Procès des attentats de janvier 2015 : des peines allant de cinq ans de prison à la perpétuité requises

Publié le 8 décembre 2020 à 14h03, mis à jour le 9 décembre 2020 à 19h49
Procès des attentats de janvier 2015 : des peines allant de cinq ans de prison à la perpétuité requises
Source : AFP/Benoit Peyrucq

JUSTICE - Le parquet national antiterroriste a requis mardi des peines allant de cinq ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre des 14 accusés jugés depuis le 2 septembre devant la cour d'assises spéciale.

Certains sont restés silencieux. D'autres ont vivement réagi, pendant le réquisitoire pour certains, à l'issue pour d'autres. Ce mardi, après plus de trois mois d'audience, les représentants du parquet national antiterroriste ont requis des peines allant de 5 ans à la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre des 14 accusés jugés au procès des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et l'Hyper Cacher.

La perpétuité a été réclamée contre Mohamed Belhoucine, jugé par défaut pour complicité de crimes terroristes et présumé mort en Syrie, et contre Ali Riza Polat, présenté comme le "bras droit" du tueur de l'Hyper Cacher Amedy Coulibaly. 

Pour le parquet, "Mohamed Belhoucine s'est illustré par l'aura religieuse qu'il avait auprès d'Amedy Coulibaly. Il lui fournissait des éléments matériels nécessaires à la communication avec le commanditaire. Il est au plus près de l'auteur direct."  

Ali Riza Polat, lui, est "le pivot des préparatifs des attentats, la pièce maîtresse". "Il a agi de manière transversale, à chaque étape, sur le double volet Kouachi et Coulibaly".  "Même s'il le conteste", il avait "une connaissance précise du projet terroriste", a estimé Jean-Michel Bourlès, avocat général. 

30 ans requis contre la femme de Coulibaly

À l'encontre d'Hayat Boumeddiene,  compagne d'Amedy Coulibaly, qui a fui en Syrie quelques jours avant les attentats et qui est jugée en son absence, le parquet a demandé trente ans de réclusion assortie d'une période de sûreté des deux tiers. "Figure du djihad féminin hexagonal", la jeune femme "radicalisée, a eu, selon l'accusation, "un rôle important dans la préparation des crimes commis par son mari". Elle est devenue "un instrument de propagande, c'est elle la princesse de l'Etat islamique"

À l'encontre de Medhi Belhoucine, qui n'est pas poursuivi comme son frère pour "complicité des crimes et délits commis par Amedy Coulibaly" mais uniquement pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle", le parquet a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle. 

5 à 20 ans de réclusion requis pour les autres accusés

De lourdes peines ont également été requises à l'encontre des onze autres accusés, jugés pour leur soutien logistique présumé aux frères Cherif et Saïd Kouachi et à Amedy Coulibaly. Vingt ans ont ainsi été réclamés contre Nezar Mickael Pastor Alwatik, ancien codétenu d'Amedy Coulibaly décrit comme radicalisé et dont la "dangerosité est avérée". "C'était un authentique sympathisant de la cause au moment des attentats, cornaqué par Coulibaly et Belhoucine. Était-il 'une nourrice' pour les armes ? Devait-il passer à l’acte et a-t-il renoncé ?" s'est interrogé l'avocat général.

Dix-sept et treize ans ont été requis contre Amar Ramdani et Saïd Makhlouf, accusés d'avoir recherché des armes pour le tueur de l'Hyper Cacher dans le cadre d'une filière "lilloise".

Concernant Metin Karasular, Michel Catino, Abdelaziz Abbad et Miguel Martinez, impliqués dans le volet "belgo-ardennais" du dossier, le parquet a requis quinze à dix-huit ans de prison. "Ils possédaient les clés pour comprendre que leurs interlocuteurs évoluaient dans un milieu radicalisé", a-t-il jugé.

Les magistrats ont par ailleurs réclamé sept ans d'emprisonnement, assortis d'une période de sûreté des deux tiers, à l'encontre de Mohamed Fares, pour lequel ils souhaitent que la qualification terroriste soit abandonnée. Elle l'avait déjà été pendant l'instruction pour Christophe Raumel, contre lequel cinq ans de prison ont été requis. 

Plusieurs avocats de la partie civile et de la défense ont commenté le réquisitoire à la suspension de l'audience. 

Les plaidoiries de la défense débutent ce mardi à 14 heures, avec celles de Me Isabelle Coutant-Peyre et Antoine Van Rie, avocats d'Ali Riza Polat. Elles se poursuivront tout au long de la semaine avant que ne soit donnée la parole aux accusés. 

"Votre décision sera attendue par l'ensemble de nos concitoyens et à l'international. Elle sera scrutée soupesée regardée à la loupe et servira d’étalon", a lancé ce mardi l'avocate générale à la cour. Le verdict,  initialement prévu le 13 novembre, est attendu le 16 décembre.


Aurélie SARROT

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