Affaire Fiona : et le délire d’une médium fit chavirer le procès

A Riom, Maud Vallereau
Publié le 16 novembre 2016 à 20h40, mis à jour le 17 novembre 2016 à 8h17
Affaire Fiona : et le délire d’une médium fit chavirer le procès

COMPTE-RENDU - Au troisième jour du procès de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, jugés pour des violences sur la petite Fiona ayant entraîné sa mort en 2013, une témoin-surprise a fait une entrée fracassante. Elle a affirmé savoir où était enterré le corps de l’enfant.

Une audience difficile était annoncée. Pas un naufrage. Durant une demi-journée pourtant, la cour d’assises de Riom a sombré dans un spectacle désastreux. Quelques heures après l’audition de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, empêtrés dans leur dénégation sur les violences ayant entraîné la mort de Fiona, une avocate des parties civiles faisait une révélation troublante. Me Grimaud, pour l’association Innocence en danger, expliquait avoir été contactée dans la nuit via sa messagerie facebook par une dame qui lui avait envoyé des photos de ce qui pourrait être le "lieu où a été enterrée Fiona".

La petite Fiona m'a contactée..."
La médium, à la barre

Un témoignage-surprise jugé suffisamment crédible pour que le président demande son audition sans attendre. Durant un long moment, la cour a néanmoins attendu la femme-mystère. A 17h28 enfin, Julietta, 47 ans, fait son apparition, s’avance à la barre et déroule son CV : "Conseiller de vie. Medium radiesthésiste". Des murmures se font entendre. "La petite Fiona m’a contactée dès le début de l’affaire, enchaîne la voyante. Elle m’a dit que c’était une histoire de drogue, qu’ils l’ont frappée, enterrée la nuit du samedi au dimanche et m'a indiqué les lieux". Le public soupire, les avocats se décomposent. 

De son récit délirant, on retiendra simplement que Julietta avait déjà été entendue par les enquêteurs du SRPJ (Service régional de police judiciaire). Lesquels avaient à l’époque pris soin de vérifier les indications soufflées de l’au-delà. Et les recherches sur place n'avaient rien donné. "Vous avez fait perdre plusieurs heures à la cour d'assises, vous entravez la justice !", sermonne l’avocate flouée. Dans un grand fracas, le témoin s’effondre sur le sol et les pompiers font leur entrée. Elle est évacuée sur un fauteuil roulant. L’audience est levée. "C’est une bérézina !" dénonce en partant l’avocat de Berkane Makhlouf, Me Khanifar. "La cour d’assises a été prise en otage, tempête celui de Cécile Bourgeon, Me Portejoie. On a créé un espoir pour rien".  

Car les proches et le père de Fiona, Nicolas Chafoulais, n’attendent qu’une seule chose du procès : savoir où se trouve le corps de l’enfant pour lui offrir une sépulture décente. Un espoir confisqué par les accusés qui ont répété mercredi matin qu’ils ne se rappelaient pas où ils l'avaient enterré. Et bafoué dans l’après-midi par une voyante nageant en plein délire. 


A Riom, Maud Vallereau

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