. Le 29 mars 2018, cependant, il conduit les enquêteurs sur les lieux de la découverte des ossements et reconnaît avoir tué le caporal Noyer. Il évoque alors une bagarre qui aurait mal tournée. 

Ainsi, selon Nordahl Lelandais, Arthur Noyer, qui avait passé une partie de la soirée avec des amis en discothèque, était quand il l'a transporté "alcoolisé" et "énervé" par le vol de son téléphone dans la nuit, dont il l'accusait. Le maître-chien affirme que le jeune homme lui aurait alors porté un coup, et qu'il aurait riposté, déclarant avoir été "très violent dans ses coups", sans pouvoir dire combien en lui en avait donnés. 

Selon lui, Arthur Noyer serait tombé après "un coup droit" et se serait "retrouvé au sol inanimé". Nordahl Lelandais indique avoir alors pris son pouls, constaté son décès et avoir tenté de le réanimer, en vain. Il l'aurait ensuite mis dans son coffre, aurait pris la direction du lac de la Thuile à Chambéry avant de sortir le corps de l'habitacle, de le faire glisser dans le bas-côté de la route et de quitter les lieux.

Le trentenaire bisexuel a toujours contesté avoir tenté d'avoir une relation sexuelle ce-soir là avec le caporal. Il a reconnu qu'il avait consommé de l'alcool et de la cocaïne le soir des faits.

En discothèque dès le lendemain du meurtre

Le 12 avril 2017 au soir, quelques heures après la mort d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais a repris une vie normale. Les investigations ont en effet montré qu'il était allé en discothèque. Il fallait "qu'il voit du monde pour essayer d'oublier ce qu'il s'était passé" selon lui. 

Le 17 juin 2020, les juges d'instruction de Chambéry ont renvoyé Nordahl Lelandais devant les assises de la Savoie pour "meurtre" et non pour "assassinat", considérant qu'il n'avait pas prémédité son geste.  Pour les parents du jeune caporal pourtant, il y a bien eu préméditation dans ce meurtre. "J'ai la conviction que c'est un assassin", confiait Didier Noyer, le père de la victime il y a quelques jours dans la presse. 

Vendredi, trois jours avant le début du premier procès de Nordhal Lelandais, mis en cause au total dans cinq affaires de meurtres ou d'agressions sexuelles, les parents du jeune homme et leur avocat ont appelé à la "dignité". "Pour la mémoire d’Arthur", Me Bernard Boulloud a demandé à tous les soutiens de la famille d’être "les plus dignes et les plus sereins possible, dans la salle d'audience, naturellement, mais également au dehors". Les membres de la famille "seront là pour faire face, chacun, à l'assassin de leur fils, de leur frère et de leur petit-fils", a précisé l’avocat devant la presse.

"Nous sommes prêts", a brièvement indiqué pour sa part Didier Noyer, le père de la victime, vendredi dernier aux côtés de sa femme Cécile et de son autre fils Quentin. Ils ont dit attendre "que justice soit faite" mais assurent ne pas appréhender la confrontation avec Nordahl Lelandais qu'ils n'ont vu à présent qu'en photo.

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Disparitions inquiétantes, crimes passionnels,  ou machinations diaboliques… Découvrez les secrets des faits-divers les plus marquants. Tueurs en série, amants démoniaques, tous pensaient avoir commis le crime parfait. Mais tous, sont aujourd’hui derrière les barreaux. Qui sont ces meurtriers ? Et comment les policiers sont-ils parvenus à les confondre ? La découverte de la vérité ne tient parfois qu’à un fil… Grâce aux témoignages de tous les protagonistes, des enquêteurs aux familles des victimes, Jacques Pradel vous fait revivre ces enquêtes incroyables, riches en rebondissements et en émotions…


Tiphaine Pioger et Thibault Malandrin

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