Marc Machin jugé pour viol, près de 10 ans après l'annulation d'une condamnation pour meurtre

Publié le 11 octobre 2021 à 6h38, mis à jour le 12 octobre 2021 à 10h08
Marc Machin jugé pour viol, près de 10 ans après l'annulation d'une condamnation pour meurtre
Source : PIERRE VERDY / AFP

PROCÈS - Marc Machin, dont la condamnation pour meurtre avait été annulée en 2012, comparaît devant les assises de Paris à partir de ce 11 octobre pour le viol d'une jeune femme en 2018. Depuis dix ans, cette ancienne victime d’erreur judiciaire au "parcours cabossé" ne cesse de cumuler les déboires avec la justice.

Il promettait en 2012, à l'issue de son procès en révision,  de "tout mettre en œuvre pour aller de l'avant". Condamné à tort pour un meurtre qu’il n’avait pas commis, puis acquitté, Marc Machin fait son retour dans le box des accusés ce lundi 11 octobre. Âgé de 39 ans, il est jugé devant les assises de Paris pour le viol d’une jeune femme en 2018. Il doit comparaître jusqu'à jeudi pour viol commis sous la menace d'une arme, extorsion avec arme, escroquerie, vol et violation de domicile.

La jeune femme, âgée alors de 22 ans, avait dénoncé le 21 avril 2018 à la police le viol dont elle avait été victime le matin même dans un appartement du XIe arrondissement. Vers 10h, elle avait été réveillée par un bruit dans cet appartement où elle avait passé la nuit après une soirée avec des collègues de travail, et s'était retrouvée face à un homme encagoulé et porteur de gants noirs. Sous la menace d'un couteau de cuisine, cet homme lui avait imposé une fellation avant de la contraindre à effacer les traces du crime et de dérober sa carte bleue.

L'ADN de Marc Machin, connu pour des agressions sexuelles, avait été découvert sur la scène de crime. Un rapprochement avait été fait avec son profil génétique inscrit au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). 

Interpellé le 17 mai 2018, il avait dans un premier temps nié le viol avant de reconnaître les faits en garde à vue. Selon ses déclarations, Marc Machin avait passé la nuit dans l'escalier de l'immeuble et avait récupéré les clefs de l'appartement laissées sous le paillasson dans l'intention de commettre un cambriolage.  

"Jamais sorti de l'affaire du Pont de Neuilly"

"Les faits de viol sont reconnus. Il y a encore des points de discussion sur le contexte dans lequel il se rend" à l'appartement, indique Adrien Gabeaud, l’un des avocats de Marc Machin. Ce dernier n'a "pas du tout le profil du prédateur sexuel", affirme Me Gabeaud. A l'époque des faits, "c'est quelqu'un qui est dans une précarité absolue", au "parcours cabossé" et qui "ne s'est jamais sorti de l'affaire du Pont de Neuilly", pour laquelle il a passé à tort six ans et demi en prison. "Il faudra expliquer cela, sans l'excuser. Il est l'accusé, pas la victime", souligne l’avocat.

En 2001, Marc Machin a 19 ans quand il est incarcéré pour le meurtre à coups de couteau de Marie-Agnès Bedot, au pont de Neuilly (Hauts-de-Seine). Il est condamné en 2004 à dix-huit ans de réclusion criminelle, une peine confirmée en appel un an plus tard. 

Mais en mars 2008, un homme sans domicile fixe de 33 ans, David Sagno, s'accuse de ce meurtre et de celui d'une autre femme commis au même endroit en 2002, ce qui conduit à la libération de Marc Machin. En 2012, ce dernier a fini par être acquitté à l'issue de son procès en révision, devenant la huitième personne en France depuis la Seconde Guerre mondiale à être innocentée à l'issue d'une telle procédure. 

La justice lui a alors attribué 663.320 euros d'indemnisation, une somme qu'il a dilapidée en quelques mois, en voyages, hôtels, parfums, prostituées et stupéfiants. Depuis sa sortie de prison en 2008, Marc Machin a accumulé les condamnations, une quinzaine au total, qui lui ont valu pour certaines d'être réincarcéré. Il a notamment été condamné en 2010 et à nouveau incarcéré pendant deux ans pour des agressions sexuelles. Il était sorti de prison en avril 2017 après environ dix-huit mois de détention pour délit de fuite et violences conjugales. 

Après avoir procédé au tirage au sort des jurés, le président de la cour d'assises a ordonné le huis clos total des débats. 

La demande de huis clos avait été formulée par la partie civile, et elle est accordée de droit pour certains crimes quand la victime le sollicite.


La rédaction de TF1info avec AFP

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