"La musique nègre s'adresse au cerveau reptilien" : à la barre, le patron de Radio Courtoisie persiste et signe

Publié le 7 décembre 2016 à 23h15, mis à jour le 7 décembre 2016 à 23h38
"La musique nègre s'adresse au cerveau reptilien" : à la barre, le patron de Radio Courtoisie persiste et signe
Source : Tristan Reynaud/SIPA

JUSTICE - Six mois avec sursis et 15.000 euros d'amende ont été requis ce mercredi contre Henry de Lesquen, président de Radio Courtoisie et candidat à la présidentielle. Il comparaissait en correctionnelle notamment pour "provocation à la haine raciale" pour de nombreux tweets.

Les réquisitoires sont tombés ce mercredi dans la soirée. Six mois de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende ont été demandés contre Henry de Lesquen pour "provocation à la haine raciale".

 Tel un bâteleur qui harangue les foules, depuis plusieurs jours, le patron de l'ultradroitière Radio Courtoisie appelait ses soutiens à "venir nombreux" à l'audience,  devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Un appel lancé sur Twitter et sur son "site officiel de campagne", car ce dernier est aussi candidat à la présidentielle 2017.  

"La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme, NDLR), officine juive communautariste dite antiraciste, me fait un procès politique pour délit d'opinion", écrit-il, poursuivant "thèmes abordés : la musique nègre, le racisme juif, le coefficient de blancheur des équipes de balle au pied".  

Des déclarations au goût nauséabond

Henry de Lesquen est un utilisateur compulsif des réseaux sociaux, qui lui servent à propager des déclarations choc au goût nauséabond. Ainsi, pas moins de 14 textes publiés sur son site et ses comptes Twitter, entre décembre 2015 et juillet 2006, sont poursuivis par la justice pour "injures publiques, contestation de crimes contre l'humanité et provocation à la haine raciale".

 Deux tweets datés de décembre 2015 et avril 2016 sont notamment au coeur des débats. Dans le premier, il écrivait : "Centrée sur le rythme, la musique nègre s'adresse au cerveau reptilien". Dans un autre texte, il s'interrogeait sur la longévité des rescapés de la Shoah : "Je suis émerveillé de la longévité des rescapés de la Shoah morts à plus de 90 ans. Ont-ils vécu les horreurs qu'ils ont racontées ? (...) La plantureuse S. Veil rescapée de la Shoah a 88 ans. A ma connaissance, elle va bien".

Les débats ont été surréalistes
Le procureur de la république

A la barre, cet ancien haut-fonctionnaire de 66 ans,  fines lunettes et cheveux blancs, costume sombre à rayures, se dit victime d'un "procès politique" pour délits d'opinions et qualifie les parties civiles qui ont dénoncé ses propos d"officines de délation".  Il se décrit comme "un patriote français" en lutte contre "le cosmopolitisme" de "ceux qui ne veulent plus que la France soit un pays de race blanche et de religion chrétienne".

La "musique nègre", persiste-t-il, est "obscène de part en part", fondée sur un rythme à connotation sexuelle qui conduit à "l'ensauvagement de l'homme". A propos de la Shoah, il dénonce un "racisme" subi par des internés non-juifs d'Auschwitz, qualifiés de déportés, alors que les autres sont des "victimes de la Shoah". Plus tard, il expliquera que "le journal d'Anne Frank est une imposture" car écrit par son père. 

"Les débats ont été surréalistes. On a eu droit à un bon panorama des obsessions de M. de Lesquen", a résumé le procureur, comparant les propos du prévenu à "une rediffusion de Radio Paris" qui propageait la propagande allemande durant l'occupation. La défense a réclamé la relaxe en défendant "la liberté du commentaire". Le jugement a été mis en délibéré au 25 janvier.


La rédaction de TF1info

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