Procès de Maeva, la "marieuse de Daech" : 8 ans de prison pour avoir conseillé des jeunes candidates au djihad

par Matthieu JUBLIN
Publié le 23 mars 2018 à 22h44, mis à jour le 24 mars 2018 à 0h10
Procès de Maeva, la "marieuse de Daech" : 8 ans de prison pour avoir conseillé des jeunes candidates au djihad
Source : AFP

JUSTICE - Maeva S. a été condamnée à 8 ans de prison pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Cette française de 24 ans était accusée d'avoir, depuis la Syrie, conseillé des jeunes femmes, parfois mineures, qui voulaient se rendre en terre de djihad. Elle était également suspectée d'avoir incité des mineures à commettre un attentat en France.

Est-ce que Maeva S., 24 ans, a incité des mineures à commettre des attentats en France ? C'est la question qui était posée lors du procès de cette française, qui a rejoint la Syrie en mai 2014 avant de rentrer en France à l'été 2015. Cette "revenante", qui a admis avoir donné des conseils à des jeunes filles qui souhaitaient se rendre en Syrie, a été condamnée ce vendredi par le tribunal correctionnel de Paris à 8 ans de prison.

Seule dans le box des prévenus, Maeva devait être jugée avec un autre prévenu, Brahim E., poursuivi lui aussi pour association de malfaiteurs terroristes et pour soustraction de mineure. Suspecté d'avoir incité au djihad une mineure, Sarah M., disparue depuis 2 ans, Brahim a lui même disparu et a été condamné à 5 ans d'emprisonnement en son absence. 

Des candidates au djihad parfois mineures

Le cas des deux prévenus a été étudié séparément, car ils ne se sont pas côtoyés. Mais tous deux ont échangé avec des jeunes filles mineures qui souhaitaient se rendre en Syrie. 

Maeva elle même s'est rendue en Syrie après avoir conversé avec un djihadiste français déjà sur place, Ziyeid S.. Alors âgée de 20 ans, après une enfance marquée par l'abandon de son père dès sa naissance, de sa mère à son adolescence, et par les violences de son beau père, elle part en Syrie, trois ans après s'être convertie et parce qu'elle disait y pouvoir mieux vivre sa pratique rigoriste de l'islam. Là bas, elle épouse Ziyeid et tous deux partent sur le territoire du califat islamique récemment proclamé. 

Au cours de l'audience, Maeva a admis avoir conseillé des jeunes candidates au djihad, parfois mineures, expliquant que son mari, lui, s'occupait des hommes. 

Une "ambivalence" qui pose question

Mais un élément a semé le doute. Sur Facebook, Maeva était connue sous le nom de "Oum Zahra" et, dans une conversation entre deux mineures dont le projet d'aller en Syrie a avorté, l'une d'elle a affirmé que "Oum Zahra" lui avait conseillé de commettre un attentat en France. À l'audience, Maeva a répété que ce n'était pas elle qui avait écrit ce message. 

La prévenue a finalement quitté la Syrie a l'été 2015 puis à été incarcérée en France. Ensuite placée sous contrôle judiciaire, elle a trouvé un emploi mais est aussi tombée amoureuse de Redoine T., un djihadiste incarcéré en France. Maeva assume cet amour qu'elle présente comme une preuve de sa volonté de réinsertion. Elle a cependant caché plusieurs fois à ses autorités pénitentiaires qu'elle allait voir Redoine, tout en prévenant d'autres autorités.

Devant "l'ambivalence" de Maeva, dénoncée par le procureur et reconnue par la défense, le ministère public a requis 6 ans de prison. Le tribunal a fini par aller au-delà, condamnant Maeva à 8 ans de prison. Celle-ci n'a pas encore indiqué si elle souhaitait faire appel.

Ce live est à présent terminé. 

Maeva "marieuse de Daech" ? "Ce n'était pas mon travail, je l'ai fait une fois pour dépanner", explique la jeune femme vendredi après-midi lors de son procès

Un message adressé en 2014 depuis son compte Facebook aurait suggéré à ces mineures de "soit exploser, soit se procurer une arme et tuer".

Revivez le live-tweet de notre envoyé spécial au procès ci-dessus. 


Matthieu JUBLIN

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