Coups de couteau, traque et échange de tirs... Ce que l'on sait de l'attaque de La Chapelle-sur-Erdre

Maxence GEVIN avec AFP
Publié le 28 mai 2021 à 17h08, mis à jour le 29 mai 2021 à 0h07

Source : JT 20h WE

ATTAQUE - Une policière municipale a été grièvement blessée ce vendredi matin à La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes. Le suspect, âgé de 40 ans, est décédé lors de son interpellation.

La police de nouveau prise pour cible. Un homme muni d'une arme blanche s'en est pris à une policière municipale ce vendredi matin dans la commune de la Chapelle-sur-Erdre (Loire-Atlantique). Grièvement blessée, la victime a été hospitalisée en urgence absolue. Ses jours ne sont plus en danger. L'assaillant, lui, est décédé après avoir été touché par balles lors de son interpellation. 

Les faits

L'individu est rentré dans un commissariat de police municipale et s'est directement dirigé vers une jeune femme présente prétextant un problème avec sa voiture. Cette policière municipale a été agressée de plusieurs coups de couteau sur les membres inférieurs. Le suspect s'est ensuite emparé de l'arme de service de la victime.

Puis, il a croisé un autre policier qu'il a tenté de blesser. Mais le coup de couteau qu'il a porté à l'agent a été bloqué par le gilet pare-balle de ce dernier et la lame s'est brisée, a précisé le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, dans la soirée.

Après cela, l'assaillant "a pénétré dans un appartement occupé par une jeune femme et il l'a séquestrée pendant environ deux heures et demie". La jeune femme est "très choquée" et a été hospitalisée. "Son état de santé ne permet pas" de l'interroger à ce stade, a affirmé le procureur de la République.

L'individu voulait "manifestement s'en prendre de nouveau aux gendarmes"

"A 13h10, il s'est mis sur le balcon et a aperçu l'enceinte de la gendarmerie de La-Chapelle-sur-Erdre. Cet individu a tiré les six balles que contenait son arme. Sur cette première phase d'échanges de coups de feu, il n'y a pas eu de blessés", a poursuivi le procureur.

L'assaillant a ensuite "tiré au moins trois coups de feu sûrs, peut-être quatre" vers les gendarmes. L'un d'eux "a été atteint au niveau du genou, un second gendarme au niveau du coude. Un gendarme a reçu un troisième coup de feu qui, fort heureusement, est venu se bloquer dans le gilet pare-balle." "Les gendarmes ont riposté et l'agresseur a été atteint au niveau de l'abdomen. Il est décédé après les tentatives des services de secours", a poursuivi le procureur.

Selon un témoin interrogé par l'AFP, une dizaine de détonations en deux salves ont retenti près de la brigade de gendarmerie, dans une zone d'habitation. L'individu voulait "manifestement s'en prendre de nouveau aux gendarmes", selon Gérald Darmanin.

Le suspect fiché pour radicalisation

L'auteur de l'attaque habitait à La Chapelle-sur-Erdre, a précisé le maire de la commune. Les motivations de ce quadragénaire demeurent encore inconnues. Pour l'heure, aucune piste n'est privilégiée. Il avait, selon une source proche du dossier citée par l'AFP, "un profil hybride, radicalisé et malade psychiatrique très lourd". Le ministre de l'Intérieur a également affirmé que l'agresseur était "diagnostiqué comme schizophrène sévère". 

La question du lien éventuel entre la radicalisation du suspect en prison et son passage à l'acte "reste en suspens" à ce stade, a indiqué le procureur. C'est pourquoi le parquet de Nantes va donc continuer de diriger l'enquête à ce stade. "Cette situation est susceptible d'évoluer", a-t-il confié.

"De graves problèmes psychiatriques"

Connu des services de police et justice, il s'était radicalisé en prison et avait été "signalé pour une pratique rigoriste de l'islam". À ce titre, il avait été inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). 

En 2015, il a écopé d'une peine de 8 ans d'emprisonnement avant d'être libéré en mars 2021, sans aménagement. À sa sortie de prison, un suivi socio-judiciaire, comprenant notamment une obligation de soins, a été mis en place. Il a rencontré à trois reprises le service pénitentiaire d’insertion et de probation et a présenté les justificatifs de soins auprès du centre médico-psychologique. L'individu était également accompagné par une association en lien avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation.

Cet homme "présentait de toute évidence de graves problèmes psychiatriques", a poursuivi le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès. Il a ajouté que des contrôles ont eu lieu après la sortie de prison du suspect : le 30 mars, le 30 avril et le 14 mai. L'assaillant "collaborait parfaitement aux mesures judiciaires et obligations, il suivait scrupuleusement les soins dans le cadre de l'injonction de soins".

Une commune sous cloche

Un important dispositif de sécurité, dont l'antenne du GIGN de Nantes, avait été déployé pour retrouver le suspect. Deux hélicoptères, trois équipes cynophiles et un escadron de gendarmes mobiles ont également participé aux recherches de cet individu qualifié de "dangereux"

Le temps de la traque, les écoles aux alentours avaient été sécurisées et les enfants "confinés", selon la gendarmerie. "On a tiré les rideaux et on a fait allonger les enfants au sol, ils sont comme ça depuis deux heures", a témoigné une enseignante d’école primaire.

Darmanin sur place

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est rendu sur place ce vendredi après-midi. Il a salué l'intervention des forces de l'ordre et la "réactivité du préfet, de la gendarmerie" et adressé ses "pensées" aux gendarmes blessés, affirmant son "soutien total à l’ensemble des policiers municipaux". Il a aussi rassuré en annonçant que la policière poignardée "survivra à ses blessures".

Cette attaque intervient un peu plus d'un mois après celle de Rambouillet (Yvelines), au cours de laquelle une fonctionnaire de police a été tuée au couteau à la gorge par un homme, abattu par balles par un policier, au sein du commissariat. Quelques jours plus tard, le 5 mai, un policier avait lui aussi été tué à Avignon, lors d'une opération antidrogue. 


Maxence GEVIN avec AFP

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