Meurtre d'Elodie Kulik : une lettre anonyme va-t-elle relancer l'enquête ?

M.V
Publié le 6 mars 2018 à 21h08, mis à jour le 6 mars 2018 à 21h31
Meurtre d'Elodie Kulik : une lettre anonyme va-t-elle relancer l'enquête ?
Source : AFP

JUSTICE - La chambre d’instruction de la cour d’appel d’Amiens devait confirmer ou infirmer le renvoi devant les assises de Willy Bardon pour le meurtre d'Elodie Kulik en 2002. Mais la décision a été reportée après l'envoi d'une lettre anonyme au parquet désignant un témoin qui pourrait avoir des choses à dire. Une nouvelle audience est attendue le 30 mars. La justice devra dire si l'enquête doit être rouverte.

Ce mardi, la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Amiens devait dire si, oui ou non, Willy Bardon serait renvoyé devant les assises. Si, seize ans après le viol et le meurtre d’Elodie Kulik, un procès se tiendrait. Mais il en fut autrement. Un rebondissement est venu s’ajouter à cette affaire qui n’en manquait pas. 

La décision a été renvoyée au 30 mars, a simplement indiqué le parquet général. Les débats ont en effet été rouverts après l’envoi d’une lettre anonyme au procureur. L’auteur de la missive aurait pris la plume à la suite d’un reportage de TF1 diffusé en janvier sur l’affaire et désignerait une personne qu'il conseillerait d'entendre dans ce dossier. Selon lui, ce témoin pourrait avoir des choses à dire sur le meurtre d’Elodie Kulik, dont le corps en partie calciné avait été découvert par un agriculteur en janvier 2002 dans un champ près de Tertry (Somme).  

Avant de mourir, la jeune femme de 24 ans avait réussi à appeler les secours, qui avaient distingué derrière ses cris, deux voix d’hommes au fort accent picard. Un préservatif usagé et des mégots avaient été trouvés près du corps de cette jeune directrice de banque de Péronne, permettant de relever une empreinte. Mais l’ADN n’apparaissait pas dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) ; l’auteur auquel il appartenait n’ayant visiblement jamais eu affaire aux services de police et de justice. Il faudra attendre dix ans pour que l’enquête s’accélère après une recherche en parentèle. Cette technique consiste à comparer l'ADN retrouvé sur une scène de crime avec des ADN proches présents dans les fichiers, susceptibles d'être issus de la même parenté.

L'attente interminable du père d'Elodie Kulik

Une stratégie payante pour les gendarmes qui avaient réussi à remonter la trace d’un suspect, Grégory Wiart. Mais le jeune homme était décédé dans un accident de voiture. Les enquêteurs avaient alors décidé d'exhumer son corps et l’ADN avait "matché". Ils avaient ensuite cherché le deuxième suspect. Après le placement en garde à vue en janvier 2013 de sept amis de Grégory Wiart, six d'entre eux avaient identifié la voix de Willy Bardon. En écoutant l’enregistrement sonore, Willy Bardon lui-même avait reconnu devant les enquêteurs que cette voix ressemblait à la sienne. Avant de se rétracter et de nier toute implication. L’homme avait été mis en examen pour séquestration, viol et meurtre et placé en détention provisoire. En avril 2014, il était sorti de prison sous surveillance électronique. Le 6 avril 2017, les juges d’instruction décidaient de son renvoi devant les assises. Ses avocats avaient fait appel. 

Ce mardi, c'est la chambre de l’instruction qui devait écrire la suite en tranchant sur ce renvoi. Jacky Kulik, qui a consacré sa vie à retrouver les meurtriers de sa fille, devra une nouvelle fois attendre. La lettre anonyme a été soumise à toutes les parties qui devront débattre de son utilité. Les juges devront ensuite décider s'il est oui ou non opportun de rouvrir l’information judiciaire et si la personne désignée dans ce courrier doit être entendue par les enquêteurs. 

"On n’a pas encore tous les éléments pour apprécier le caractère sérieux de ce document", a réagi auprès de LCI l’avocat du père d’Elodie Kulik, Me Didier Robiquet. "Indépendamment de la teneur de cette lettre, ce report est terrible. C'est une déception profonde pour M. Kulik. Il espérait avoir une décision définitive de renvoi aux assises et il faut encore patienter. C’est un peu désespérant". L'enquête avait été clôturée en février 2016 à l'issue de 14 années d'investigations. Elle pourrait être bientôt rouverte. 


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