"J’en ai assez" : le désarroi d’un retraité de l’Aude face au nouveau squat de sa maison

V. F
Publié le 21 mai 2021 à 10h30, mis à jour le 21 mai 2021 à 10h36

Source : JT 20h Semaine

BIS REPETITA - Pour la seconde fois en un an, un retraité a eu la mauvaise surprise de découvrir sa maison proche de Carcassonne squattée par une quinzaine de personnes. Si, cette fois, les familles qui l'occupent proposent de payer un loyer, le propriétaire ne l'entend pas de cette oreille.

Comme dans un mauvais film, l'histoire se répète pour Michel Monge, 77 ans, dont la maison près de Carcassonne (Aude), mise en vente en 2019, est squattée pour la seconde fois en moins d'un an. Depuis le Gard, où il vit, le retraité assiste impuissant  à ce nouveau hold-up. "Je commence à en avoir un peu assez parce que ça s'est passé déjà l'été dernier. Cette maison est violée plusieurs fois, deux fois des cambriolages et ensuite deux fois des squatteurs différents !", raconte-t-il, désabusé, à TF1.

Cette fois, ce sont deux familles, trois adultes avec une dizaine d’enfants pour certains en bas âge, qui se sont appropriées ce logement de 140 m². Ils s'y sont installés illégalement après l'incendie de leur logement dans le centre-ville le 23 avril dernier.

Hébergés en urgence durant 48 heures, ils disent ne pas avoir eu de solution de relogement. "J'ai appelé la mairie qui m'a dit que ce n'est pas à eux de nous loger. Et quand on appelle le 115, ils nous disent que c'est à la mairie de nous loger, alors la solution on l'a trouvée. On est désolé pour le propriétaire parce que c'est un squat, mais après j'ai mis l'eau, l'électricité et l'assurance à mon nom parce qu'on n'a pas envie d'avoir de problème", explique Méri Dragutinovic, l'une des occupantes illégales. 

Une pétition pour demander leur expulsion

Vincent Minatti, le voisin le plus proche, a assisté incrédule à leur emménagement par effraction. "Pour pénétrer dans la maison, ils ont forcé la grille, arraché le panneau "À vendre" puis forcé la porte d'entrée", raconte-t-il, avant de poursuivre : "Ils sont rentrés et dans la journée ont posé leurs affaires. Le soir, la police municipale est venue, mais elle a dit qu'elle ne pouvait rien faire". 

Dans le quartier, le voisinage a accueilli ces nouveaux arrivants avec méfiance. Une pétition envoyée au préfet de l'Aude a d'ailleurs recueilli quelques dizaines de signatures pour demander leur expulsion. Pendant ce temps, en moins de 24 h, les squatteurs ont réussi à faire installer le gaz et l'électricité dans la maison qui a été meublée grâce à des dons. Ils se disent désormais prêts à payer un loyer. "Si le propriétaire vient, je lui dis de faire les papiers pour qu'il touche la CAF et ce qu'il y a de différence à régler, on le paye", lâche Esteban Montallo, un autre occupant des lieux. 

Mais le propriétaire ne l'entend pas de cette oreille. Pas question pour Michel Monge de louer sa maison qu'il a mise en vente. Après avoir porté plainte et saisi les services de l'État, il attend maintenant que la procédure accélérée d'expulsion votée en décembre dernier soit appliquée. 

Selon cette dernière, les squatteurs peuvent être délogés légalement en 72 heures, mais à condition d'avoir saisi la préfecture. Or, problème dans le cas du propriétaire de Carcassonne, la préfecture de l'Aude n'a jamais été saisie. Autre limite de la loi, selon l'avocat Romain Rossi-Landi, sollicité dans notre reportage, une telle procédure d'expulsion accélérée n'aurait pas été possible avec ces squatteurs : "Si les squatteurs sont accompagnés d'enfants, dans la pratique, le Préfet n'accordera jamais le concours de la force publique parce qu'il devrait trouver dans 48 heures des recours d'hébergement. Ce qui est quasiment mission impossible", dit-il. Toujours selon la procédure, les peines plus sévères à l'encontre des squatteurs sont également prévues, ces derniers peuvent être sanctionnés de trois ans de prison et de 45.000 euros d'amende. 


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