Procès de Jawad Bendaoud : "Hasna, elle m'a pris pour un con", déclare le prévenu Mohamed Soumah

par Aurélie SARROT Aurélie Sarrot
Publié le 25 janvier 2018 à 21h35, mis à jour le 30 janvier 2018 à 18h45

Source : Sujet JT LCI

JUSTICE – Dans le cadre du premier procès lié aux attentats de Paris et de Saint-Denis en 2015, le tribunal correctionnel a procédé ce jeudi à l’interrogatoire de Mohamed Soumah, jugé, comme Jawad Bendaoud, pour "recel de malfaiteurs terroristes". Mohamed Soumah a été l’intermédiaire entre Hasna Aït-Boulahcen, cousine d'Abdelhamid Abaaoud, et "le logeur des terroristes". Il encourt une peine 6 ans de prison.

Depuis mercredi, il est dans le box aux côtés de Jawad Bendaoud. Mohamed Soumah, né le 12 septembre 1989 à Clichy-La-Garenne (Hauts-de-Seine), est jugé devant la 16e chambre du tribunal correctionnel pour les mêmes faits que son voisin, "recel de malfaiteurs terroristes" et encourt la même peine. 

Il est celui qui a présenté Hasna Aït-Boulahcen, sœur du troisième prévenu Youssef Aït-Boulahcen et cousine d’Abdelhamid Abaaoud, à celui qui allait devenir le "logeur de Daech", en novembre 2015. Lui assure qu’il ignorait tout sur les deux hommes qui allaient trouver refuge dans l’appartement de Jawad Bendaoud à Saint-Denis. Il se présente comme "un voyou", "un délinquant"  mais pas comme "un terroriste". 

"J’ai pensé à Bendaoud"

Veste sombre, survêtement de l’Inter de Milan, debout derrière la vitre du box, Mohamed Soumah, peu après le début de son interrogatoire par la présidente Isabelle Prévost-Desprez, a tenu à présenter ses "condoléances" et a demandé "pardon aux familles des victimes et aux victimes" des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts. "Indirectement, sans le savoir, c'est un peu ma faute. J'étais pas au courant mais ça reste de ma faute", concède-t-il avant de revenir sur son parcours. 

Il explique ainsi avoir été de foyer en foyer, comme ses frères et sœurs, être devenu musulman pratiquant à l’âge de 13 ans et avoir arrêté l’école en 4e,  "à cause de souci avec la justice, notamment".  "J’ai commis des délits, j’ai fait des braquages. J’ai jamais fait de formation, je voulais faire plomberie ou climatisation. Pour la plomberie, fallait être fort en maths, mais moi, je suis nul". Il commence finalement une formation en prison, qu’il arrête du jour au lendemain. "Je me suis évadé", confie-t-il. 

Devenu dealer dans 93, il connaît Hasna Aït-Boulahcen depuis peu, selon lui, quand celle-ci lui demande de lui trouver un hébergement pour plusieurs personnes.  "Hasna me demande si j’ai pas un squat. J’ai dit non. Je la vois, elle pleure. Je lui dis : 'Pourquoi tu pleures' ? Je lui ai dit que je connaissais un mec qui pouvait avoir ça, j’ai pensé à Bendaoud", dit Mohamed Soumah à la présidente. Bendaoud, il le connaît depuis 2011, quand les deux étaient en détention à Val-de-Reuil (Eure). Les deux hommes font du trafic de stup’ ensemble depuis.

"Je me dis peut-être je vais gratter un billet, je vais la baiser"

La présidente s’étonne qu’il ait tout de suite voulu aider cette femme qu’il connaissait à peine. "Moi, y'a rien qui me fait paraître une situation louche. On est dans le contexte des attentats mais la vie criminelle, elle continue. Ce jour-là, il y a un mec qui s’est fait tuer à Saint-Denis. Une rebeu me demande une planque. Je me dis peut-être je vais gratter un billet, je vais la baiser (…) Il n’y a rien qui me fait penser que c’est bizarre. Vous vous pensez direct aux attentats. Ok, il s’est passé un truc très très grave en novembre 2015, le plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, mais les délits ça continue", explique encore Mohamed Soumah, sans visiblement réaliser visiblement le poids de ses mots. 

"Elle m’a pris pour un con"

Mohamed Soumah réaffirme, alors que les questions se succèdent, qu’il ignorait qui étaient les deux hommes qui dormiront dans l’appartement avec Hasna Aït-Boulahcen : le cerveau présumé des attaques, Abdelhamid Abaaoud, et son compagnon de cavale Chakib Akrouh. Puis il réalise, selon lui, qu'il s'est fait avoir par cette charmeuse : "A la fin, je me suis dit, elle m’a utilisée, elle m’a baisé la gueule, elle avait des secrets pour moi. Je l’ai même pas baisée, elle m’a pris pour un con". 

Hasna Aït-Boulahcen sera abattue au cours de l’assaut du 18 novembre 2015 à Saint-Denis, comme les deux terroristes qui s’y trouvaient. Interpellé le 1er décembre 2015, Mohamed Soumah finira lui en prison sans jamais avoir pu "coucher" avec la jeune femme. Pour recel de malfaiteurs terroristes, en état de récidive, il encourt, comme Jawad Bendaoud, six ans de détention. 


Aurélie SARROT Aurélie Sarrot

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