Manifestante grièvement blessée samedi à Nice : que s'est-il passé ?

Publié le 25 mars 2019 à 8h02

Source : JT 20h WE

ENQUÊTE - Une femme âgée de 74 ans a été blessée lors d'une charge de la police, samedi 23 mars à Nice en marge de la manifestation des Gilets jaunes. La famille de Geneviève Legay, hospitalisée en urgence, va déposer plainte. Une enquête a été ouverte par la justice.

L'acte 19 des Gilets jaunes à Nice, interdite dans une grande partie de la ville, a été émaillée samedi 23 mars par des heurts avec les CRS, qui ont fait au moins une blessée grave, une manifestante âgée de 74 ans. Aux alentours de 11 heures, quelques dizaines de personnes ont malgré tout bravé l'interdiction de manifester sur la place Garibaldi, lieu habituel des rassemblements niçois, qui était cette fois-ci incluse dans le périmètre de sécurité. Un mouvement de foule consécutif à une charge des policiers, qui avaient reçu l'ordre d'évacuer la place, a provoqué la chute de la septuagénaire.

Que s'est-il passé samedi à Nice ?

Dans la matinée, la manifestante a été grièvement blessée près de la place Garibaldi en tombant après une charge policière. "Elle a apparemment tapé fort sur un poteau (délimitant le parcours) du tramway. Cela s'est fait dans la phase de dispersion", a expliqué le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, à l'AFP. Son pronostic vital était à ce moment-là réservé.

Arrivés sur place, les pompiers l'ont évacuée consciente malgré ses blessures et la flaque de sang visible au niveau de sa tête. "Elle a été prise en charge par les pompiers avec une qualification d'urgence relative, et à son arrivée à l'hôpital, elle s'est retrouvée avec une appréciation médicale montée d'un cran, qualifiée de pronostic réservé", a ajouté le magistrat.

Qui est la Niçoise blessée ?

Elle s'appelle Geneviève Legay et est âgée de 74 ans. La septuagénaire, à la retraite, est une figure du militantisme niçois. Elle est connue comme la porte-parole de l'ONG altermondialiste Attac dans les Alpes-Maritimes. L'association, créée en France en 1998, promeut la réduction des inégalités économiques et sociales entre les peuples. "Pourquoi charger avec une telle brutalité une militante non violente ?", s'est interrogé sur Twitter, Raphael Pradeau, porte-parole d'Attac. Elle est aussi militante pour la fondation Agir contre l'exclusion (Face), la CGT et du mouvement politique de gauche écologiste Ensemble.

Selon sa famille, Geneviève est une pacifiste et une militante pour la paix. L'une de ses trois filles a indiqué à l'AFP qu'elle était venue pour défendre le droit de manifester, avec un drapeau arc-en-ciel. Si elle ne l'a d'abord pas reconnue, la septuagénaire a raconté ce qui lui était arrivée en ces mots : "Je me souviens qu'un policier m'a chargée et après je ne me souviens de rien".

De quoi souffre la septuagénaire ?

"Elle souffre de plusieurs fractures au crâne, au rocher (oreille interne) et des hématomes sous-duraux", a précisé sa fille. Selon cette dernière, les médecins ont eu "très, très peur" pour elle quand ils l'ont examinée. "Elle doit rester encore 48 heures sous surveillance. Elle est consciente, sous perfusion de morphine, car elle a de violents maux de tête", a-t-elle précisé.

Selon Nice-Matin, les médecins de l'hôpital Pasteur, où est soignée la septuagénaire, ont démenti les informations de Me Arié Alimi, l'avocat de Geneviève Legay, qui a affirmé dimanche sur franceinfo que sa cliente est "dans un état de sédation important avec beaucoup de morphine." "Elle est consciente et cohérente et répond à toutes les questions", a confié une source médicale au quotidien régional. "Elle n'est pas dans le coma. Elle n'est pas en réanimation mais hospitalisée dans le service de post-urgence. Ses filles sont auprès d'elle et sa famille dispose de toutes les informations sur son état de santé".

Que va-t-il advenir désormais ?

Dimanche, Me Arié Alimi a annoncé sur LCI que la famille allait porter plainte lundi à Nice pour "violence volontaire en réunion avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique et sur personne vulnérable". Il a aussi indiqué qu'une plainte visant le préfet Georges-François Leclerc allait être déposée et que l'IGPN, la police des polices, serait saisie. "Nous visons le préfet des Alpes-Maritimes pour avoir donné l'ordre de charger des personnes âgées, il y a une complicité d'infraction. Nous trouvons que c'est dramatique. Les CRS voient trois personnes âgées immobiles et statiques et commencent à les charger. Ils ont eu des consignes. Je n'ai jamais vu de telles images dans notre pays depuis bien longtemps, il faut que ça cesse."

Du côté du parquet de Nice, une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les causes des blessures, un médecin légiste a été nommé et les enregistrements de vidéosurveillance de la ville ont été saisis, a indiqué une source judiciaire à LCI. 

ll sera notamment question de savoir si la manifestante de 74 ans était ou non dans le périmètre interdit lors de la charge policière. "Quand on se maintient dans une manifestation après les sommations réglementaires pour dire que les gens doivent se disperser, c'est un délit", a expliqué le magistrat niçois, Jean-Michel Prêtre, à l'AFP. "Pour elle, ce n'est pas si net : là où ça s'est passé, c'était presque en dehors de la place, dans un mouvement confus des forces de l'ordre et des manifestants". 


La rédaction de TF1info

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