Accusé de conflit d’intérêts, Eric Dupond-Moretti transmettra à Jean Castex l’enquête sur le PNF

RD (avec AFP)
Publié le 13 octobre 2020 à 6h34
Accusé de conflit d’intérêts, Eric Dupond-Moretti transmettra à Jean Castex l’enquête sur le PNF
Source : MARTIN BUREAU / AFP

POLÉMIQUE - Face à des accusations de "conflit d'intérêts" après l'ouverture d'une enquête administrative visant des magistrats du Parquet national financier (PNF), le garde des Sceaux s'est engagé lundi à laisser le Premier ministre décider des suites à donner. Tout en dénonçant une "instrumentalisation" de cette affaire "à des fins politiques".

En guerre ouverte avec les syndicats de magistrats, Eric Dupond-Moretti déclare vouloir "aller de l'avant". Dans une vidéo postée lundi soir sur son compte Facebook, le ministre de la Justice est revenu sur la fronde à laquelle il fait face, évoquant un "pseudo-conflit d’intérêts que l’on essaye avec force de [lui] coller aux basques". 

A l’origine des critiques qui visent le garde des Sceaux : l’enquête administrative ouverte contre trois magistrats du Parquet national financier (PNF), vue par de nombreux magistrats comme un "conflit d'intérêts" et une "atteinte à l'indépendance judiciaire". A l’inverse, Eric Dupont-Moretti ne voit dans la polémique qu’une "affaire montée de toutes pièces" et "instrumentalisée contre (lui) à des fins politiques" par des syndicats qui disent "non à tout" et ne veulent pas "parler des vrais sujets".

Ouverte mi-septembre, l’enquête en question fait suite à un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) sur une autre enquête polémique, menée par le PNF cette fois : les relevés téléphoniques de plusieurs ténors du barreau, dont Eric Dupond-Moretti, avaient été épluchés pour tenter d'identifier la "taupe" ayant pu informer Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient sur écoute dans une affaire de corruption.

Au Premier ministre de statuer

Eric Dupond-Moretti avait déposé une plainte, avant de la retirer à sa nomination comme garde des Sceaux. Il se défend donc aujourd’hui d’être à la fois juge et partie. "Partie, je l’ai été, je ne le suis plus", souligne-t-il dans sa vidéo Facebook, ajoutant à propos de l’enquête administrative ouverte qu’ "il est bien normal que le garde des Sceaux s’assure du bon fonctionnement de la justice". "C’est même, pardon, la moindre des choses", dit-il aussi. Récemment, Eric Dupond-Moretti avait déjà justifié cette enquête, en insistant sur la gravité des faits reprochés aux magistrats.

"Les syndicats me demandent de passer la main au Premier ministre. (...) Très bien", a annoncé le ministre. C'est au Premier ministre qu'"il appartiendra de statuer", a-t-il dit, s'engageant à lui transmettre le rapport d'enquête quand il sera rendu. "Soit le rapport dit qu'aucune faute n'a été commise et je serai le garde des Sceaux le plus heureux du monde. Soit des fautes ont été commises et nous verrons alors la décision que prendra le Premier ministre".

"Il se moque de nous"

Les deux principaux syndicats de magistrats avaient récemment annoncé "refuser" de parler au ministre de la Justice et s'en remettre au président ou au Premier ministre. "J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi il passe la main s'il dit qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts", a réagi Céline Parisot, présidente de l'Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire) lundi soir. "Il se moque de nous", a approuvé Katia Dubreuil, présidente du SM (classé à gauche). "Comment on peut être rassuré quand on voit qu'il dit +je vais donner la main au Premier ministre+ comme si on avait fait un caprice ?"


RD (avec AFP)

Tout
TF1 Info