RÉACTION - En marge du procès des attentats de janvier 2015, Me Richard Malka, l’avocat de Charlie Hebdo, a réagi aux nouvelles menaces d’Al-Qaïda contre le journal satirique. Des tentatives d'intimidation qui, estime-t-il, sont "montées d’un cran".
"Quand on a peur, on se serre les coudes." Après les nouvelles menaces lancées vendredi par l’organisation terroriste Al-Qaïda contre Charlie Hebdo liées à la republication de caricatures de Mahomet début septembre, l’avocat du journal satirique a réagi pour la première fois, en marge du procès des attentats de janvier 2015.
"Depuis le début de ce procès, il n’y a pas une heure qui passe sans que Charlie Hebdo ne reçoive à nouveau des menaces par téléphone, par mail, par réseaux sociaux", a indiqué Me Richard Malka devant les journalistes.
Suite des déclarations de Me Richard Malka suite aux menaces d'Al-Qaïda contre #CharlieHebdo et la France pic.twitter.com/WMMLZKlwEx — Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) September 14, 2020
Cette fois, les menaces sont "montées d’un cran", analyse l’avocat, qui les juge "précises, travaillées" et "reprenant la charte graphique de Charlie Hebdo, visant expressément des personnes". "Elles sont inquiétantes, nous les prenons au sérieux. Nous avons l’impression que l’histoire se répète, mais elle ne peut pas se répéter", a poursuivi Me Malka, pour qui ces menaces "ne concernent pas que Charlie Hebdo."
"La vraie menace, c’est la peur"
"Elles concernent d’abord" le journal satirique, a-t-il admis, mais aussi "le président de la République, (...) les médias, (...) et les Français" en général. "Ces menaces concernent en réalité 66 millions de Français. Elles concernent les juifs, les chrétiens, les musulmans, les bouddhistes, les athées : tous ceux qui refusent de se soumettre au dogme de ces gens", a déclaré l’avocat. "Quelle est l’arme d’Al-Qaïda et de ces gens-là ? Le terrorisme, qui s’attaque aux juifs parce qu’ils sont juifs, aux médias parce qu’ils informent, aux dessinateurs parce qu’ils dessinent, aux gens qui sont sur les terrasses parce qu’ils vivent, aux jeunes qui écoutent de la musique parce qu’ils écoutent de la musique..."
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Face à ces intimidations, Me Richard Malka appelle les Français à ne pas baisser les bras. "Nous n’allons pas arrêter de vivre parce que ces gens n’aiment pas la liberté", a-t-il indiqué. "Ces menaces et ce terrorisme ne déstabiliseront et n’anéantiront jamais nos valeurs démocratiques, nos institutions démocratiques. La seule chose qui peut (les) atteindre, c’est notre peur qui fait que nous nous déchirons, que nous pourrions décider d’abandonner nos libertés. La vraie menace, c’est cette peur."
L’avocat a ensuite fait part de ses "rêves les plus fous", dans lesquels "tout le monde n’est pas Charlie", parce qu’il "comprend que l’on puisse aimer ou ne pas aimer ce journal". "Je rêve que 66 millions de Français, quels que soient leur confession, se disent non pas ‘je suis Charlie’ mais ‘je suis libre’ et l’expriment", a-t-il déclaré. "Quand je reviens à la réalité, je me dis qu’on ne peut pas laisser Charlie Hebdo seul. Ce ne sont que 20 personnes. Il faudrait qu’il y ait 2, 5, 10, 50 Charlie Hebdo, qu’on ne puisse plus les menacer. Que le message que l’on fasse passer soit ‘passez votre chemin, plus vous nous assassinerez, moins on renoncera’."