Jeune métisse choisie pour incarner Jeanne d'Arc : enquête préliminaire ouverte après des tweets racistes

Publié le 23 février 2018 à 14h59, mis à jour le 23 février 2018 à 16h07
Jeune métisse choisie pour incarner Jeanne d'Arc : enquête préliminaire ouverte après des tweets racistes
Source : Capture d'écran YouTube

JUSTICE - Le procureur de la République à Orléans a ouvert une enquête préliminaire pour "provocation publique à la discrimination et la haine raciale" après des tweets racistes comparant à un singe Mathilde Edey Gamassou, la jeune fille métisse désignée pour incarner Jeanne d'Arc aux prochaines festivités annuelles célébrant l'héroïne d'Orléans.

Une enquête préliminaire pour "provocation publique à la discrimination et la haine raciale" a été ouverte par le procureur de la République d’Orléans. Deux tweets sont notamment visés dans lesquels les auteurs, cachés derrière des pseudonymes, comparent Mathilde Edey Gamassou à "un babouin". 

La jeune femme de 17 ans - qui a des origines béninoises par son père et polonaises par sa mère - a été choisie pour incarner Jeanne d'Arc lors des fêtes johanniques 2018. Ces dernières célébrent chaque année la victoire en avril 1429 de la Pucelle d’Orléans sur les Anglais. Depuis l’annonce de ce choix lundi dernier, la jeune lycéenne est victime d’un flot de commentaires racistes et injurieux sur les réseaux sociaux. 

Faits passibles de 5 ans de prison

Deux tweets sont dans le viseur du procureur d'Orléans, qui explique à l'AFP avoir saisi la sûreté départementale d'Orléans, confirmant une information de France Bleu. L'objectif est d'"identifier les auteurs de ces tweets qui relèvent clairement de l'application de la loi pénale", a déclaré le magistrat. Le premier compare la jeune fille à "un babouin", le second lui répond avec une photo de bananes. Les enquêteurs vont désormais rechercher l’identité de ceux qui se cachent derrière ces comptes. Les faits sont passibles d'une peine de cinq ans de prison.

Sur des sites internet d'extrême droite, le choix de Mathilde Edey Gamassou est dénoncé comme "une propagande pro-métissage, début d'une tentative de transformer l'histoire en un récit où ce seront les Arabes et les Noirs qui ont fait l'histoire de France depuis les débuts". Un déferlement de haine qui a fait réagir jusqu'aux plus hautes fonctions de l'Etat.

La secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre femmes et hommes, Marlène Schiappa, a en effet apporté jeudi "tout (son) soutien" à Mathilde Edey Gamassou. "Jeanne d'Arc n'appartient pas aux identitaires" et "l'Histoire de France non plus". "La haine raciste de la fachosphère n'a pas sa place dans la République française", a tweeté la secrétaire d'État. Bénédicte Baranger, présidente du comité Jeanne d'Arc, a déploré de son côté la "polémique" et s'est dite "triste de penser que ce choix puisse susciter la moindre récupération".

"Mathilde possède toutes (les) qualités"

La présidente de l'instance qui a décidé de distinguer Mathilde Edey Gamassou a rappelé que "cette jeune fille a été choisie pour ce qu'elle est, une personnalité intéressante et un esprit bien fait". "Elle répond aux quatre critères de choix que nous nous sommes fixés : résider à Orléans depuis dix ans, être scolarisée dans un lycée orléanais, être catholique et donner du temps aux autres. Il n'y a aucune provocation, elle portera notre histoire de France à tous, comme l'ont fait les autres Jeanne avant elle", a-t-elle conclu.  

Sur Twitter, le maire d'Orléans Olivier Carré a également écrit son soutien à la jeune femme : "Mathilde a été choisie par le jury. Seul critère : qu'en 2018 comme depuis 589 ans, le peuple d'Orléans célèbre Jeanne d'Arc par une jeune femme qui évoque son courage, sa foi et sa vision. Mathilde possède toutes ces qualités."

La 589e édition de la célébration de la levée du siège d'Orléans pendant la Guerre de 100 ans se déroulera du 28 avril au 8 mai. Elle sera marquée comme toujours par la chevauchée dans la ville de la jeune fille choisie pour jouer le rôle de la libératrice de la cité, en armure et étendard au poing. 


La rédaction de TF1info

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