Ce que l'on sait de l'affaire de pédophilie "hors normes" révélée dans la Nièvre

par Aurélie SARROT Aurélie Sarrot
Publié le 13 novembre 2018 à 14h09, mis à jour le 15 novembre 2018 à 7h37
Ce que l'on sait de l'affaire de pédophilie "hors normes" révélée dans la Nièvre

FAIT DIVERS - Cinq hommes et trois femmes de deux familles ont été mis en examen vendredi pour "viols" et "agressions sexuelles" répétés sur leurs quatre garçons de 4 à 9 ans. Cette sordide affaire a eu lieu dans des villages reclus de la Nièvre. Au total, près de 70 infractions ont été retenues dans ce dossier au terme de l’enquête préliminaire.

Deux familles, des amis, quatre enfants, tous âgés de moins de 10 ans.... C'est une affaire terrible de violences et d'abus sexuels qu'a révélée lundi la presse locale. Après dix mois d’enquête de la brigade de recherches de Château-Chinon, les militaires ont interpellés les huit suspects. 

Ainsi, vendredi dernier, à l'issue de 48 heures de garde à vue, cinq hommes et trois femmes ont été mis en examen pour "viols et agressions sexuelles répétés" sur quatre garçons mineurs domiciliés dans la Nièvre, a-t-on appris mardi auprès du parquet de Nevers. 

Les faits se seraient déroulés entre 2010 et 2017, avant le placement judiciaire des enfants. Les auteurs présumés, âgés de 25 à 48 ans, sont un couple et deux anciens couples, parmi lesquels les parents des victimes, deux frères de 8 et 4 ans, et deux autres frères de 9 et 4 ans.  Au total, près de 70  infractions ont été retenues dans ce dossier au terme de l’enquête préliminaire.

Détention provisoire et placement sous contrôle judiciaire

La majorité des suspects a été interpellée mercredi dans la Nièvre et entendue par les gendarmes à Château-Chinon. Une des femmes a été arrêtée dans l'Aisne où elle réside désormais, a précisé le parquet.  Deux des hommes mis en examen étaient déjà en détention provisoire dans le cadre d'une affaire d'abus sexuels sur les enfants de l'un d'entre eux, ouverte en décembre dernier. 

"Les cinq hommes sont aujourd'hui en détention provisoire. Les trois femmes, elles, ont été placées sous contrôle judiciaire, indique à LCI le vice-procureur de Nevers, Paul-Édouard Lallois. C'est un milieu très carencé, avec des personnes qui vivaient des minima sociaux pour la plupart... Seul l'un d'eux travaillait ". 

Au fil des mois, les garçons ont parlé

"Ce dossier a débuté par une demande d’assistance éducative,  avait indiqué lundi le vice-procureur de la République de Nevers à nos confrères du Journal du Centre. En 2017, des troubles du comportement et des traces de violence avaient inquiété les services éducatifs qui ont soupçonné de la maltraitance. Dès lors que les enfants ont été placés - en mai 2017 - , sur décision du juge des enfants de Nevers, un certain nombre de révélations, progressives dans le temps, ont corroboré dans un premier temps les soupçons de maltraitance physique". 

Mais depuis le placement des quatre garçons et leur suivi psychologique il y a un an et demi, les enfants ont relaté bien des choses. "Quand les mineurs se sont trouvés dans un milieu protégé, ils ont commencé à mettre des mots sur ce qu'ils ont subi. détaille le vice-procureur.  En janvier 2018, une enquête préliminaire a été ouverte, portant à la fois sur les violences physiques et les soupçons d'abus sexuels. Elle a abouti la semaine dernière avec l'interpellation, la garde à vue et la mise en examen des suspects". 

Parmi les 70 infractions retenues, il est question de "privation d'aliments", de "violences aggravées", de "corruption de mineurs", "agressions sexuelles", viols... "Cette affaire est hors normes non pas, hélas, par la nature des faits mais par le nombre de mis en cause, le nombre d'enfants victimes et le nombre considérable d'infractions", commente le vice-procureur de Nevers Paul-Édouard Lallois à LCI. 

"Villages reclus de la Nièvre"

Selon nos informations, les actes reprochés auraient été commis au domicile des différents protagonistes. Les enfants n'étaient, semble-t-il, ni drogué ni alcoolisé au moment des faits.  "Les couples se retrouvaient avec les garçons au domicile des uns ou des autres, tous situés en zone très rurale, isolée, sans voisin direct. Des petits villages reclus de la Nièvre. Les hommes sont accusés d'avoir fait subir notamment des pénétrations anales aux garçons. Il est également fait état de masturbations, fellations, caresses diverses, visionnage de films pornos. Les enfants étaient utilisés par les adultes dans ces actes sexuels." 

Concernant les trois femmes, il leur est essentiellement reprochés des faits de violences aggravées et des faits de corruption de mineurs. "Les enfants étaient amenés à devoir assister à des actes sexuels que les adultes avaient entre eux, devant eux, et à devoir visionner des vidéos pornographiques toujours à la demande des adultes", précise une source proche du dossier. 

"Les femmes sont libres sous contrôle judiciaire. Les faits reprochés qui leur sont reprochés ne sont pas de nature criminelle mais correctionnelle. Par ailleurs, la détention provisoire est une mesure exceptionnelle. La présomption d'innocence s'applique. Les enfants sont tous placés donc protégés depuis mai 2017", précise le vice-procureur. 

Certaines infractions ont été reconnues, d'autres contestées. "En raison du jeune âge des victimes et de la multiplicité des faits, les garçons ne sont pas en capacité de dater précisément les agressions, viols et autres faits. Ce sera le travail de l'instruction", conclut Nevers Paul-Édouard Lallois. 

L'information judiciaire a été ouverte auprès du pôle de l'instruction de Bourges (Cher), Nevers ne disposant pas de pôle criminel. 


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