Le plasticien Jeff Koons a rendez-vous avec la justice pour une accusation de plagiat

Publié le 22 septembre 2018 à 22h43, mis à jour le 22 septembre 2018 à 23h03
Le plasticien Jeff Koons a rendez-vous avec la justice pour une accusation de plagiat
Source : EMMANUEL DUNAND / AFP

JUSTICE - L'artiste Jeff Koons comparaîtra lundi devant un tribunal parisien pour des accusations de plagiat. Le créateur des publicités Naf-Naf accuse le plasticien américain d'avoir copié une campagne des années 1980, représentant le fameux petit cochon de la marque, secourant une femme dans la neige.

Jeff Koons sera-t-il condamné une nouvelle fois, pour plagiat ? La justice française devra statuer. Le plasticien américain est poursuivi par Franck Davidocivi, le créateur des publicités de la marque Naf-Naf, qui l'accuse d'avoir copié une publicité de 1985 représentant une femme, brune aux cheveux courts allongée dans la neige avec un petit cochon portant un tonneau autour du cou, à la manière d'un Saint Bernard, son groin non loin de sa chevelure. 

Dans l'oeuvre de Jeff Koons la jeune femme n'est plus vêtue d'une doudoune mais d'un haut en résille laissant apparaître ses seins, le porcelet porte lui un collier de fleurs. 

EMMANUEL DUNAND / AFP

Franck Davidovici estime que cette oeuvre en porcelaine de 1988 de Koons, actuellement l'un des artistes vivants les plus chers au monde, est une "contrefaçon" de cette publicité "Fait d'hiver" (voir ci-dessous). Il demande au tribunal de grande instance de Paris de prononcer la confiscation de cette sculpture et près de 300.000 euros de dommages et intérêts. Pour l'avocat du créateur Me Jean Aittouares, l'oeuvre de Jeff Koons est "une copie servile" de la publicité.

"C'est la même oeuvre en trois dimensions, à laquelle Jeff Koons a ajouté des fleurs et deux pingouins pour évoquer le froid, ce qui vise à coller à l'oeuvre d'origine. Le discours est strictement le même", argumente l'avocat du publicitaire. "Il parachève le plagiat en donnant à son oeuvre le même titre que la publicité, 'Fait d'hiver'", ajoute Me Aittouares. 

C'est en 1988, soit trois ans après la publicité que l'oeuvre de Koons avait été exposée pour la première fois, dans une galerie de New York avant de faire le tour du monde. En 2014, elle avait été exposée au Centre Pompidou, lors de la rétrospective de l'artiste américain. 

Jeff Koons s'expose au Centre PompidouSource : Sujet JT LCI
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C'est peu de temps avant cette exposition que Davidovici a découvert cette oeuvre, dans un livre. Il avait demandé en justice la saisie de l'exemplaire exposé, vendu environ trois millions d'euros en 2007 chez Christie's à New-York, et faisant partie de la collection Prada. L'oeuvre avait finalement été retirée de l'exposition à la demande du prêteur.

"Une démarche d'appropriation"

Outre l'artiste lui-même, il avait assigné la société de l'artiste, Jeff Koons LLC, le Centre Pompidou, l'éditeur Flammarion qui a commercialisé un ouvrage reproduisant la sculpture, et la Fondation Prada. Une situation qui avait mis le Centre Pompidou dans l'embarras et Alain Seban, alors directeur du Centre Pompidou avait défendu l'artiste américain. Il avait expliqué la démarche "d'appropriation" de l'artiste. 

Et de rappeler que la question s'était posée pour d'autres œuvres de Jeff Koons, et notamment celles de la série "Banality" dont fait partie "Fait d'hiver". "Le principe même est de fonctionner à partir d'objets achetés dans le commerce ou d'images qui viennent de la publicité ou de magazines", avait-il déclaré. 

En mars 2017, le tribunal de grande instance de Paris avait jugé qu'une autre oeuvre de la série "Banality", une sculpture en porcelaine intitulée "Naked" (Nus), était bien la contrefaçon d'un cliché du photographe français Jean-François Bauret. Il avait condamné Jeff Koons LLC et le Centre Pompidou à verser des dommages et intérêts aux ayants droits de l'auteur de la photographie. Jeff Koons avait avant cela été poursuivi à trois reprises pour plagiat et condamné deux fois.


La rédaction de TF1info

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