INFO LCI - Attentat de Nice : un proche du terroriste remis en liberté

par William MOLINIE
Publié le 26 octobre 2018 à 6h00, mis à jour le 26 octobre 2018 à 7h22
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Source : Sujet TF1 Info

ENQUÊTE - Selon nos informations, Hamdi Zagar, proche de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'auteur de l'attentat de Nice, a été relâché cet été. Il était incarcéré dans le cadre de l’enquête sur les événements de 14 juillet 2016. Les familles de victimes du terrorisme s’inquiètent du suivi par les services de renseignement des suspects libérés dans l’attente de leur procès…

Une discrète libération passée inaperçue, en plein cœur de l’été. Selon nos informations, Hamdi Zagar, proche de Mohamed Lahoueij-Bouhlel, l'auteur de l'attentat de Nice, incarcéré jusqu’à présent dans le cadre de l’enquête sur l'attaque au camion-bélier du 14 juillet 2016, a été remis en liberté le 1er août dernier et placé sous contrôle judiciaire. Cette libération intervient deux ans après son incarcération, les juges n’ayant pas renouvelé sa détention provisoire. Il lui est toutefois interdit de quitter le territoire français, il doit pointer régulièrement au commissariat et ne doit pas entrer en contact avec les autres protagonistes du dossier, pour la plupart encore derrière les barreaux. 

En fin d’année dernière, Enkeledja Zace, une femme albanaise soupçonnée d’avoir eu un rôle dans la fourniture d’une arme au terroriste, avait aussi été libérée, placée sous contrôle judiciaire. Mais la libération d’un protagoniste clé, poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, est une première dans ce dossier titanesque. Elle laisse perplexe les victimes et familles de disparus de l’attentat de Nice, inquiètes d’un éventuel départ à l’étranger pour éviter le procès.

Interrogations sur le suivi des mis en examen

"Nous avons vu dans d’autres dossiers l’impossibilité pour les services de renseignement de suivre administrativement des mis en examen, libres sous contrôle judiciaire", regrette auprès de LCI Me Samia Maktouf, avocate de plusieurs parties civiles dans l’attentat de Nice. "Nous prenons acte de cette décision. Mais il faut réformer la loi qui est amnésique sur cette question de la surveillance des prévenus sous autorité de la justice", insiste-t-elle. 

Selon nos informations, les juges d’instruction en charge de ce dossier ont prévu de recevoir prochainement à nouveau les parties civiles, près de 600 à ce jour, afin de faire un point sur l’avancée de l’enquête. Cette réunion se fera en deux temps pour répartir les échanges, compte tenu du nombre important de victimes : le 20 novembre à Nice puis le 28 novembre à Paris.

ARCHIVES - Un an après, une nuit d’émotion pour l’hommage aux victimes de l’attentat de NiceSource : JT 13h WE

Pas de lien avec la zone irako-syrienne

Le Niçois Hamdi Zagar, âgé de 38 ans, est père de trois enfants. Alors que son frère est marié à la sœur du terroriste qui a fait 86 morts et des centaines de blessés le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice, il est présenté comme un proche de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Pour preuve, les échanges d’appel et de SMS retrouvés dans le téléphone du terroriste. Il apparaît aussi en photo devant le camion, photo prise le 12 juillet, soit deux jours avant l’attentat. Il s’en est défendu en indiquant penser avoir été piégé par le terroriste qui aurait voulu se venger. C’est d’ailleurs la thèse de plusieurs suspects : Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, dont il est établi qu’il était déséquilibré, se serait inventé un commando imaginaire et aurait pris le soin de compromettre plusieurs de ses proches à leur insu avant de passer à l’acte. Sollicité par LCI, son avocat n’a pas souhaité réagir.

Un des messages d’Hamdi Zagar pouvait laisser penser qu’une deuxième attaque était prévue un mois plus tard le 15 août 2016. Les enquêteurs de sous-direction antiterroriste (Sdat) ont, selon nos informations, acquis la quasi-certitude qu’aucune action n’était prévue à cette date. L’attentat de Nice, même s’il a été revendiqué – sans doute opportunément – par l’Etat islamique, n’a pas été commandité depuis la zone irako-syrienne. Aucun lien, aucune cellule, aucune connexion n’a été trouvée en plus de deux ans d’enquête.


William MOLINIE

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