FAIT DIVERS - Deux agents de police ont été respectivement condamnés mercredi à quatre ans et à 18 mois de prison pour l'arrestation illégale d'un réfugié afghan, abandonné dans un terrain vague où il affirme avoir été frappé.
Ils avaient été incarcérés pour enlèvement et séquestration, faux et violences volontaires. Deux policiers ont été condamnés mercredi soir en comparution immédiate à Marseille à quatre ans et à 18 mois de prison pour l'arrestation illégale d'un jeune réfugié afghan.
Le 12 avril, des caméras de vidéosurveillance avaient filmé l'interpellation musclée de Jamshed, 27 ans, porteur d'un titre de séjour, sur le Vieux-Port de Marseille. Il avait été abandonné 30 km plus loin dans un terrain vague où il affirme avoir été frappé. Les policiers, qui intervenaient dans le cadre du contrôle du confinement, le soupçonnaient d'avoir craché sur deux passants qui lui auraient refusé une cigarette. Il avait été projeté contre le véhicule de police après une clé de bras, puis placé à l'intérieur.
"Un coup de poing ou une gifle"
Le troisième membre de cet équipage de la CRS autoroutière, une jeune femme, adjointe de sécurité, a écopé d'un an de prison avec sursis. Devant le tribunal correctionnel de Marseille où ils comparaissaient à l'issue de leur garde à vue dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale, les fonctionnaires ont évoqué des doigts d'honneur et des invectives au moment du menottage. Reconnaissant les faits, ils ont souligné qu'en raison de la crise sanitaire, ils se seraient "fait rire au nez" s'ils avaient transporté le jeune homme devant un officier de police judiciaire pour outrage.
Arrivé sur un terrain isolé à Châteauneuf-les-Martigues, à une trentaine de kilomètres de Marseille, le chef de bord, le brigadier Michel Provenzano, 46 ans, a déposé dans le vide-poche ses lunettes de soleil et son arme de service "pour ne pas faire de conneries", a-t-il déclaré au tribunal. Derrière une butte, le jeune Afghan aurait alors reçu "un coup de poing ou une gifle", selon l'adjointe de sécurité, mais ces violences sont contestées par ses deux collègues. Une fois Jamshed abandonné, Michel Provenzano lâchera : "Ca fait du bien, ça soulage", toujours selon l'adjointe de sécurité. Les deux hommes prennent alors la décision de rédiger un faux procès-verbal indiquant avoir laissé le jeune réfugié à l'Hôtel de police.
"Pas dignes de leur uniforme"
La peine de quatre ans de prison prononcée à l'encontre de M. Provenzano est supérieure aux trois ans requis par la procureure Virginie Tavanti selon laquelle ces policiers "n'ont pas été dignes de leur uniforme". La peine de 18 mois de prison ferme infligée à son collègue Mathieu Coelho est quant à elle conforme aux réquisitions.
Me Nicolas Berthier, défenseur de Michel Provenzano, avait évoqué un "quasi-suicide professionnel", appelant le tribunal à "ne pas réduire ce policier à 33 minutes de folie, hors cadre, après 20 ans passés dans les CRS sans aucun incident".