Procès de la "chemise arrachée" chez Air France : les quinze salariés vont savoir

par Maud VALLEREAU
Publié le 30 novembre 2016 à 6h29, mis à jour le 30 novembre 2016 à 10h09
Procès de la "chemise arrachée" chez Air France : les quinze salariés vont savoir

PROCES - Epilogue mercredi 30 novembre dans l'affaire de "la chemise arrachée" du DRH d'Air France. De deux à quatre mois de prison avec sursis ont été requis contre cinq salariés poursuivis pour violences. Dix autres salariés risquent 1000 euros d'amende.

Ce mercredi 30 novembre, les "quinze d'Air France", poursuivis pour "dégradations" et "violences en réunion" dans le cadre de l'affaire dite de 'la chemise arrachée", vont connaître leur sort judiciaire. C'est dans une salle étonnamment calme que, le 28 septembre dernier, le procureur avait prononcé son réquisitoire. En introduction, Philippe Bourion avait tout de même pris soin de rappeler au public que tout rire, exclamation ou protestation serait banni. "Les réquisitions seront conformes à cette affaire, elles ne seront pas hypertrophiées ou minorées parce qu’on braille dehors", avait prévenu le magistrat en référence au rassemblement de l'intersyndicale organisé la veille devant le tribunal de Bobigny pour soutenir les quinze salariés. Quand il a requis 1000 euros d'amende contre les dix employés d'Air France poursuivis pour "dégradations" et des peines de 2 à 4 mois de prison avec sursis pour les cinq autres jugés pour "violences en réunion", les militants aux badges "relaxe" accrochés au coeur n'avaient alors pas bronché. 

"Ce n'était pas une opération syndicale mais une opération de casseurs d’abord et de voyous ensuite", avait-il d'abord asséné au sujet de ce désormais célèbre 5 octobre 2015. Des termes que le Premier ministre Manuel Valls avait lui-même employés au lendemain du rassemblement auquel avaient participé quelque 3000 manifestants devant le siège d’Air France à Roissy, en marge d’une réunion du comité central d’entreprise (CCE). Les salariés de la compagnie entendaient protester contre un nouveau plan social. Après avoir forcé le grillage d'accès, certains d'entre eux avaient débarqué dans la salle où la direction était réunie. Dans les cartons des dirigeants, un plan de restructuration menaçant 2900 postes. La suite, immortalisée par les caméras des médias, avait fait le tour du monde : le DRH Xavier Broseta et le directeur long-courrier Pierre Plissonnier, chemises arrachées, s'enfuyant sous les huées en escaladant un grillage. La veille, à la barre, les deux cadres étaient revenus pudiquement sur cet épisode "humiliant", vu 1,4 milliard de fois par les internautes.

"Transe collective"

"Il n'y a pas eu que des problèmes de chemise arrachée mais aussi des coups portés", avait poursuivi le procureur pour qui les prévenus se sont retrouvés "dans une espèce de transe collective". "Ils n'étaient plus les mêmes, estime-t-il. Individuellement, ils sont incapables de commettre ça". Si Philippe Bourion dit "avoir pris en compte le contexte" économique et social de ces incidents, il n'a en revanche pas douté un instant de l'implication des cinq hommes. 

La veille du réquisitoire, le 27 septembre 2016, les avocats des parties civiles et de la défense s'étaient longuement écharpés sur les vidéos versées au dossier d'instruction. Les extraits qui avaient alors été projetés ne permettaient pas de distinguer les "arracheurs" de chemises et les auteurs des coups. "Personne ne tombera jamais d’accord sur ce que l’on voit", avait fini par lâcher le président face à une avocate qui s'acharnait à faire parler le flou. Lors de son réquisitoire, le procureur avait préféré ironiser sur les dénégations de ces prévenus - qu'il qualifie d'"hyperprotéinés" et de "gros bras" - "formellement identifiés" par l'enquête de police. Et avait ainsi réclamé quatre mois de prison avec sursis contre Fabrice L., trois contre Pascal M., Samir A. et Vincent M., le délégué du personnel licencié, et deux mois contre Cédric E..


Maud VALLEREAU

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