Le journaliste Rémy Buisine a-t-il vraiment refusé de répondre à l'IGPN?

Publié le 27 novembre 2020 à 15h52, mis à jour le 27 novembre 2020 à 16h05
Le journaliste Rémy Buisine a-t-il vraiment refusé de répondre à l'IGPN?
Source : Alain JOCARD / AFP

POLICE - Le ministre de l'Intérieur a annoncé ce jeudi que le journaliste Rémy Buisine, qui accuse un policier de l'avoir "molesté", n'avait "pas pour l'instant souhaité répondre aux questions" de l'IGPN. C'est faux.

La victime mettrait en cause les forces de l'ordre de violences, mais refuserait de répondre à la police des polices. C'est ce qu'a insinué ce jeudi 26 novembre Gérald Darmanin. Sur le plateau du 20H de France 2, le ministre de l'Intérieur est revenu sur le rapport de l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) après l'évacuation musclée par les forces de l'ordre d'une action de migrants qui avait lieu à Paris, lundi dernier. En fin de propos, l'invité a ainsi tenu a confié que l'une des personnes qui accuse les forces de l'ordre de violences, à savoir le journaliste Rémy Buisine, n'avait pas "souhaité répondre aux questions" des enquêteurs. Des propos contredits par le rapport de l'IGPN et par le journaliste en question.

"C'est évidemment faux"

En tout, trois enquêtes ont été confiées à l'IGPN après la diffusion des images "choquantes", selon les termes du ministre de l'Intérieur, de cette nuit place de la République. D'abord, celle après la vidéo d'un commissaire de police qui fait tomber un réfugié en lui faisant un croche-pied "totalement injustifié". Une autre après le coup de pied du même individu sur un manifestant. Il s'agit cette fois-ci d'un "geste professionnel référencé" qui n'a pas "blessé l'usager". Et enfin une troisième, la seule qui n'a pas encore conduit à des conclusions, qui concerne le journaliste de Brut. Elle fait suite à l'ouverture par le parquet de Paris, le 24 novembre, d'une enquête pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique" après que le média en ligne avait rapporté que son journaliste avait été "molesté à plusieurs reprises par un policier" la veille au soir. 

Sauf que, comme le note le ministre, l'instance a relevé qu'elle n'avait pas encore assez d'éléments en sa possession pour donner ses conclusions sur les faits. Dans son rapport, rendu public et mis en ligne le 26 novembre, la police des polices écrit en effet que "les constatations réalisées sur la vidéo, malgré l'impression donnée par les images, ne font état d'aucun coup porté par le policier avec les poings ou avec la matraque". Mais étant donné que les vidéos montent bien "un homme au sol et un policier penché sur lui", l'agence a voulu corroborer ou infirmer les accusations du journaliste "par un témoin directement présent sur la scène ou par l'usager victime". Et de préciser que ce dernier "n'a pas répondu aux sollicitations de l'IGPN". Il y a déjà là bien une différence entre ne pas souhaiter répondre et ne pas avoir été disponible lors de l'appel. 

Sur Twitter, le ministère de l'Intérieur a précisé ultérieurement un élément qui n'apparait pas dans le dossier. A savoir que le journaliste "a été appelé à deux reprises mercredi, sans succès". Le principal intéressé a également tenu à donner sa version des faits. ll dit avoir effectivement été contacté à deux reprises par un numéro inconnu. Etant très sollicité, il n'a pu répondre dans l'immédiat. Le journaliste star du site Brut a d'ailleurs précisé être "à disposition" dès ce vendredi des enquêteurs et a annoncé qu'il se rendrait de sa "propre initiative à l'IGPN pour enfin clore ce débat inutile".

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Felicia SIDERIS

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