"Entrave à la circulation" : 150 euros d'amende requis contre une observatrice des pratiques policières

Publié le 2 octobre 2019 à 0h01
"Entrave à la circulation" : 150 euros d'amende requis contre une observatrice des pratiques policières
Source : iStock

PROCÈS - Le parquet de Montpellier a requis 150 euros d'amende contre la militante de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) Camille Halut pour "entrave à la circulation" lors d'une manifestation des Gilets jaunes. Elle affirme s'être cantonnée à son rôle "d'observatrice" des pratiques policières.

Le procès de Camille Halut était attendu, plusieurs dizaines de personnes avaient fait le déplacement ce mardi 1er octobre pour la soutenir. La militante de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) comparaissait suite à son arrestation, le 6 avril dernier, en marge d'une manifestation Gilets jaunes. Le parquet de Montpellier a requis 150 euros d'amende contre elle, pour "entrave à la circulation". Une peine plus symbolique qu'autre chose, mais qui scandalise la Ligue des droits de l'Homme, car Camille Halut affirme avoir assisté à la manifestation en tant qu'observatrice des pratiques policières.

Le jugement mis en délibéré au 3 octobre

La représentante du parquet a estimé que Camille Halut avait "contribué à entraver la circulation" lors d'une manifestation des Gilets jaunes le 6 avril sur une autoroute à Montpellier. L'étudiante en droit de 26 ans et membre de la "Legal Team" -l'Observatoire montpelliérain des pratiques policières - a pourtant assuré à la barre du tribunal correctionnel qu'elle était "restée dans (son) strict rôle d'observation".

La jeune femme dénonce "des pressions" exercées sur elle depuis des mois par certains policiers. Elle est visée par une autre procédure à Montpellier pour "rébellion, participation à une manifestation avec le visage dissimulé, et refus de se soumettre aux prélèvements ADN" lors de la Marche pour le climat du 21 septembre. "On ne va pas contester les violences commises par certains policiers (...), les débordements il y en a des deux côtés", a déclaré de son côté la magistrate.

Des propos qui ne suffisent pas à la LDH. Selon l'avocat Michel Tubiana, ancien président de la Ligue des droits de l'Homme, ce procès est une "intimidation" à l'égard des observateurs. Selon lui, l'objectif est de "nous signifier qu'il nous est interdit d'observer" et de "tenter de nous museler", a-t-il martelé.

La décision a été mise en délibéré au jeudi 3 octobre. Selon un autre membre de la LDH, Alain Ottan, "il faut une relaxe claire, une décision nette et sans bavure". Il a également estimé que le parquet de Montpellier avait "pris la responsabilité d'ouvrir les hostilités contre la LDH".

Le mauvais traitement des "observateurs de manifestation" en France inquiète plusieurs associations et ONG de défense des droits de l'Homme. Camille Halut a reçu le soutien d'une cinquantaine d'organisations, dont Amnesty International, qui répète que "selon le droit international, les observateurs doivent pouvoir opérer librement".


La rédaction de TF1info

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