Lorient : deux anciennes prostituées devant les assises après la découverte d'un corps dans une valise

par Amandine REBOURG Amandine Rebourg
Publié le 8 décembre 2016 à 13h09
Lorient : deux anciennes prostituées devant les assises après la découverte d'un corps dans une valise
Source : MARCEL MOCHET / AFP

JUSTICE - Deux anciennes prostituées comparaissent ce jeudi devant les assises du Morbihan. Elles sont accusées d'avoir découpé le corps de leur ancien proxénète, de l'avoir mis dans une valise et jeté dans la rade de Lorient. Les deux femmes, ainsi que le père de l'une d'elles, encourent jusqu'à trente ans de prison.

Le 13 juillet 2011, deux plaisanciers naviguent dans la rade de Lorient et font une macabre découverte : un pied humain dépasse d'une valise, percée de trous de couteau et lestée d'haltères généralement utilisées en mer comme gueuses pour les casiers et les cordages. Le bagage est à la dérive... L'alerte est donnée à la gendarmerie maritime, qui découvre à l'intérieur le cadavre d'un homme, enroulé dans une bâche en plastique. Ses poignets, son visage, ses chevilles et ses genoux ont été scotchés au ruban adhésif. La victime est autopsiée et les autorités concluent à un décès par asphyxie. 

L'identité de l'homme est encore inconnue, mais dans la poche de son pantalon, les enquêteurs découvrent un trousseau de clés. Après deux ans d'investigations, l'une d'entre elles permettra d'identifier la victime, mais elle également les auteures présumées du meurtre : Laïla Id Yassine, dite "Sabrina", 32 ans, gérante d'un établissement de massage dans le 9e arrondissement de Paris, et Elodie Le Toullec, une Lorientaise de 29 ans, salariée du salon. Un salon prétendument de massage mais qui, en réalité, abritait quelques pratiques illégales. 

La clé de l'énigme

C'est donc la "fameuse" clé trouvée dans la poche de la victime qui mènera les enquêteurs jusqu'à la région parisienne. La brigade de recherches de la gendarmerie maritime, en charge de l'enquête, est en effet remontée jusqu'à un serrurier domicilié là-bas. Ce dernier s'était souvenu être intervenu dans un appartement du 8e arrondissement de Paris : la porte avait été défoncée et il fallait changer la serrure et la clé. 

La clé découverte sur le cadavre actionnait effectivement la serrure conservée par l'artisan, un modèle très rare, édité en peu d'exemplaires. Cet appartement des quartiers chics parisiens a permis d'identifier le locataires : un certain Farid Ouzzane, 55 ans, né à Créteil. Un proxénète qui jouait les "indics" pour la police à ses heures perdues. 

Il a fallu se débarrasser du corps...

Les gendarmes remontent alors le fil et mettent les deux femmes en garde à vue. D'après l'accusation, l'homicide aurait eu lieu le 21 juin 2011 dans le salon de massage de Laïla Id Yassine. Après une discussion vive, un cluedo macabre se met en place. Laïla Id Yassine est soupçonnée d'avoir frappé le proxénète d'un coup de chandelier sur la tête, avant de l'étrangler avec un câble, aidée d'Elodie Le Toullec. Le méfait accompli, il a fallu se débarasser du corps. Toutes deux se mettent en quête d'une valise, qu'elles achètent sur les Champs-Elysées, pour le cacher. 

Mais il faut faire disparaître cet encombrant bagage et, en dernier recours, elles font appel au père d'Elodie Le Toullec, qui réside à Lorient. La version du moyen de transport emprunté par les deux jeunes femmes divergent : pour le Parisien, le trajet se fera en train pour rejoindre le Morbihan. L'AFP indique qu'elles ont emprunté un taxi, la valise macabre dans le coffre. 

Pierrick Le Toullec dira aux enquêteurs que, pensant à l'avenir de sa fille, il a emprunté le bateau d'un ami le matin du 23 juin. Il leste la valise, lui donne des coups de couteau pour qu'elle coule et la jette la mer... jusqu'à sa découverte trois semaines plus tard par les plaisanciers. 

Au cœur des débats : les personnalités des accusées...

Les débats devraient se concentrer autour de la personnalité des deux accusées, qui encourent jusqu'à 30 ans de prison. Les experts ont pointé la grande "malléabilité" d'Elodie, face à une "Sabrina" plus forte, plus "narcissique et instrumentalisant facilement son entourage". Laïla Id Yassine, poursuivie pour meutre, nie toute implication dans cette affaire. Elodie Le Toullec, quant à elle, est poursuivie pour complicité de meurtre et reconnaît les faits. Quant à son père, il comparaît pour recel de cadavre. Le procès doit durer une semaine et demie. Verdict attendu le 16 décembre.


Amandine REBOURG Amandine Rebourg

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