Anne Hidalgo entendue au procès des attentats de janvier 2015 : "Les noms des accusés, je ne souhaite pas les connaître"

Publié le 21 septembre 2020 à 21h51, mis à jour le 22 septembre 2020 à 9h32
Anne Hdalgo vient témoigner au procès des attentats de janvier 2015
Anne Hdalgo vient témoigner au procès des attentats de janvier 2015 - Source : AFP

JUSTICE - La maire de Paris a été entendue ce lundi comme témoin au procès des attentats de janvier 2015. Une majorité des avocats de la défense s'y était opposée et a quitté la salle d'audience en signe de protestation.

D'une voix triste et posée, monocorde, dans son tailleur pantalon noir, Anne Hidalgo, est venue témoigner ce lundi devant la cour d'assises spéciale. Citée par Me Patrick Klugman, avocat de plusieurs parties civiles dont SOS Racisme et ancien adjoint à la Ville de Paris, l'édile a raconté comment elle avait appris les tragédies successives des 7, 8 et 9 janvier 2015 et comment elles les avaient "gérées".

Ainsi, le 7 janvier, elle formulait ses vœux aux élus quand elle a pris connaissance de l'attaque dans le 11e. "J'ai décidé de me rendre immédiatement sur les lieux. J'étais devant l'immeuble de Charlie Hebdo vers midi, les lieux n'étaient pas encore sécurisés.", relate-t-elle. "Nous nous sommes retrouvés avec François Hollande et Bernard Cazeneuve, c'était la sidération. Nous ne savions pas qu'il y avait des morts(...) J'ai croisé le procureur de la République François Molins, son regard était livide, je croiserai ce même regard le 13 novembre. Puis j'ai vu Patrick Pelloux sortir en courant dans les bras de François Hollande en criant 'Charb est mort, Charb est mort !'."

"Ça recommence, le cauchemar recommence..."

Elle se souvient ensuite avoir appris l'assassinat et la tentative d'assassinat de Montrouge, puis ceux de l'Hyper Cacher, alors que se tenait à l'Hôtel de ville un Conseil de Paris extraordinaire pour que Charlie Hebdo soit fait citoyen d'honneur de la Ville de Paris. "Mon rôle, en tant que maire, je l’improvise car je n’ai jamais eu affaire à des attentats", explique-t-elle. "Je me suis dit mon rôle doit être de faciliter les secours, aider les victimes et mobiliser des équipements de la Ville si besoin."

Elle se remémore aussi cette phrase de Bernard Cazeneuve, qui, à son arrivée devant l'Hyper Cacher, lui lance : "Ça recommence, le cauchemar recommence..." Puis la demande du préfet de police de Paris, qui lui dit d'appeler les médias pour que les caméras soient baissées alors que l'assaut va être donné. 

Se défendant de toute "récupération politique", Anne Hidalgo explique à la cour qu'elle est présente "à cette audience car les journées de janvier 2015 ont bouleversé nos vies" et pour "rappeler les valeurs de la République", la lutte contre l'antisémitisme mais aussi "le respect de la liberté d'expression".

"Le procès ne sert pas à cultiver l'image"

Certains des avocats de la défense, opposée à la venue de la maire, n'ont pas assisté à son témoignage. Du côté des avocats de la partie civile, tous ne soutiennent pas son intervention. 

Me Cechman, s'interrogeant comme d'autres sur la pertinence du témoignage d'Anne Hidalgo dans la manifestation de la vérité, lui demande, comme pour déceler son intérêt pour le procès, si elle connaît le nom des accusés. "Non je ne les connais pas et je ne souhaite pas les connaître. Je préfère m'attacher à la mémoire des victimes", répond la maire qui, en préambule, avait lu les noms des 17 personnes décédées au cours de ces trois jours d'attaques. Dans le box, les accusés ne restent pas de marbre après cette réponse. 

"Madame Hidalgo n'a rien à apporter à la manifestation de la vérité. Nous l'avons dit avant qu'elle ne vienne à la barre et nous avons voulu montrer symboliquement que nous quittions la salle d'audience parce que son témoignage, son propos, ne peut pas éclairer la justice et donc n'a pas sa place dans un procès comme celui-ci", insiste pour sa part Me Saint-Palais, devant les journalistes à la suspension d'audience. Et de conclure, sans détour : "J'ai vu le plaisir que ce témoin avait à venir s'exprimer devant vous tout à l'heure et je crois qu'on cultive une image. Le procès ne sert pas à cultiver l'image des hommes politiques." 


Aurélie SARROT

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