Danièle Obono dépeinte en esclave : le magazine "Valeurs actuelles" condamné pour injure raciste

Maxence GEVIN avec AFP
Publié le 29 septembre 2021 à 15h05
Plusieurs élus LFI au soutien de leur collègue, Danièle Obono.
Plusieurs élus LFI au soutien de leur collègue, Danièle Obono. - Source : Bertrand GUAY / AFP

CONTROVERSE - L'hebdomadaire ultraconservateur "Valeurs actuelles", qui avait publié en août 2020 un récit dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave, a été condamné mercredi pour injure publique.

Valeurs actuelles sanctionné. Le magazine ultraconservateur a été condamné ce mercredi 29 septembre pour "injure publique" après la publication, en août 2020, d'un récit dépeignant la députée Danièle Obono (La France insoumise) en esclave. 

Le directeur de publication du magazine, Erik Monjalous, renvoyé devant le tribunal pour ce délit, a été condamné à une amende de 1500 euros et à verser 5000 euros de dommages et intérêts à Danièle Obono. La sanction prononcée est identique pour le directeur de la rédaction, Geoffroy Lejeune, et le rédacteur de l'article, Laurent Jullien, jugés pour leur part pour complicité.

Condamnation unanime de la classe politique

Selon le journal, cet article de sept pages, intitulé "Obono l'Africaine", dépeint comme un exercice de "politique-fiction", racontait comment la députée de Paris expérimentait "la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle. La native du Gabon était ainsi transportée dans un village d'Afrique au XVIIIe siècle, puis vendue comme esclave à un notable arabe, avant d'être rachetée par un religieux français et ramenée en France. 

À sa sortie, accompagné de dessins de la parlementaire collier en fer au cou, le pamphlet avait été unanimement condamné par la classe politique. Emmanuel Macron avait également appelé la victime de ces propos pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme".

Des injures racistes travesties sous l'apparence de la création
Le procureur lors du procès de Valeurs actuelles

Lors de l'audience, fin juin, les prévenus avaient mis en avant leur volonté de pointer "le déni" du courant racialiste - auquel Danièle Obono faisait, selon eux, partie - "vis-à-vis de l'esclavage opéré par des Africains vis-à-vis d'autres Africains". Tous trois avaient invoqué la "satire" politique, tout en regrettant la tournure de la polémique. Plusieurs témoins, parmi lesquels Philippe Val - l'ancien directeur de publication - et Lilian Thuram - ancien défenseur international tricolore - s'étaient succédé à la barre. 

De son côté, le procureur avait estimé que "des injures racistes travesties sous l'apparence de la création" étaient "tout aussi dangereuses que l'attaque frontale". Dans son réquisitoire, il avait réclamé une amende de 1500 euros pour chacun des prévenus.


Maxence GEVIN avec AFP

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