JUSTICE - Le cardinal Barbarin a été condamné ce jeudi 7 mars par le tribunal de Lyon à six mois de prison avec sursis pour "non dénonciation d'abus sexuels". Une décision qualifiée d'onde de choc pour l'Eglise catholique mais qui n'est pas une première. Avant Philippe Barbarin, d'autres évêques ont été condamnés pour ne pas avoir dénoncé des abus sexuels, au sein de l'Eglise.
La justice a tranché : le cardinal Barbarin a été condamné à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels. Une décision dont il a immédiatement tiré les conséquences en déclarant qu’il allait remettre sa démission au pape François dans les jours à venir. "J'ai décidé d'aller voir le Saint Père pour lui remettre ma démission. Il me recevra dans quelques jours", a indiqué devant la presse l'archevêque de Lyon, le visage grave, après avoir dit "prendre acte de la décision du tribunal".
"Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes et leurs familles", a-t-il ajouté dans une brève déclaration de moins d'une minute. Si elle est importante pour les victimes et leurs proches, cette décision n'est toutefois pas une première. D'autres évêques ont été condamnés pour "non-dénonciation d'abus sexuels".
L'évêque de Bayeux-Lisieux, Monseigneur Pican en 2001
En juillet 1999, une plainte secoue l'Eglise. Elle est déposée à l'encontre de Mgr Pierre Pican, accusé d'avoir eu connaissance des agissements pédophiles d'un prêtre de son diocèse, René Bissey, avant la mise en examen de celui-ci en septembre 1998. L'évêque nie avoir été au courant des faits mais il est mis en examen pour non-dénonciation.
Un an plus tard, le père Bissey est condamné à 18 ans de réclusion pour des agressions et des viols commis sur une quinzaine d'adolescents entre 1985 et 1996. Avant l'arrestation du prêtre, l'évêque l'avait reçu pour évoquer "ses problèmes" mais il n'en aurait pas appris suffisamment, alors, pour le dénoncer à la justice.
C'est en tout cas ce qu'ont soutenu notamment les avocats de Mgr Pican à son procès, en juin 2001, plaidant la relaxe. Le tribunal correctionnel de Caen l'a condamné finalement à trois mois de prison avec sursis et il n'a pas fait appel, évoquant "une volonté d'apaisement". Le religieux est décédé en juillet dernier à l'âge de 83 ans.
L'ancien évêque d'Orléans, Monseigneur André Fort en 2018
En novembre dernier, Mgr André Fort, 83 ans, a été condamné à huit mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus sexuels d'un prêtre de son diocèse, l'abbé Pierre de Castelet, condamné pour sa part à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel d'Orléans.
Évêque du diocèse de 2002 à 2010, Mgr Fort n'avait pas informé la justice d'une lettre adressée par une victime, en 2008, relatant des attouchements subis en 1993 lors d'un camp du Mouvement eucharistique des jeunes, où l'abbé de Castelet était aumônier.
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Sans réponse de l'évêché, la victime a ensuite rencontré Mgr Fort en lui précisant qu'une dizaine de personnes avaient pu être victimes du prêtre, toujours sans effet. En 2010, c'est le nouvel évêque du diocèse qui, prévenu à son tour, a saisi la justice sans attendre.