Attentats de janvier 2015 : quels autres procès ont été filmés pour l'Histoire ?

Publié le 31 août 2020 à 10h42
Attentats de janvier 2015 : quels autres procès ont été filmés pour l'Histoire ?
Source : AFP/Illustration

MÉMOIRE – Le procès des attentats de Charlie hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, qui s'ouvre mercredi à Paris, sera filmé. Un fait rarissime mais pas inédit.

Certains demandaient le huis clos, d'autre le huis clos partiel, d'autres, au contraire, étaient pour la publicité des débats voire pour leur immortalisation. Fin juin,  le premier président de la cour d'appel de Paris Jean-Michel Hayat a autorisé que le procès des attentats de janvier 2015, qui s'ouvre ce mercredi à Paris jusqu'au 10 novembre prochain, soit filmé, une première en matière de terrorisme en France.

La captation d'images et d'enregistrements lors des procès est en principe interdite en France, mais depuis la loi Badinter du 11 juillet 1985, cela peut être autorisé si cela "présente un intérêt pour la constitution d'archives historiques de la justice". La décision de filmer ce procès tient "à la nature des faits, l'ampleur des attaques, la multiplicité des cibles visées, ainsi qu'à la réaction et l'émoi que cela a suscité dans la société française", souligne le parquet national antiterroriste. Les images n'auront pas vocation à être diffusées en direct, mais à être archivées et consultées uniquement à des fins historiques ou scientifiques.

Avant le procès de ces attaques, qui ont fait 17 morts il y a cinq ans, et depuis la loi Badinter de 1985, seuls quelques procès ont déjà été filmés. 

1987 : procès de Klaus Barbie

Le 11 mai 1987, le procès du criminel nazi Klaus Barbie s'ouvrait devant la cour d'assises du Rhône. Premier procès pour crime contre l'humanité, ce fut également le premier procès à être filmé en France. Il durera jusqu'au 3 juillet 1987. 

Le 4 juillet de cette même année, l'accusé surnommé le "boucher de Lyon" a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Klaus Barbie est mort en prison, le 25 septembre 1991, Klaus Barbie des suites d'un cancer du sang et de la prostate. Il avait 77 ans. 

1994 : le procès de Paul Touvier

En 1994, Paul Touvier, ancien chef du service de renseignement de la milice pour la région de Lyon est poursuivi pour "crime contre l'humanité". Il lui est reproché d'avoir désigné sept personnes de confession juive pour être fusillées en représailles de l'assassinat, par des résistants, du ministre de l'Information, Philippe Henriot. 

Le procès s'est ouvert en mars 1994 devant la cour d'assises des Yvelines. A l'issue, Paul Touvier a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Les débats ont été intégralement filmés. Paul Touvier est mort le 17 juillet 1996 d'un cancer de la prostate. 

1998 : procès de Maurice Papon

Maurice Papon est poursuivi pour avoir participé à la déportation de 1690 juifs, dont 200 enfants, de Bordeaux vers Auschwitz. Après 16 ans de procédure, son procès s'est ouvert le 8 octobre 1997. 

A l'issue, la cour d'assises de Gironde a condamné  Maurice Papon le 2 avril 1998, après un délibéré de près de 19 heures, à 10 ans de réclusion criminelle et à la privation de ses droits civiques pour complicité de crimes contre l'humanité. Seules ont été reconnues des complicités d'arrestation et de séquestration. Le procès a été intégralement filmé. Maurice Papon est mort le 17 février 2007 d'une maladie cardio-vasculaire.

2009 : procès AZF

Le 21 septembre 2001, une explosion au sein de l'usine chimique AZF fait 31 morts, des milliers de blessés et des dégâts considérables. Au procès, les débats été filmés dans leur intégralité. Les avocats de Total s'y étaient opposés, mais la Cour de cassation avait tranché en leur défaveur. "Il paraît nécessaire que soit conservée grâce à des moyens audiovisuels comme l'enregistrement des débats, la trace des discussions scientifiques sur les causes de la catastrophe industrielle" écrivait ainsi le premier président de la cour d'appel de Toulouse Jacques Nunez dans son ordonnance. 

En 2011, à la demande du Comité de défense des victimes et de l'Association des familles, la Cour d'appel de Toulouse avait également autorisé l'enregistrement intégral du procès en appel.

2010 : procès Pinochet

Le 8 décembre 2010. 14 Chiliens, pour la plupart des militaires acteurs de la dictature chilienne d'Augusto Pinochet, sont poursuivis pour des faits d'arrestations, enlèvements, séquestrations arbitraires avec actes de tortures et de barbarie commis à l'encontre de 5 Français entre 1973 et 1977. 

Bien qu'aucun d'entre eux n'aient été présent dans le box des accusés, ils ont été jugés et condamnés par la cour d'assises de Paris à des lourdes peines de réclusion allant de 15 ans à la réclusion criminelle à perpétuité. Ce procès pour l'histoire a été entièrement filmé.

2014 : procès de Pascal Simbikangwa, génocidaire rwandais

Le 14 mars 2014, au terme de six semaines de procès, Pascal Simbikangwa, qui dit avoir traversé le génocide rwandais sans voir un seul cadavre, a été condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour son rôle dans cette tragédie, 20 ans après les massacres.  

Le 3 décembre 2016, il écope en appel d'une peine identique à celle reçue lors du premier procès. Les deux procès ont été là aussi filmés dans leur intégralité pour l'histoire.

2020 : procès des attentats de janvier 2015

Les 11 semaines de procès des attentats perpétrés dans les locaux de Charlie Hebdo, à Montrouge et à l'Hyper Cacher seront filmées à la demande du Parquet national antiterroriste.


La rédaction de TF1info

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