Prêtre tué en Vendée : pourquoi le suspect n'a pas été expulsé

Publié le 9 août 2021 à 20h55, mis à jour le 10 août 2021 à 9h31

Source : TF1 Info

PROCÉDURE - Le suspect, qui s'est excusé du meurtre du père Olivier Maire, lundi 9 août, en Vendée, était visé par une obligation de quitter le territoire. Le contrôle judiciaire en cours pour son implication dans l'incendie de la cathédrale de Nantes a toutefois empêché son expulsion.

"Ce qui se passe dans notre pays est d'une gravité sans précédent." Après l'assassinat d'un prêtre en Vendée, lundi 9 août, la cheffe de file du RN, Marine Le Pen, a pointé du doigt le parcours judiciaire du meurtrier présumé. "En France, on peut donc être clandestin, incendier la cathédrale de Nantes, ne jamais être expulsé, et récidiver en assassinant un prêtre", a-t-elle affirmé, prenant le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à partie sur Twitter. "C'est la faillite complète de l'État et de Gérald Darmanin." De nombreux autres responsables de droite et d'extrême droite ont dénoncé le "laxisme" et la "faillite" de l'État. 

D'origine rwandaise, le suspect, Emmanuel A., s'est lui-même rendu à la gendarmerie pour se dénoncer, après avoir tué le père Olivier Maire dans une communauté religieuse où il était hébergé depuis sa sortie, le 29 juillet, d'une hospitalisation en psychiatrie. Déjà connu de la justice, cet ancien sacristain bénévole était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) lorsqu'il a été mis en examen et placé en détention provisoire jusqu'à fin mai 2021 dans le cadre de l'enquête sur l'incendie de la cathédrale de Nantes, le 18 juillet 2020, avant d'être libéré sous contrôle judiciaire en juin dernier. 

Un contrôle judiciaire en cours

Y a-t-il du "laxisme" ou une "faillite" de l'État, comme dénoncé par l'opposition ? "Cet étranger n'était pas expulsable malgré son arrêté d'expulsion tant que son contrôle judiciaire n'était pas levé", a réagi sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, accusant notamment Marine Le Pen de créer une "polémique sans connaître les faits". 

"Cette personne avait fait l'objet de trois arrêtés de reconduites à la frontière depuis son arrivée sur le territoire national illégalement en 2012", a rappelé le locataire de Beauvau, qui s'est rendu dans l'après-midi à Saint-Laurent-sur-Sèvre, ajoutant que la justice et l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) avaient refusé sa demande d'asile. "Le centre national en charge du recours et les juges indépendants ont confirmé la décision de l'État. Deux décisions administratives ont été prises par les préfets pour le reconduire à la frontière. Ces deux décisions ont été cassées par le tribunal administratif de Nantes. Une troisième décision a été prise en 2019 et nous attendions le retour du tribunal administratif de Nantes."

À la suite de l'incendie de la cathédrale de Nantes, il n'était pas possible d'exécuter la décision d'expulsion du territoire national d'Emmanuel A. "Nous ne pouvions pas exécuter la décision d'expulsion de cette personne, puisqu'elle a été pendant plusieurs mois en prison, puis libérée sous contrôle judiciaire. Ce contrôle judiciaire prévoyait explicitement qu'il ne pouvait pas quitter le territoire national en attendant la décision de justice. (...) L'administratif vient après le judiciaire", a également précisé le ministre de l'Intérieur. 


La rédaction de TF1info

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