Ecquevilly : la mosquée salafiste fermera, confirme le Conseil d'Etat

par Marine TESSE
Publié le 7 décembre 2016 à 9h40, mis à jour le 7 décembre 2016 à 10h41
Ecquevilly : la mosquée salafiste fermera, confirme le Conseil d'Etat
Source : Thomas Padilla/AP/SIPA

CONSEIL D’ÉTAT - Le Conseil d'Etat a confirmé mardi la fermeture de la mosquée salafiste d'Ecquevilly, dans les Yvelines. Ce dernier l'accuse d'appeler à "la discrimination et à la haine, voire à la violence contre les femmes, les juifs et les chrétiens".

Salafisme "pacifique" ou "message insidieux" djihadiste ? La mosquée d'Ecquevilly avait contesté sa fermeture lundi 5 décembre devant le Conseil d'Etat . Celui-ci l'a confirmé mardi, estimant que la fermeture ne porte pas "une atteinte grave" à la liberté de culte, puisque trois autres espaces religieux sont à disposition des fidèles à "moins de cinq kilomètres". Le juge des référés estime également que l'existence des prêches de l'imam appelant à "des comportements violents, sectaires ou illégaux" est établie.

Le lieu de culte, accusé par les autorités d'appeler "à la discrimination et à la haine, voire à la violence contre les femmes, les juifs et les chrétiens", avait fermé ses portes après une décision du préfet des Yvelines le 2 novembre dernier. L'interdiction court jusqu'à la fin de l'état d'urgence. 

En cause, non pas des liens directs avec les filières djihadistes, mais la teneur des discours de son populaire imam, Youssef Abou Anas. La mosquée est "un lieu de référence influent de la mouvance salafiste prônant un islam rigoriste", a fait valoir la préfecture. Le religieux est notamment accusé d'avoir légitimé dans un prêche les attentats du 13-Novembre. La menace terroriste, souligne l'arrêté, implique "des individus de plus en plus jeunes dont le trait commun est de fréquenter assidûment des mosquées salafistes", rappelait-il. Ecquevilly, 4000 habitants, se situe à proximité des Mureaux, dont certaines cités sont minées par des affaires d'islamisme radical.

On ne voit pas en quoi la lutte contre le terrorisme imposerait de bâillonner toutes les formes d'islam en France au seul motif qu'elles ne répondraient pas à tous les canons de l'islam républicain
Vincent Brengarth et William Bourdon, avocats de l'association islamique Malik Ibn Anas

Le 17 novembre dernier, le tribunal administratif de Versailles, saisi au nom de la liberté de culte par l'association islamique Malik Ibn Anas, avait rejeté la réouverture. Ses avocats avaient alors annoncé ce recours devant le Conseil d'Etat. "On ne voit pas en quoi la lutte contre le terrorisme imposerait de bâillonner toutes les formes d'islam en France au seul motif qu'elles ne répondraient pas à tous les canons de l'islam républicain", avaient plaidé Vincent Brengarth et William Bourdon, dénonçant un amalgame entre salafisme et djihadisme. Le tribunal administratif, pour confirmer la fermeture, s'était appuyé sur une note blanche produite par la préfecture.

Cette note, soulignait le juge des référés, attribuait aussi à l'imam des propos litigieux relatifs à l'islam ou aux femmes. Ces discours ont "déjà des effets négatifs sur la cohésion sociale à Ecquevilly en raison d'une pression religieuse s'exerçant notamment sur les  femmes insuffisamment ou non voilées et rejaillissant sur les relations entre les enfants", poursuivait le magistrat. A l'audience, le ministère de l'Intérieur avait décrit "un message insidieux, subliminal, qui instille l'idée dans la communauté que, finalement, les attentats sont tolérables", le tout derrière une "vitrine propre".

"Apolitique et pacifique"

Dans sa requête auprès du Conseil d'Etat, l'association rétorque que la mosquée, qui se revendique du salafisme quiétiste (ordinaire) et non du salafisme "révolutionnaire", est "apolitique et pacifique". Elle répète avoir toujours condamné le terrorisme, notamment dans des tracts après le 13-Novembre. "Aucun" de ses fidèles,  assurait-elle, n'est à sa connaissance mis en cause dans un dossier terroriste. Retranscriptions à l'appui, l'imam nie avoir tenu les propos reprochés. 

Au niveau national, une vingtaine de mosquées et salles de prières présumées radicalisées ont été fermées depuis l'instauration de l'état d'urgence après les attentats du 13 novembre 2015. Au total, la France compte quelque 120 mosquées et salles de prière salafistes ou sous influence du salafisme, courant fondamentaliste sunnite.

Ile-de-France : 4 mosquées soupçonnées de radicalisation ferméesSource : Sujet JT LCI
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